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Parité : Sciences Po à l’arrière-garde - V. Soulé, Libéblog C’est classe ! 19 novembre 2012

jeudi 22 novembre 2012, par Mademoiselle de Scudéry

A Sciences Po, il y a la théorie et la pratique. En théorie,on enseigne les inégalités dûes au genre. En pratique, on les reproduit. Le feuilleton de la succession de Richard Descoings en a été une éclatante démonstration : pas une femme parmi les 4 candidats finalistes sélectionnés, il faut bien le dire, par des comités quasi exclusivement masculins issus eux-mêmes, pourquoi le cacher, de conseils très majoritairement virils ...

Commençons par le début : qui dirige Sciences Po Paris ?

Réponse : des hommes. Il suffit de regarder l’organigramme de la direction pour constater le désastre :
- les deux dirigeants suprêmes sont des hommes : le président de la FNSP (la Fondation Nationale des Sciences Politiques, qui gère Sciences Po) Jean-Claude Casanova et l’administrateur de la FNSP-directeur de l’IEP (Institut d’Etudes Politques) désigné Hervé Crès (qui n’a toujours pas été confirmé par l’Etat et qui pourrait ne pas l’être).

- juste en dessous d’eux, les responsables des 12 directions (scientifique, des ressources humaines, financière, etc) sont aussi des hommes à l’exception de 2 femmes : Nadia Marik, la veuve de Richard Descoings, directrice de la Stratégie et du Développement qui serait en partance, et Inge Kerkhloh-Devif, directrice de la Formation continue. On a une petite incertitude pour la direction de la Communication : Peter Gumbel, parti avant l’été, n’a pas été formellement remplacé. Mais ce sont des femmes qui font le boulot en attendant (un cas assez classique).

Toujours dans les hautes sphères de Sciences Po, on est allé voir du côté des comités divers et variés.

. Le comité des rémunérations par exemple, qui s’est rendu célèbre pour avoir distritué 290 000 euros de primes en 2011 à 10 hauts dirigeants, compte 7 membres dont 1 femme : Hélène Gisserot, procureure générale honoraire près la Cour de comptes.

. Le comité de sélection (des candidatures à la succession de Descoings) issu de la FNSP ne compte qu’1 femme sur 10, en toute logique : c’est à peu près la réplique du comité des rémunérations.

. Le second comité de sélection, issu de l’IEP, ne compte que des hommes. Là au moins c’est clair : on n’est même pas allé chercher de femme-potiche.

. Le conseil d’administration de la FNSP, présidé par Jean-Claude Casanova, est très viril - 8 femmes sur 35 membres.

. Le conseil de direction de l’IEP, présidé par Michel Pébereau, l’est encore plus - 3 femmes pour 24 hommes (soit un huitième des places pour le deuxième sexe).

En descendant d’échelon, on s’est dit, pleine d’espoir, qu’on allait trouver davantage de femmes. Bien que ce soit La Barbe de toujours devoir compter, on s’y est attelé. Et voilà le résultat :

- A la tête des centres de recherche, on a localisé 1 femme : Christine Musselin, directrice du CSO (le centre de sociologie des organisations), par ailleurs candidate recalée à la succession de Descoings... Les plus anciens se souviennent qu’il y a eu une femme à la tête du CEVIPOF (le centre de recherches politiques de Sciences Po).

- A la tête des 5 départements (Economie, Histoire, Science politique, Sociologie et Droit), on n’a trouvé que des hommes. Jusqu’à l’an dernier, il y avait une femme Nonna Mayer, qui co-dirigeait celui de Science politique avec un homme. Mais elle a été remplacée par un représentant du sexe fort.

- En additionnant, les directions de centres de recherche, d’écoles et de départements, on en reste donc à 15 directeurs pour 1 directrice.

- En descendant encore d’un échelon - les programmes de master -, on n’a pas trouvé mieux : 15 directeurs pour 1 directrice.
[…]
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Enfin, certains, interrogés lors de cette enquête, ont tenu à souligner qu’à Sciences Po, le fossé entre la pratique et la théorie ne concernait pas seulement la parité. Ils ont cité en vrac : le fonctionnement démocratique, le dialogue social, la transparence, etc.

Pour ne pas donner prise à des accusations de parti pris, il faut ajouter que les universités ne sont pas non plus des modèles du genre. Le nombre de femmes présidentes d’université a encore reculé avec les dernières élections. Et le ticket des trois présidents qui briguent la tête de la CPU (conférence des présidents d’université) est à 100% mâle.