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Universités : plus de concertation que de millions - Véronique Soulé, Libération, 18 septembre 2012

jeudi 20 septembre 2012, par Mariannick

La ministre de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, a présenté hier des mesures modestes sur les effectifs et la gouvernance.

Pour sa première rentrée universitaire, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Geneviève Fioraso a voulu marquer la rupture avec ses prédécesseurs. Loin des « effets d’annonce » de l’ère sarkozyste qu’elle a raillés durant toute sa conférence de presse, hier, elle a développé une vision - une université réhabilitée, plus juste socialement - et fixé de grands objectifs, mais sans faire miroiter de grands moyens, restrictions budgétaires obligent. Retour sur ces annonces modestes qui se veulent réalistes.

1 000 emplois en plus en 2013 dans les universités

François Hollande avait promis que sur les 60 000 postes créés dans l’Éducation durant son quinquennat, 5 000 iraient au supérieur. Sans surprise, la ministre a confirmé hier la création de 1 000 postes en 2013 - d’enseignants-chercheurs, de personnels de bibliothèques, d’assistants de langues étrangères… - qui iront essentiellement aux cursus de licence. Geneviève Fioraso a fait de ces premières années de fac, où l’échec est lourd, l’une de ses priorités. Il s’agit de renforcer l’encadrement des étudiants, souvent perdus venant du lycée, de multiplier les travaux dirigés (TD), d’encourager les innovations pédagogiques, etc.

C’est un mieux par rapport aux années précédentes, où l’on remplaçait tout juste les départs à la retraite. Mais cela reste peu par rapport aux attentes. Pour cette rentrée, on compte 18 000 étudiants en plus à l’université, notamment en première année, où les inscriptions augmentent (+3,2%) pour la quatrième année consécutive. Et cette tendance devrait se poursuivre.

Ensuite, les universités, dont une bonne moitié est en difficulté (onze sont dans le rouge, une quarantaine ont des fonds de roulement insuffisants), attendaient sans doute plus. Beaucoup s’estiment « sous-dotées » par le ministère en enseignants-chercheurs et doivent recruter des contractuels ou renoncer à proposer des cours en petits groupes. D’autres réclament des chercheurs. La ministre a promis un rééquilibrage « sans pour autant prendre à Paul pour redonner à Pierre ». Il faudra attendre les arbitrages budgétaires, fin septembre, pour voir si elle disposera d’une marge de manœuvre.

La démocratisation du supérieur relancée

Geneviève Fioraso veut relancer l’ascenseur social qui s’est grippé. Les jeunes de catégories favorisées sont surreprésentés dans le supérieur. A la fac, plus on monte de niveau, plus le décalage se creuse. « En doctorat, on ne compte plus que 4,6% d’enfants d’ouvriers contre 35,9% d’enfants de cadres, a-t-elle souligné. Et le dernier quinquennat a aggravé la situation en laissant les bacheliers technologiques et professionnels échouer à l’université faute d’un accompagnement. »

La ministre n’avance toutefois pas de recette miracle, d’autant qu’un meilleur encadrement passe par davantage de personnels et que Bercy est intraitable sur le sujet. Elle propose une mesure immédiate, mais pas simple à réaliser : réserver en priorité les 20 000 places qui restent vacantes à la rentrée dans les STS (sections de technicien supérieur) et les IUT (instituts universitaire de technologie) aux bacheliers pros et technos. Ces filières courtes et très encadrées leur étaient, à l’origine, réservées. Mais elles ont été peu à peu occupées par des titulaires du bac général fuyant les premières années de fac. Afin de limiter les échecs, l’orientation devrait être aussi améliorée et humanisée, « au-delà du clic sur le portail "admission postbac" » où les lycéens de terminale formulent leurs vœux .

Sur les conditions de vie étudiantes, la ministre n’annonce rien de spectaculaire. Elle réitère l’engagement présidentiel de construire 40 000 logements étudiants durant le quinquennat. Elle travaille par ailleurs avec sa collègue du Logement, Cécile Duflot, à un projet de caution solidaire, et avec Marisol Touraine, à la Santé, à la multiplication de centres de santé en tiers payant.

Un style moins autoritaire, plus de concertation

« Tous les milliards d’euros vendus et survendus [par ses prédécesseurs, ndlr], où sont-ils passés ? Moi je n’annonce pas de milliards mais je fais un travail de fond », a déclaré la ministre.

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