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Emplois à pourvoir : gouvernement français. Profil : technocrate PS ayant découvert avant-hier les ravages de la LRU. Expérience : si possible, responsabilités au sein de la CPU. Affiliation : groupe Marc Bloch (nota bene : ne pas confondre avec l’historien résistant, ce n’est qu’un Think Tank )

vendredi 1er juin 2012, par Victoire L’Étrange

Wikinominations.

Pour tout savoir sur la ministre Geneviève Fioraso : c’est ici

Son directeur de cabinet, Lionel Collet, c’est chez nos amis de SLR.

Pour tout comprendre du programme pour l’ESR qu’avait concocté son alter ego isérois, Michel Destot, et qu’il eût mis en œuvre s’il n’avait été coiffé au poteau pour cause de parité, c’est ici.

Parmi les autres membres du cabinet, nommé le 21 mai :


Jean-Richard Cytermann est directeur adjoint du cabinet, ce qu’il a déjà été au bon vieux temps de Claude Allègre, entre 1997 et 2000.
Responsable du groupe "enseignement supérieur" à l’IGAENR (Inspection générale de l’administration de l’Education nationale et de la recherche) depuis 2010, il est également président du conseil d’administration de l’Observatoire des sciences et techniques (OST) et professeur associé à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Voir ici la notice que lui consacre Éducpros et le programme de son séminaire à l’EHESS.

Champion toutes catégories du rapport officiel, il excelle à démontrer la cohérence des réformes universitaires, quel que soit le gouvernement qui les lance.

Cohérente, la mise en place des PRES, c’est ce qu’il disait dans un rapport de 2007, exposant qu’elle "correspondait à un besoin ressenti par toute la communauté concernée de mettre fin à l’émiettement territorial de la carte universitaire et de recherche". Cohérent, l’objectif de faire émerger dix pôles universitaires "visibles et compétitifs" expliquait-il en décembre 2001, dans un rapport sur les pôles de proximité et réseaux territoriaux d’enseignements supérieur.

Cohérente, la mise en place de l’AERES, c’est ce qu’il exposait au colloque Futuris : Les évaluations de l’AERES : Quels impacts ? Quels besoins nouveaux pour le système français de recherche et d’innovation ?, le 14 décembre 2011. On peut lire son intervention ici. Où l’on découvre qu’il était alors favorable à ce que l’AERES "exerce sa compétence en matière de validation des procédures RH" : "Il est notoire que la qualité de nos procédures de recrutement ou de promotion n’est pas partout conforme aux « standards internationaux de qualité. L’AERES peut jouer un rôle dans l’amélioration de la qualité de ces procédures".

En mars 2007, il avait rédigé un rapport sur la valorisation de la recherche qui dénonçait l’inefficacité économique de la recherche publique française. Le constat avait fâché le SNCS qui y voyait une manœuvre préélectorale ainsi que SLR. Les racines du "c’est chauffé et y a de la lumière", en somme.

Parmi les propositions de ce rapport, celle-ci, exposée devant la commission des affaires culturelles du sénat le 7 mars 2007 : " que les politiques indemnitaires des établissements puissent inciter les chercheurs à conduire des activités de valorisation et que soit introduite une possibilité de cumul entre rémunération sur contrat et primes. Pour les enseignants chercheurs, les obligations de service pourraient être modulées au cours du temps. " Tiens, ça rappelle quelque chose.

Enfin, récemment, Jean-Richard Cytermann a participé à un ouvrage qui, bien que sorti en avril 2012, est sans doute dans l’esprit de ses auteurs appelé à l’immortalité : L’université française, une nouvelle autonomie, un nouveau management. Un best-seller à venir ou un témoignage nostalgique pour les futures générations ?


Jacques Fontanille a été nommé conseiller Sciences humaines et sociales. Sa biographie est sur Éducpros.

Comme président de l’Université de Limoges, il a été l’un des premiers à faire passer son établissement aux compétences élargies… avant de le voir mis sous tutelle du rectorat pour cause de déficit en novembre 2011.

Avant de se découvrir opposé aux réformes pécressiennes, il a aussi mis en place tous les instruments nécessaires à une modulation des services dans son université, faisant recenser les non-publiants. En attendant le feu vert, il déclarait en mai 2011 : « Si les engagements ne sont pas respectés, il n’y a pas de sanction immédiate, mais il est vrai que le système repose sur une sorte de pression managériale continue. Ce n’est pas à moi de décider une modulation de services à la hausse de l’enseignement car, de toute façon, il faut l’accord de l’intéressé. Mais si des aides sont mises en place sans résultat, il faudra réfléchir, à terme, à trouver une solution. D’après l’évaluation de l’AERES [Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur] de cette année, nous sommes désormais à 62 % de publiants. Cela prouve bien que nous avions une vraie marge de progression. »

Comme vice-président de la CPU en charge de la commission recherche, il s’était inquiété de la disparition d’un certain nombre d’UMR à l’automne 2008, et du désengagement du CNRS notamment en SHS. Mais c’était aussi pour lui l’occasion d’exprimer quelques idées générales sur l’avenir du CNRS, en réponse à une demande du SNTRS : "en somme, il n’y a plus aujourd’hui pour les universités, d’intérêt à maintenir un organisme opérateur de recherche national entièrement généraliste", lançait-il. Quant au "besoin de recruter des chercheurs à temps plein, il ne durera qu’aussi longtemps que les universités ne pourront pas convertir un enseignant-chercheur en chercheur à temps plein. Mais dès qu’elles en auront la possibilité réglementaire (modulation des services) et financières (???), alors elles pourront même se passer en partie des affectations de personnel chercheur du CNRS".

Il s’est récemment prononcé contre la hausse des frais d’inscription dans les universités, la jugeant "indécente" (février 2012, Médiapart). Il faut bien être populaire quelque part.


Daniel Filâtre est conseiller en charge du premier cycle, de la formation des enseignants, de lorientation et de l’insertion. Sa biographie ici.

Il a été président de Toulouse-Le Mirail de 2006 à 2012 et ne s’est pas représenté en 2012. On peut lire un entretien où il revient sur son bilan ici.

Il a été président de la Commission de la pédagogie et de la formation continue au sein de la CPU de 2008 à 2010. C’est à ce titre qu’il avait accepté de diriger une commission mise en place par Xavier Darcos et Valérie Pécresse pour tenter une conciliation sur la réforme de la masterisation (commission Marois-Filâtre). En juillet 2009, celle-ci "explosait en vol" (voir blog de Sylvestre Huet, 10 juin 2009), le ministère ayant publié des décrets d’application sans en attendre la publication.
Sur la commission Filâtre, voir sur ce site, le texte du rapportici et le verbatim de la réunion de sa restitution ici.

Daniel Filâtre a préparé l’adhésion du Mirail au très controversé Idex-Toulouse, préparation discrète sinon secrète comme le dénonçait en décembre 2011 un élu Snesup au CA. Face à la contestation, aux dernières heures de sa présidence, il a dû suivre deux motions votées à l’unanimité au sein de son établissement et geler le dispositif, conformément aux positions exprimées par Jean-Michel Minovez et Bertrand Monthubert, présidents désormais élus des universités toulousaines.


Yves Lévy a été nommé conseiller spécial, en charge de la santé de du bio-médical. Professeur de médecine (PU-PH) à l’université Paris-Est-Créteil, responsable de la recherche vaccinale contre le VIH à l’Agence nationale de recherche sur le Sida (ANRS), il a fait partie de l’entourage de Vincent Peillon au cours de la campagne présidentielle.

SLU et SLR avaient fait sa connaissance lors de leur entrevue avec Vincent Peillon et son équipe où figurait aussi Lionel Collet, le 29 janvier 2011. L’excellence ? La recherche sur projets ? Des évidences, apparemment.


Et pendant ce temps là, à l’Élysée :

Jean-Yves Mérindol a été nommé conseiller enseignement supérieur et recherche à la présidence le 22 mai 2012. Sa biographie est disponible sur Éducpros.

Il s’est penché sur la manière dont "l’évaluation est arrivée dans l’université française" notamment sous l’impulsion de Laurent Schwartz avec la création en 1985 du Comité National d’Évaluation - dont il a été membre entre 2003 et 2005. C’était dans la Revue d’histoire moderne et contemporaine en 2008. Il y critiquait l’utilisation d’indicateurs type "indice (h)" pour l’évaluation individuelle des chercheurs, érigés en normes de performance propres à limiter la diversité des approches. Dans sa conclusion, il suggérait que l’AERES étant "poussée à industrialiser le processus d’évaluation, afin de pouvoir traiter dans un temps bref toutes les universités et écoles tous les quatre ans", ce devrait être aux établissements de procéder eux-mêmes à des auto-évaluations. Il suggérait finalement "qu’une démarche contractuelle s’ouvre entre l’AERES et les établissements, ceux-ci assurant la maîtrise d’ouvrage de l’évaluation et l’agence en assurant la maîtrise d’œuvre, afin de bien tenir compte des besoins et missions des uns et des autres".

On peut aussi écouter sa conférence sur le même sujet ("L’évaluation, pour qui ?") au colloque du Centre d’Alembert le 13 mai 2009, au cours de laquelle il semblait déplorer la décision de l’AERES de ne pas évaluer les maquettes des préparations aux agrégations de l’ENS Cachan, crise de la masterisation oblige. Argument : comme les normaliens ne se destinent pas majoritairement à l’enseignement secondaire, ces précieuses maquettes auraient tout de même dû être évaluées soit par l’AERES, soit par le ministère pour leur permettre d’ouvrir à la rentrée suivante.

C’est toujours en tant que directeur de l’ENS Cachan qu’il s’inquiétait le 25 novembre 2009 de la possible disparition de l’agrégation, avant d’obtenir une clarification de la part du ministère sur le statut des élèves normaliens.

Pour lire son analyse intitulée Quelques propositions sur la structure et la gouvernance des nouvelles universités, voir le blog de Jean-François Mela. C’est à la date opportune du 17 avril 2012 et c’est déjà quasi une proposition de loi.


Et pendant ce temps là, à Matignon :

Jean-Paul de Gaudemar a été nommé conseiller éducation et enseignement supérieur auprès du premier ministre le 21 mai. Sa biographie est disponible ici. Ancien recteur (d’Aix-Marseille en dernier lieu), ancien directeur de l’enseignement scolaire (2000-2004), ancien haut conseiller du directeur général du CNRS (1989-1991), il a quitté ses fonctions le 18 mars 2012, frappé par la limite d’âge.

Il fut un temps où il avait été nommé par Xavier Darcos pour conduire une mission sur la réforme du lycée. C’était en 2008 et Jean-Paul de Gaudemar devenait Monsieur réforme du lycée. Il en donnait les grandes lignes à Blog Educ du journal La Provence. Ah ! Le lycée modulaire ! La semestrialisation ! L’exclusion des Mathématiques et de l’Histoire-Géographie du tronc commun à partir de la première : Le Monde en parlait. Ça plaisait au SGEN et au SE-Unsa, mais ni au Snes ni aux sociétés de spécialistes - mauvais coucheurs les économistes quand même - comme le signalait Le café pédagogique.

Ça ne plaisait pas non plus aux lycéens, descendus nombreux dans la rue. Le projet fut bientôt effacé par les rapports Apparu et Descoings : tout le film à revoir sur le site de Fabula et de L’Étudiant.


Mais qui est donc le groupe Marc Bloch, dont les porte-parole officiels sont Axel Kahn et Lionel Collet ?

Son blog

Ses sept propositions sur l’Enseignement supérieur et la recherche sur le blog d’Antoine Bevort qui les tire du forum sgensup.