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Communiqué du SNTRS-CGT et de la CGT-INRA

vendredi 27 juin 2008, par Laurence

Face à l’hostilité des scientifiques, la Ministre entrouvre la porte sans
céder sur le fond

La ministre a reçu les syndicats de la recherche et de l’enseignement
supérieur, SLR et SLU. Elle a été contrainte de prendre en compte le succès
du blocage du CA du CNRS et le rejet du plan stratégique du CNRS par les
instances de l’organisme et les représentants des instances scientifiques et
les directeurs d’unité.

Dans sa déclaration liminaire, la ministre insiste sur le manque de
cohérence de l’organisation de la recherche. Elle déclare que les organismes
doivent évoluer pour mieux coordonner les recherches avec les universités.
Elle relève les craintes de la communauté scientifique à l’égard du contrôle
croissant de l’état sur les organismes. Selon elle pourtant, le plan
stratégique ouvrirait le débat et des perspectives. Sa politique repose sur
4 piliers : des universités autonomes, une recherche dynamique, une
recherche privée plus active et l’excellence scientifique. Elle agit pour
obtenir une baisse de la pression bureaucratique.
Le plan stratégique, insiste-t-elle, doit être signé avant l’été ; il fixe
le cadre permettant à l’état et aux organismes de s’engager dans la mise ne
œuvre concrète via les contrats d’objectifs. « Si le plan n’est pas signé
avant la fin de l’été, il sera impossible de s’engager » menace-t-elle. Elle
termine en affirmant la nécessité de préserver l’indépendance des
chercheurs, l’autonomie des organismes et de reconnaître à toutes les
disciplines une égale dignité.

La quasi-totalité des organisations présentes demandent le report à
l’automne du vote du CA du CNRS sur le plan stratégique. Elles réclament que
soit levé le blocage du ministère sur l’organisation de la recherche,
notamment sur la question des instituts nationaux. Elles demandent enfin
quelles sont les prévisions budgétaires et les perspectives d’emploi pour le
budget 2009.

Pour la CGT, la structuration en instituts préfigure le découpage du CNRS.
Elle demande du temps pour que les organismes débattent en interne de leur
organisation et la mise en place d’une concertation entre les organismes et
les universités pour organiser leur coopération. Les crédits de base des
laboratoires doivent être le financement normal de la recherche. L’emploi
statutaire doit être la norme. Le fonctionnement démocratique doit être
garanti.

La CGT a également dénoncé les tentatives similaires en cours dans la
recherche agronomique, en particulier pour l’INRA, avec la mission confiée à
Mr. Chevassus-au-Louis pour la création d’un consortium regroupant des
organismes de statuts différents (INRA- EPST, CIRAD-EPIC, grandes écoles).
Elle a informé la ministre du refus de toutes les organisations syndicales
de l’INRA de siéger au comité technique paritaire et de la motion adoptée
par celui-ci demandant de repousser toutes les consultations à l’automne et
de ne formuler aucune conclusion avant cette période.

Après une suspension de séance qu’elle a elle-même demandé, la ministre a
soudainement modulé son discours. Elle a affirmé que tous les champs
disciplinaires avaient leur place au CNRS à égalité de traitement, dans leur
intégrité ; les nouvelles structures auraient toutes vocation à être
chargées de missions nationales. Les instituts (ou autre désignation des
nouvelles structures) n’auraient pas de budget autonome. Leur directeur
serait nommé par la direction du CNRS, les suites de la structuration
dépendant de la communauté. Elle a dénoncé les interprétations qu’auraient
données les journalistes de ses déclarations. Le CA prochain devrait se
déterminer sur ces principes généraux, et le CA de l’automne se
prononcerait sur les points concrets liés au contrat d’objectif.

Elle a annoncé la création d’un groupe de travail chargé de réfléchir à la
concrétisation des propositions du rapport d’Aubert et à la manière dont on
bâtit le partenariat. Elle est, ajoute-t-elle favorable à un institut SHS.

Concernant l’INRA, Mme Valérie Pécresse a répondu que la mission confiée à
M. Chevassus-au-Louis n’est qu’une mission de réflexion. La CGT lui a fait
remarquer que dans le texte qui accompagne cette lettre de mission, il est
mentionné « les fusions rapides des établissements de statuts différents ne
sont pas envisagées dans un premier temps (sic) ». Mme Valérie Pécresse
indique qu’elle allait se concerter avec M. Michel Barnier, Ministre de
l’Agriculture et co-signataire de la lettre de mission, pour repousser la
date butoir du 30 juillet afin qu’une réelle discussion puisse s’engager.

Sur les financements, elle a souhaité un équilibre entre l’ANR et les
budgets des organismes. Elle a annoncé une réflexion sur les moyens donnés
aux organismes pour arriver aux objectifs fixés. Sur l’emploi, elle a refusé
tout plan pluriannuel de création d’emplois. L’explosion de la précarité
serait due selon elle à la résorption des libéralités. Quant aux départs à
la retraite, qui selon elle s’accélèrent, elle ne se prononce pas sur leur
remplacement par des emplois de titulaires ; elle mettra l’accent sur les
revalorisations des carrières. Les commissions Schwartz (pour l’université)
et Hofmann (pour les EPST) vont remettre leur rapport sur les statuts des
personnels. Des négociations suivront.

Mme Pécresse n’a pas levé nos craintes sur l’avenir du CNRS. Elle a évité
la question des instituts nationaux et celle du rôle de coordination
nationale du CNRS. Elle a repoussé au 1er octobre les réponses sur les
financements des organismes et sur les créations d’emploi, ne prenant aucun
engagement à cet égard. Elle a réaffirmé l’importance du financement par
contrats. Les statuts des personnels sont menacés.

Pour toutes ces raisons, le SNTRS-CGT et la CGT-Inra appellent les
personnels à rester mobilisés. Si les dispositions concernant l’organisation
du CNRS restent en l’état, ils appelleront les personnels à bloquer de
nouveau le prochain CA.

Villejuif, le 26 mai 2008