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Campagne Prime d’excellence scientifique. Lettre ouverte au président du CNRS et au directeur de l’Institut des Sciences humaines et sociales

vendredi 10 février 2012

Lettre ouverte à Monsieur Fuchs, président du CNRS et à Monsieur Bourdelais, directeur de l’Institut des Sciences humaines et sociales.

Paris, le 6 février 2012

Monsieur le Président,
Monsieur le Directeur,

Chercheuses et chercheurs CNRS des centres de recherche de l’École des
hautes études en sciences sociales, nous avons pris connaissance du
lancement de la campagne 2012 relative à ladite « prime d’excellence
scientifique » (PES).

Le temps n’ayant nullement érodé nos convictions, nous demeurons fermement opposés à ce système de rémunération injuste et nuisible au fonctionnement serein des équipes et donc à la qualité de la recherche dans notre pays.
Il dénature et entrave l’objectif de revalorisation des traitements et des
carrières de l’ensemble des chercheurs CNRS, notamment des débuts de
carrière, ainsi que de leurs collègues ingénieurs, techniciens et
administratifs. Il est particulièrement choquant pour les travailleurs
précaires de la recherche et de l’enseignement, le montant de cette prime
pouvant à bon droit être reçu par eux comme une insulte.

Nous ne contestons pas seulement la forme de cette « campagne », même s’il
y aurait beaucoup à dire sur des modalités d’attribution arbitraires et
opaques de la PES, mais son principe : cette prime dégrade l’image que
nous nous faisons de notre métier et du service public de la recherche et
de l’enseignement. Au regard de l’activité éminemment collective qu’est la
recherche, ces primes contribuent artificiellement à individualiser des
mérites qui ne le sont guère. En introduisant des écarts de rémunérations
toujours plus prononcés entre les agents du service public, elles
véhiculent une gestion managériale de l’enseignement et de la recherche à
l’opposé de la conception du service public à laquelle nous sommes
attachés. C’est pour les mêmes raisons que les sections du comité national
de l’INSHS ont refusé d’évaluer les demandes de PES.

Nous refusons par conséquent de participer à cette procédure et appelons
tous nos collègues à refuser de cautionner un tel processus
d’individualisation concurrentielle des rémunérations, dont la PES n’est
malheureusement pas la seule modalité. Dans l’immédiat, nous vous
suggérons d’affecter les ressources que vous voulez consacrer à la PES aux
crédits récurrents des unités, qui sont en diminution.

Nous aimons notre métier et nous n’avons pas l’intention d’en changer en
nous faisant acheter, fût-ce au nom de l’ « excellence », mot fétiche du « new public management » et prétexte à la mise en concurrence sauvage de
tous contre tous.

Veuillez croire, Monsieur le Président, Monsieur le Directeur, à notre
détermination.

Catherine Alès (GSPM), Luc Arrondel (PSE), Philippe Artières (IIAC), Emma
Aubin-Boltanski (CEIFR), Michel Barthélémy (CEMS), Bernard Barraqué
(CIRED), Irène Bellier (IIAC), Laure Béreni (CMH), Marc Bessin (IRIS),
Christophe Bonneuil (CAK), Thierry Bonnot (IRIS), Véronique Boyer (CERMA),
Pascal Buresi (CIHAM), Maurice Cassier (CERMES), François Denord (CSE),
Marie-Elizabeth Ducreux (CRH), Julien Duval (CSE), Benoît Fliche
(CETOBAC), Elie Haddad (CRH), Minh Ha-Duong (CIRED), Nicolas Jaoul (IRIS),
Marie Ladier-Fouladi (CADIS), Sara Le Menestrel (CENA-MASCIPO), Amélie Le
Renard (CMH), Benoit de l’Estoile (IRIS), Dominique Linhardt (GSPM),
Frédéric Lordon (CSE), Catherine Maire (CESPRA), Claire Manen (TRACES),
Dominique Marchetti (CSE), Denis Matringe (CEIAS), Patrick Michel (CMH),
Marika Moisseeff (LAS), Claire Mouradian (CERCEC), Catherine Neveu
(Laios-IIAC), Albert Ogien (CEMS), Waltraud Paul (CRLAO), Thomas Perrin
(CRPPM), Sophie Pochic (CMH), David Pontille (IIAC), Philippe Quirion
(CIRED), Juliette Rouchier (GREQAM), Alessandro Stella (CRH), Stéphanie
Tawa Lama-Rewal (CEIAS), Sophie Wahnich (Laios-IIAC)