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Les arguments frelatés de Terra Nova pour achever les organismes de recherche - Henri Audier, blog sur EducPros, 19 septembre 2011

mardi 20 septembre 2011, par Elie

Du rapport de Terra Nova sur l’enseignement supérieur et la recherche (ES-R) - dont nous avons déjà analysé certains éléments dans l’article « Terra Antiqua » - 99 % des gens n’ont retenu que la proposition « provocatrice » d’augmenter les droits d’inscription, sans même d’ailleurs noter qu’elle s’accompagne de la proposition d’une allocation d’autonomie. Mais 99 % des lecteurs n’ont pas remarqué, non plus, que ce texte propose tout simplement d’achever les organismes de recherche.

- Le progrès des connaissances ne se réduit pas à leur transmission

Quand on entre dans l’entité complexe qu’est la recherche par une seule porte, on arrive nécessairement à des aberrations. La droite y entre par l’innovation, Terra Nova par l’enseignement du premier cycle. Or, si progrès et transmission des connaissances doivent être intimement liés, il ne s’y réduit pas. De plus, nombre de recherches finalisées, technologiques ou industrielles, n’ont qu’un recouvrement faible voire très marginal avec l’enseignement : on n’a pas créé le CEA pour enseigner l’atomistique. Et c’est aussi le cas de la plupart des organismes finalisés (INRA, CNES etc.). Même au CNRS, qui ne représente qu’autour de 7 % des dépenses de recherche françaises, certains pans de recherches ont bien davantage de recouvrements avec l’industrie qu’avec l’enseignement.

Affirmer : « l’Université, dont la vocation première est de rassembler l’universalité des champs du savoir, doit être le centre du système d’enseignement supérieur et de recherche », est non seulement réducteur mais aussi obscurantiste, même s’il est souhaitable que l’université joue, à l’avenir, un plus grand rôle dans la recherche, notamment via des partenariats plus équilibrés avec les organismes.

- 95% des moyens du CNRS vont dans les universités

Cette erreur de parallaxe entraîne, volontairement ou pas, une énorme erreur de calcul quand le rapport affirme : « Les grands organismes mobilisent 80% des moyens budgétaires de la recherche ». Pour que cela soit vrai, il faudrait compter tous les EPST, mais aussi le CEA, le CNES, l’IFREMER, les aides au privé et, pourquoi pas, la recherche militaire !

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