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Valérie Pécresse précise les contours de la nouvelle licence universitaire, Philippe Jacqué, Le Monde, 22 juin 2011

mercredi 22 juin 2011, par Sylvie

C’est peut-être la dernière réforme que Valérie Pécresse mènera au ministère de l’enseignement supérieur. Alors que son nom circule pour succéder à Christine Lagarde au ministère de l’économie, la ministre a présenté, mercredi 22 juin, les orientations définitives de la nouvelle licence universitaire.

Comme elle l’avait annoncé dès janvier dans Le Monde éducation, la ministre souhaite à la fois améliorer les exigences académiques, personnaliser les parcours des étudiants et améliorer la professionnalisation de ce diplôme.

Dans ce cadre, la réforme prévoit d’imposer "un seuil minimal de 1500 heures sur l’ensemble du cursus". Chaque année, les universités devraient donc offrir un minimum de 500 heures de cours aux étudiants. Selon le comité d’orientation de la licence, les établissements offrent aujourd’hui en moyenne 1432 heures de cours pour les trois ans d’une licence de sciences humaines, 1548 heures pour une licence de droit-économie-gestion et 1745 heures en sciences dures. La réforme devrait donc bénéficier le plus largement aux licences de sciences humaines.

VERS DES PARCOURS DIFFÉRENCIÉS

Au-delà des horaires, le nouvel arrêté de la licence mettra également en place dans chaque diplôme un "socle pluridisciplinaire" minimum en première année. Il reconnaîtra aussi les initiatives prises par les universités depuis une dizaine d’années : les doubles-licences, les licences pluridisciplinaires, etc. "Le nouveau texte listera les bonnes pratiques et laissera un certain nombre de libertés aux universités d’innover au niveau de la licence", précise la ministre.

Dans le même temps, les étudiants pourront "évaluer leurs enseignements", une mesure déjà possible, mais qui n’est jamais vraiment entrée dans les mœurs universitaires françaises.

Afin d’améliorer la personnalisation des cursus étudiants, les universités seront encouragées à mettre en place des parcours différenciées, menant au même diplôme. Ainsi, "dans la continuité du plan de réussite en licence, les dispositifs d’accueil, de soutien ou de tutorat seront proposés aux étudiants les plus fragiles", défend Valérie Pécresse. "Pour ceux qui en ont le désir [généralement les meilleurs étudiants, NDLR], des parcours renforcés seront proposés : bi-licences, cycles préparatoires aux écoles, etc."

Enfin, pour rendre plus lisibles les licences pour monde professionnel, des référentiels seront élaborés. "Ces référentiels fixeront les objectifs de la formation, déclineront les compétences disciplinaires, transversales et pré-professionnelles que doivent acquérir tous les diplômés et indiqueront ce qu’implique la réalisation de ces objectifs en matière d’enseignements, de méthodes pédagogiques et d’évaluation des étudiants".

MÉNAGER LA CHÈVRE ET LE CHOU

Avec cette proposition, la ministre ménage la chèvre et le chou. Aux universités, le ministère promet un cadrage national de la licence relativement souple les laissant proposer ce qu’elles entendent (comme les collèges de droit ou les bi-licences). Bref, un certain respect de leur autonomie.

Aux étudiants, le même ministère promet la poursuite de la validation a priori des licences, ainsi qu’un cadrage strict sur les horaires et des "garanties" sur les questions de notation. La compensation des notes au sein d’un même semestre, et d’un semestre à l’autre devraient rester possibles. Ce point est notamment défendu par l’UNEF. Si la ministre s’est toujours dite favorable au contrôle continu dans les universités, elle n’entend pas le rendre obligatoire dans la nouvelle licence, un casus belli pour la première organisation syndicale.

Au sein du ministère, on estime qu’un "certain équilibre" est préservé dans la réforme pour contenter la majorité des organisations, même si les critiques ne devraient pas manquées. Le texte du projet d’arrêté, présenté le 30 juin, sera étudié pour déterminer comment ces annonces ministérielles sont traduites juridiquement.

COMMENT FINANCER LA RÉFORME ?

Reste encore une inconnue de taille. Comment sera financer cette réforme ? Comment augmenter les horaires en sciences humaines, sans augmenter les moyens humains ? "Aujourd’hui, répond Valérie Pécresse, 30% des licences accueillent moins de 50 étudiants. Les universités devront notamment mutualiser des enseignements sur la part socle multidisciplinaires dans les premières années". Le ministère devrait également pousser à la rationalisation, pour ne pas dire la baisse, de l’offre de licences.

Par ailleurs, il existe une incertitude sur la date de mise en œuvre de la réforme. La ministre l’annonce pour la rentrée 2012. Or, les moyens supplémentaires, s’il devait y en avoir, seront délivrés dans le cadre des contrats quinquennaux qui lient l’Etat aux universités.

Chaque année, l’Etat boucle des contrats de cinq ans avec environ une vingtaine d’universités. La question qui se pose est donc de savoir si toutes les universités devront ou pas appliquer la nouvelle réforme à la rentrée 2012 ou si les universités devront attendre les moyens afférents. Si elles sont poussées à le faire dès septembre 2012, les universités ne devraient pas faire de zèle pour mettre en place une réforme à quelques mois des élections et d’un hypothétique changement de majorité.

Philippe Jacqué

Sur le site du MESR