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Discrimination ordinaire dans l’évaluation de la recherche - Le Nouvel Obs (le Plus), 22 mai 2011

dimanche 22 mai 2011, par Laurence

Le 5 mai, un document a été publié par l’Agence d’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (AERES), qui décrit la manière dont les notations des laboratoires sont effectuées par cette agence. Et ce document vient confirmer ce qui m’avait été rapporté par plusieurs chercheurs dont les laboratoires ont été évalués : l’agence met en place une pratique directement discriminatoire, et cela manifestement sans été d’âme puisqu’elle est mentionnée sans complexe dans le document diffusé.

Je ne m’étends, pas, ici, sur l’ensemble des pratiques controversées de cette agence, à commencer par le principe même d’une notation des laboratoires (A+, A, B, C... on se croirait à la maternelle), qui a été dénoncé par la coordination des responsables des instances scientifiques du CNRS. Le problème du jour, c’est la manière de "mesurer" l’attractivité d’un laboratoire. Pour obtenir la meilleure note pour ce qui concerne l’attractivité, il faut que le laboratoire "attire des chercheurs étrangers de haut niveau et accueille de manière très significative des docs et postdocs avec leur financement, en provenance de l’Europe de l’Ouest, d’Asie, d’Amérique du Nord (alt. Des pays développés)." Au moins, les choses sont claires : si un jeune chercheur russe, congolais, brésilien, peut-être même chinois, veut venir travailler dans votre labo, ça ne veut pas dire qu’il est attractif, comprenez ces gens sont peu développés, ils vont là où il y a de la lumière et c’est chauffé, c’est tout... En revanche, si un anglais vient, c’est que forcément vous êtes bons pour avoir réussi à l’accueillir.

Amusons-nous un peu à tester cette approche sur des cas de chercheurs de mon domaine, les mathématiques.

Maxim Kontsevich est un mathématicien russe, qui a obtenu de nombreux prix comme la médaille Fields ou le Prix Crafoord. Il est actuellement professeur permanent à l’Institut des Hautes Etudes Scientifiques, après avoir fait une thèse en Allemagne. C’est une chance immense d’avoir su attirer un chercheur de ce talent, comme nous l’avons fait pour de nombreux autres.

Artur Avila est un mathématicien brésilien, qui passe son temps entre la France, où il est directeur de recherche au CNRS, et le Brésil, où il travaille à Rio. Il a été conférencier plénier au Congrès International de Mathématiques, en 2010. Il fit sa thèse à l’IMPA, un centre de recherche avec lequel de nombreux français collaborent, comme Jean-Christophe Yoccoz, lauréat de la Médaille Fields, professeur au Collège de France, qui siégea dans le jury de thèse d’Avila et le fit venir en France après sa thèse.

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