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AERES : un palmarès, une pipe. Et réciproquement - blog Affordance.info, 12 janvier 2011

mardi 18 janvier 2011, par Laurence

Ayé. L’AERES (agence d’évaluation de la recherche) vient de publier le résultat de 4 années de travaux. Cela s’intitule : "Analyses régionales des évaluations réalisées entre 2007 et 2010." Sobre.

Jean-François Dhainaut, personnage controversé et grand gourou de ce grand machin-chose, affirme que "Ce n’est pas un palmarès". Certes. Surtout quand on sait que "Ceci n’est pas une pipe".

Bon ben j’ai tout lu. Oui je sais je suis un grand malade. Je me suis particulièrement attaché à lire en détail la partie concernant l’académie de Nantes (qui est aussi l’université qui m’emploie pour l’instant). Et j’ai ainsi pu avoir la confirmation qu’il ne s’agissait effectivement en rien d’un palmarès, pas davantage d’une mise en concurrence des universités, non non non Madame, non Monsieur, puisqu’on peut y lire par exemple, ceci (je souligne) :

Les masters

Dans l’académie de Nantes, les notes attribuées aux masters SHS par l’AERES sont globalement en dessous de ce que l’on pourrait attendre. Seules 20 mentions sur 45 ont obtenu un A et moins de la moitié des spécialités. Ce résultat global ne doit pas masquer les disparités entre établissements. Les 2 plus petits tirent l’ensemble vers le bas : moins de 38 % des mentions à Angers et moins de 29 % au Mans ont été notées A. Dans cette dernière université, seule une spécialité sur 3 obtient la meilleure note. (...)

Ou encore ceci (je souligne) :

"Globalement, les résultats de l’évaluation de la recherche en SHS dans l’académie de Nantes sont de bonne qualité : plus de la moitié des unités évaluées ont obtenu la note A (soit 12 % de plus que le niveau national). Il faut toutefois souligner l’absence complète de notes A+. Le taux de notes B et C est dans la moyenne nationale."

Le tout assorti de splendides infographies qui là encore se gardent bien de toute tentative de palmarès en classant les universités et/ou secteurs disciplinaires et/ou laboratoires de recherche du meilleur au plus mauvais.

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Graphique 1

(çui-là, de graphique de l’académie de Nantes, ça va encore, mais y’en a d’autres - académies et universités - dans lesquelles on va bientôt voir se multiplier les demandes de mutation ou les tentatives de vol en apesanteur depuis la fenêtre du troisième étage)

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Graphique 2

Dans cet exemple ci-dessus, on voit bien par exemple qu’il est très pertinent de faire partie de l’une des écoles doctorales des universités d’Angers et du Mans. On voit bien aussi qu’il est parfaitement impossible d’établir un palmarès de la meilleure offre universitaire en Master dans l’académie de Nantes.

Tout le reste est à l’avenant. Alors bien sûr un tel document synthétique de 598 pages sera utile au politique et il lui est même - peut-être - nécessaire pour "se faire son idée", et puis c’est du sérieux hein, du lourd, "10 000 évaluations par plus de 4500 experts français et internationaux." Voilà voilà voilà. Mais qu’entend-je ? Il se murmure que beaucoup des fameuses evaluations ont été réalisées par les laboratoires eux-mêmes ? Y’en-a-qui-disent-que la plupart des tableaux concaténés par l’AERES étaient déjà disponibles dans les services administratifs des universités concernées ? On murmure que l’AERES a mis au chômage d’autres grands machin chose (çui-là, çui-là aussi, et encore plein d’autres). On sous-entend que munis de si nets et définitifs palmarès indicateurs, le pouvoir politique en place (ou les universités autonomes, ce qui est la même chose, ces dernières ne servant in fine que l’intérêt du premier) on sous-entend, disais-je, que le pouvoir politique en place ne sera pas tenté de supprimer les formations les moins bien notées performantes. Toujours plus pour les plus grandes (pôles d’excellence et tutti quanti) et toujours moins pour les plus petites. Libéralisme programmatique.

On me chuchote aussi à l’oreille que mobiliser "4500 experts français et internationaux" pour constater que les universités les plus riches / importantes sont celles qui tirent le mieux leur épingle du jeu, c’est un peu comme demander à Marc Toesca de présenter à nouveau le Top 50 : c’est tout à fait possible mais est-ce vraiment nécessaire ??

A lui seul, et si vous n’avez pas le temps et/ou le courage de vous cogner la lecture des 598 pages, le communiqué de presse fourmille de révélations toutes plus inédites les unes que les autres. On y découvre en effet que :

une relation très forte existe entre la qualité de la recherche et celle des masters et inversement

Pour lire la suite

c’est vrai. Il existe également une relation très forte entre l’intensité de la pluie qui tombe et le degré d’humidité des vêtements portés par ceux qui sont dessous lorsqu’elle tombe.