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Valérie Pécresse réplique à Terra Nova - S. Huet, Sciences2, 26 novembre 2010

vendredi 26 novembre 2010, par Mathieu

Sciences2 a publié le 23 novembre une analyse au canon d’un haut-fonctionnaire anonyme sur le budget de la recherche et de l’enseignement supérieur. Publiée antérieurement par Terra Nova, elle n’avait alors pas suscité de réaction de Valérie Pécresse.

J’ai reçu hier un coup de fil de son cabinet, m’indiquant qu’une réaction officielle du ministère allait être faite. Je la publie intégralement ci dessous. Peut-être que l’auteur de l’analyse publiée par Terra Nova voudra à son tour riposter à cette défense vigoureuse. Les colonnes de sciences2 lui sont ouvertes.

Dans la série Valérie Pécresse polémique, il y a aussi celle avec Bertrand Monthubert sur les cellules souches embryonnaires, publiée hier.

Le texte du ministère est aussi disponible ici en pdf. Le voici :

Budget de l’enseignement supérieur et de la recherche : la vérité des chiffres

Ce document est rédigé d’une façon qui fait honte à ses auteurs : fautes de français, fautes de frappe, fautes de style, fautes de calcul s’y accumulent. Note de SLU

Les arguments développés par Terra Nova sur le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche ne résistent pas à l’analyse : l’enseignement supérieur et la recherche sont bel et bien la priorité budgétaire du quinquennat au travers d’un engagement massif : moyens budgétaires « classiques » inédits, opération campus de rénovation immobilière et programme de recherche par le biais des investissements d’avenir. Terra Nova exclut arbitrairement tout un plan du budget pour les besoins de sa cause. Cette mutilation volontaire du budget est manifestement faite pour les besoins de la cause. C’est au prix de beaucoup d’acrobaties que terra Nova réussit réussir à faire une analyse bien loin de la réalité

9 milliards d’euros pour l’enseignement supérieur et la recherche : l’engagement est bel et bien tenu

La partie de la note consacrée à l’augmentation de 9 milliards d’euros du budget de l’enseignement supérieur et de la recherche offre un exemple frappant des acrobaties de Terra Nova. Pour les besoins de sa démonstration, Terra Nova (i) tente de créer le doute sur la réalité des « moyens budgétaires classiques » qui sont pourtant incontestable, ii) nie l’importance du CIR en faveur de la recherche, et l’effet déterminant des engagements en faveur des PPP pour assurer la rénovation immobilière.

Des moyens budgétaires « classiques » mis en doute, alors qu’ils sont incontestables

Terra Nova essaye de mettre en doute l’effectivité de l’effort en faveur de l’enseignement supérieur et de la recherche en s’appuyant sur la distinction entre autorisation d’engagement et crédits de paiement. La réalité est toute autre : l’écart entre engagements et crédits payés est extrêmement faible (+ 4,387 Md€ en crédits de paiement sur 2007-2012 ; + 4,411 Md€ en autorisations d’engagement).

Sur les 5 années 2007-2012, les moyens de l’enseignement supérieur et de la recherche progressent de 4, 411 Mds€, soit + 21% d’augmentation des crédits budgétaires sur 2007-2011. Rappelons pour mémoire que sur les 7 années du mandat 1997-2002, les moyens budgétaires avaient progressé de 17%.

Derrière ces chiffres figurent des réalités tangibles : augmentation de 20 % en moyenne des moyens des universités, 280 M€ pour un chantier de revalorisation des carrières (avec des augmentation de 12 à 25 % des rémunérations en début de carrière par exemple), un 10ème mois de bourses pour les étudiants, des chantiers immobiliers avancés en temps et en heure, ce qui ne s’était jamais produit jusqu’ici…..

Un crédit impôt recherche exclu par principe alors même que son efficacité est reconnue :

Terra Nova écrit ainsi : « bien entendu, le CIR finance de la recherche privée qui est un des points faibles de la France » auquel il n’est au fond reproché qu’une seule chose : « le CIR préexistait à la promesse de 2007 » (p.4).

C’est oublier qu’à la suite de l’élection de Nicolas Sarkozy, le CIR a été triplé, faisant ainsi de la France le pays le plus attractif d’Europe en matière d’innovation. Il n’y a donc aucune raison rationnelle d’exclure les 3,4 milliards d’euros d’effort supplémentaire en faveur de l’innovation, sauf à considérer, par principe, que la recherche privée n’est pas de la recherche.

Les résultats sont là : grands groupes ayant choisi d’installer leur R&D en France sont ainsi passés de 34 à 51. De plus, les dépenses des entreprises en R&D ont résisté à la crise.

Des partenariats-publics privés passés sous silence :

Pour minorer l’effort exceptionnel accompli en faveur de l’enseignement supérieur et de la recherche, Terra Nova conteste les engagements pris en faveur des partenariats publics-privés, et notamment ceux de l’Opération Campus, oubliant ainsi au passage (p.3 et 4) que lorsque l’Etat passe un contrat avec un partenaire privé, il s’oblige juridiquement et s’engage budgétairement.

Les opérations immobilières, même lorsqu’elles sont de long terme, ont donc un impact budgétaire immédiat. Contrairement à ce que semble croire Terra Nova, on ne peut pas transformer le paysage universitaire pour les 20 ou 30 années sans augmenter dès aujourd’hui les budgets.

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