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"CNRS - Les chercheurs font leur Academic Pride"

par Romain Katchadourian, "France Soir" 27 mai 2008

mardi 27 mai 2008, par Laurence

A l’appel de nombreuses associations scientifiques et de syndicats, les chercheurs seront dans la rue aujourd’hui pour la première édition de l’Academic Pride.

La science est une priorité du gouvernement et il le prouve. Le budget de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche de 2008 a augmenté de 1,8 milliards d’euros, soit une hausse de 7,8 % en un an et il est même prévu qu’il augmente de 50 % en cinq ans. Au vu de ces chiffres, on comprend mal les revendications des chercheurs. Mais derrière ces bons chiffres se cachent en réalité des réformes qui, estime la communauté scientifique, se font bien souvent contre elle.

Les subventions de l’Etat accordées aux établissements publics scientifiques progressent d’environ 4 %. Mais cet argent ira à des projets ciblés et jugés prioritaires. Or c’est ce choix des disciplines qui pose problème. Ainsi « l’Etat privilégie des thématiques de recherches au détriment d’autres », s’indigne Bertrand Monthubert, mathématicien et président de Sauvons la recherche (SLR), interrogé par France-Soir. « Pour fonctionner correctement, la recherche a besoin de tous les savoirs. Ce n’est pas en se focalisant sur un projet que celui-ci va forcément aboutir. Les progrès ne peuvent pas être anticipés et les avancées viennent parfois de là où on ne les attend pas. »

Le rôle des entreprises

On pourrait également citer l’exemple de l’Agence nationale de la recherche (ANR) qui voit ses crédits augmenter de 16 % passant à 955 millions d’euros. Créée en 2006, elle permet à l’Etat avec des entreprises privées de co-fiancer des projets sous certaines conditions. Parmi elles, les dossiers retenus doivent impérativement répondre à « une pertinence économique pour les entreprises » et « ne doivent pas excéder une durée de quatre ans ». Ces obligations, pour Bertrand Monthubert, sont contraires à la mission principale de la recherche : « Une discipline ne doit pas être légitimée par l’intérêt financier qu’elle représente. » Il rappelle également que les délais imposés sont trop courts, un projet mettant au moins une dizaine d’années pour aboutir. Pour ne pas excéder une durée de quatre ans, il faudrait que l’objet de recherche soit déjà bien avancé lorsqu’il sollicite l’ANR. Mais alors comment lancer un projet si l’on n’a pas les fonds nécessaires.

Enfin les chercheurs vont battre le pavé demain pour dénoncer le démantèlement du CNRS au profit de huit entités autonomes, hermétiques les unes aux autres, détruisant la pluridisciplinarité de ce centre mondialement reconnu.

Edition France Soir du mardi 27 mai 2008 n°19807 page 10