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Les facs bricolent pour perpétuer les stages « hors cursus » - Léa Lejeune, Rue89, 4 octobre 2010

mardi 5 octobre 2010, par Laurence

Depuis le 1er septembre, un décret interdit les stages dits « hors cursus » pour mettre fin aux dérives. Des universités se sont déjà organisées et proposent des formations aux titres pompeux, vides de contenu, mais pourvoyeuses des précieuses conventions recherchées par les étudiants.

« Ce décret est complètement injuste, peste Coralie [les prénoms des étudiants interrogés ont tous été changés, ndlr], étudiante en communication. Je termine mes études, je n’ai pas trouvé d’emploi, je suis bloquée, rien de possible à partir du 1er octobre. »

Entré en vigueur le 1er septembre, le décret d’application de la loi du 24 novembre 2009 -relative à l’orientation et à la formation et qui interdit les stages « hors cursus » - frappe de plein fouet les étudiants en fin de cursus qui, depuis ce vendredi 1er octobre, ne peuvent plus bénéficier des conventions de l’année universitaire 2009-2010.

En clair, les universités françaises ne sont plus autorisées à délivrer des conventions de stages qui ne sont pas en rapport avec le contenu de la formation proposée.

Ce décret doit lutter contre plusieurs dérives bien connues :

- les inscriptions à des cours fantômes de catalan, dans le but de décrocher une convention ;
- les organismes privés, qui moyennant finances, permettaient eux aussi d’obtenir une convention, vont eux également perdre des clients ;
- et toutes les aléatoires combines à tiroirs des étudiants.

Julien Bayou, président de Génération précaire, pour qui ce décret n’est pas suffisant, explique que les universités elles-mêmes profitent du système :

« Elles se rémunèrent sur les frais de scolarité et les étudiants supplémentaires lui permettent de bénéficier d’une plus grosse dotation de l’Etat.

Même l’université Dauphine [à Paris, ndlr], de bonne réputation, a dû développer son système de stages. L’an dernier, ses étudiants fuyaient pour le DU de la Sorbonne ! »

Une procédure durcie

Il y a un an, Julia avait pu continuer à travailler dans une radio nationale grâce à une convention fournie par Paris VIII :

« J’avais appelé le secrétariat, été honnête sur ma requête : la formation ne m’intéresse pas, seulement le bout de papier.

On m’avait alors répondu : ce n’est pas un problème, vous n’avez pas besoin de vous inscrire, vous paierez seulement les frais de la convention. »

Désormais, cette passerelle n’existe plus. Paris VIII propose des parcours avec stages intégrés, comme la Licence information et communication. Avantage ? Trois mois de stage prévus. Mais pour être sélectionné, il faut avoir postulé avant le mois de juin de l’année précédente.

Même son de cloche à la Sorbonne IV où une secrétaire avoue qu’il « y avait beaucoup d’étudiants qui ne s’inscrivaient que pour un stage de plusieurs mois. La procédure a été durcie ».

« On a diffusé une “alerte générale” dans tous nos UFR suite au décret. Certaines demandes de convention ont été mises en attente, le temps que les directeurs de formation se prononcent », explique Michel-Henri Gensbittel, chargé de l’insertion professionnelle.

Dimitri a connu de nombreux déboires avant d’obtenir son sésame : pour lire la suite