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Un système scolaire « trop uniforme » selon la Cour des comptes - par Louise Fessard, Mediapart, 12 mai 2010

jeudi 13 mai 2010, par Elie

Le rapport de la Cour des comptes intitulé « L’éducation nationale face à l’objectif de la réussite de tous les élèves », présenté mercredi 12 mai, repose sur des constats et des chiffres pour la plupart déjà connus. Mais leur compilation au sein d’un rapport, rédigé au terme de deux ans d’enquête auprès de spécialistes, dans 60 établissements de six académies (Aix-Marseille, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Orléans-Tours, Montpellier, Paris et Versailles) et dans trois pays étrangers (Suisse, Royaume-Uni et Espagne), dresse un tableau accablant du système scolaire français.

Le constat d’échec se base sur les résultats des enquêtes internationales Pisa, qui évaluent tous les trois ans les connaissances et les compétences des jeunes de 15 ans de 30 pays de l’OCDE : parmi ses homologues, le système scolaire français se singularise par un écart particulièrement élevé entre ses meilleurs élèves et ses plus faibles. « Les comparaisons internationales de l’OCDE entre élèves de quinze ans ne révèlent pas un problème global du système éducatif français, mais un problème aigu, spécifique, et croissant de traitement de la difficulté scolaire », précise le rapport. D’autant plus révoltant, que la France est, comme l’écrivaient en 2009 les sociologues Baudelot et Establet, le « paradis de la prédestination sociale », c’est-à-dire un des pays où les destins scolaires sont le plus fortement corrélés aux origines sociales et au statut culturel des familles.

La faute selon Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, à une répartition « trop uniforme » des moyens. La France consacre 3,9% de son PIB à l’éducation, un chiffre en baisse par rapport à 1995 (4,5%), néanmoins dans la moyenne des pays de l’OCDE. Mais « il n’y a pas suffisamment de différenciation qui tiennent compte des besoins des élèves, a expliqué Didier Migaud sur RTL. Il faut adapter davantage nos moyens en fonction de l’hétérogénéité des élèves ». Car, selon la Cour des comptes, le système français est archaïque, « adapté à une période où seule une minorité d’une classe d’âge – 20% en 1970 – suivait tout le parcours de l’enseignement scolaire et obtenait le baccalauréat ». Ainsi les textes réglementant le service des professeurs de collège et de lycée datent de 1950 ! Défini uniquement en termes d’heure de cours devant la classe, ce service des enseignants ne prend pas en compte leurs nouvelles missions : travail en équipe pédagogique, accompagnement personnalisé des élèves, conseil en orientation, etc.

Aussi Didier Migaud propose-t-il d’inverser la logique actuelle « trop orientée vers l’offre et pas assez vers les besoins des élèves ». Et de pointer, entre autres, les répercussions négatives en primaire d’une semaine de quatre jours, mise en place en 2008 et pensée pour les parents divorcés, ou encore, au collège et au lycée, des emplois du temps optimisés en fonction des vœux des professeurs et non au bénéfice des élèves.

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Le rapport de la Cour des comptes intitulé « L’éducation nationale face à l’objectif de la réussite de tous les élèves », présenté mercredi 12 mai, repose sur des constats et des chiffres pour la plupart déjà connus. Mais leur compilation au sein d’un rapport, rédigé au terme de deux ans d’enquête auprès de spécialistes, dans 60 établissements de six académies (Aix-Marseille, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Orléans-Tours, Montpellier, Paris et Versailles) et dans trois pays étrangers (Suisse, Royaume-Uni et Espagne), dresse un tableau accablant du système scolaire français.

Le constat d’échec se base sur les résultats des enquêtes internationales Pisa, qui évaluent tous les trois ans les connaissances et les compétences des jeunes de 15 ans de 30 pays de l’OCDE : parmi ses homologues, le système scolaire français se singularise par un écart particulièrement élevé entre ses meilleurs élèves et ses plus faibles. « Les comparaisons internationales de l’OCDE entre élèves de quinze ans ne révèlent pas un problème global du système éducatif français, mais un problème aigu, spécifique, et croissant de traitement de la difficulté scolaire », précise le rapport. D’autant plus révoltant, que la France est, comme l’écrivaient en 2009 les sociologues Baudelot et Establet, le « paradis de la prédestination sociale », c’est-à-dire un des pays où les destins scolaires sont le plus fortement corrélés aux origines sociales et au statut culturel des familles.

La faute selon Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, à une répartition « trop uniforme » des moyens. La France consacre 3,9% de son PIB à l’éducation, un chiffre en baisse par rapport à 1995 (4,5%), néanmoins dans la moyenne des pays de l’OCDE. Mais « il n’y a pas suffisamment de différenciation qui tiennent compte des besoins des élèves, a expliqué Didier Migaud sur RTL. Il faut adapter davantage nos moyens en fonction de l’hétérogénéité des élèves ». Car, selon la Cour des comptes, le système français est archaïque, « adapté à une période où seule une minorité d’une classe d’âge – 20% en 1970 – suivait tout le parcours de l’enseignement scolaire et obtenait le baccalauréat ». Ainsi les textes réglementant le service des professeurs de collège et de lycée datent de 1950 ! Défini uniquement en termes d’heure de cours devant la classe, ce service des enseignants ne prend pas en compte leurs nouvelles missions : travail en équipe pédagogique, accompagnement personnalisé des élèves, conseil en orientation, etc.

Aussi Didier Migaud propose-t-il d’inverser la logique actuelle « trop orientée vers l’offre et pas assez vers les besoins des élèves ». Et de pointer, entre autres, les répercussions négatives en primaire d’une semaine de quatre jours, mise en place en 2008 et pensée pour les parents divorcés, ou encore, au collège et au lycée, des emplois du temps optimisés en fonction des vœux des professeurs et non au bénéfice des élèves.

S’adapter au terrain

Ces absurdités prennent un tour tragique dans l’éducation prioritaire, censée corriger les effets des inégalités sociales et économiques en donnant plus à ceux qui ont moins. En réalité, l’éducation prioritaire ne signifie en moyenne que deux élèves de moins par classe, « ce qui n’est pas significatif pour le traitement de la difficulté scolaire », note Didier Migaud. Et, du fait d’un système d’affectation national privilégiant l’ancienneté et les contraintes familiales, ce sont les enseignants débutants qui sont nommés, souvent contre leur gré, sur ces postes difficiles (18% des nouveaux enseignants en 2007) « alors que les élèves de ces établissements ont précisément le plus besoin d’équipes pédagogiques stables et motivées ».

Ce qui explique qu’« un établissement relevant de l’éducation prioritaire peut bénéficier de moyens horaires apparemment plus élevés qu’un autre établissement, mais représenter en fait un coût inférieur, dès lors que les enseignants qui y sont affectés ont moins d’ancienneté ou appartiennent à un corps moins rémunéré ». Le rapport relève d’ailleurs que le ministère de l’éducation est incapable de chiffrer précisément le coût de la politique d’éducation prioritaire qui concerne pourtant près d’un élève français sur cinq ! Mais il y consacrerait environ deux fois moins de moyens qu’à la pratique du redoublement, jugée inefficace par le rapport.

La Cour des comptes préconise donc de différencier fortement les moyens d’enseignement alloués aux établissements en fonction de leur réalité socioculturelle. Contre-exemple : la réforme du lycée qui prévoit deux heures d’accompagnement personnalisé hebdomadaire à partir de la rentrée 2010, dans les lycées les plus prestigieux comme dans ceux en difficulté. Or il n’est « guère cohérent de disperser sur tout le territoire de multiples dispositifs d’accompagnement personnalisé, sans évaluation préalable des besoins, au lieu de concentrer les moyens financiers sur les établissements les plus en difficulté ».

Comment mieux adapter ces moyens aux besoins du terrain ? Révolution, la Cour propose que ce soit, non plus la hiérarchie, mais les équipes pédagogiques elles-mêmes qui déterminent les modalités de répartition des moyens d’enseignement et d’accompagnement personnalisé. Et, en écho aux récents propos du président de la République, que les établissements les plus difficiles puissent recruter sur profil leurs enseignants.