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Un an après, les universités toujours sous tension - par Laurent Mouloud, L’Humanité, 26 janvier 2010

mardi 26 janvier 2010, par Elie

Réforme de la formation, mise en place de « l’autonomie »… Les raisons de la colère exprimée en 2009 sont toujours d’actualité.

Pour lire cet article sur le site de L’Humanité.

« Nous ne sommes peut-être plus dans la rue, mais les sujets chauds n’ont pas disparu », assure un enseignant-chercheur de Paris-IV. Un an après le début de l’une des mobilisations les plus longues de son histoire, le monde universitaire reste sous tension. Hier, la première Coordination nationale des universités de l’année 2010 s’est tenue à Paris. Avec, pour objectif, de dénoncer les réformes en cours du gouvernement et d’appeler à une « remobilisation ».

Mastérisation : rejet unanime

C’est LE sujet qui réunit contre lui l’ensemble de la communauté éducative, des syndicats enseignants jusqu’aux présidents d’université, en passant par les directeurs d’IUFM. Et pourtant, le gouvernement, bien conscient du caractère explosif de ce dossier, continue d’avancer comme si de rien n’était…

Depuis début janvier, plusieurs décrets d’application ont précisé le contenu de cette réforme de la formation des maîtres. « Tous confirment sa dimension fondamentalement nocive, note Mathieu Brunet, porte-parole de Sauvons l’université. Le ministère passe clairement en force avec, comme seule et unique motivation, de faire des économies budgétaires. » Chacun dénonce une formation professionnelle des profs réduite à la portion congrue. En témoignent les dispositifs déjà envisagés par différents rectorats.

À Montpellier, comme le dénonce le Snes-FSU, les enseignants qui viennent de décrocher leurs concours seront aussitôt nommés sur des postes à plein-temps et ne recevront leur formation pédagogique qu’au mois de février  ! « Cette réforme va avoir des conséquences dramatiques autant pour les jeunes profs que pour les élèves », souligne Stéphane Tassel, secrétaire général du Snesup-FSU, premier syndicat du supérieur.

L’autonomie à marche forcée

L’an dernier, le discours des vœux de Nicolas Sarkozy au monde universitaire avait mis le feu aux poudres. Cette année, le président de la République a essayé d’y mettre les formes. « Mais la logique reste la même », constate Stéphane Tassel. À commencer par l’application à marche forcée de la loi LRU.

Depuis le 1er janvier, on compte une cinquantaine d’universités passées sous statut d’« autonomie ». Sur le terrain, la gestion de la masse salariale ou encore la mise en place des « primes d’excellence scientifique » ne se fait pas sans difficulté. « Cette réforme pousse à une concurrence interne entre collègues, contradictoire avec les valeurs de collégialité propres de l’université », regrette Mathieu Brunet. La question budgétaire est tout aussi brûlante. Valérie Pécresse parle d’une augmentation de 6 % en 2010, à 1,8 milliard d’euros  ? « C’est de l’affichage  : les deux tiers sont dévolus à des partenariats public-privé », rétorque Stéphane Tassel, qui dénonce des moyens focalisés sur une dizaine de centres « d’excellence ». La mobilisation  ? « Elle a permis des avancées l’année dernière, mais elle reste plus que jamais d’actualité… »