Accueil > Communiqués et textes de SLU > Luc Chatel réinvente les blagues à Toto : « enseignant, le seul métier qui ne (...)

Luc Chatel réinvente les blagues à Toto : « enseignant, le seul métier qui ne s’apprend pas. » Communiqué de SLU (22 janvier 2010)

vendredi 22 janvier 2010

Depuis plusieurs semaines, les contours de la réforme de la formation des enseignants sont connus de l’ensemble des acteurs du dossier. À l’exception du ministère, tous s’accordent pour dire que cette réforme est absurde, impossible à mettre en œuvre et néfaste. La Conférence des présidents d’universités a même jugé utile de rappeler dans un communiqué un brin optimiste que « le gouvernement [avait] fait des choix lourds de conséquences qu’il devra assumer » (CPU, 21 janvier 2010).

C’est le moment choisi par Luc Chatel pour lancer une grande offensive de communication abondamment relayée sur le thème de « l’absentéisme » des enseignants, en feignant d’ignorer que c’est la politique de non-remplacement d’un professeur partant en retraite sur deux qui a privé l’Éducation nationale du volant de remplaçants qualifiés dont elle disposait jusqu’alors.

Quelle solution propose Toto Chatel ? « Nous devons diversifier et enrichir notre vivier de remplacement, par exemple […] avec des étudiants qui ne sont pas encore admis aux concours. » (Europe 1, 20 janvier 2010) Formidable et lumineuse idée que de considérer que c’est précisément dans les lieux où l’on apprend et où l’on apprend à apprendre, que le recours à des personnels sans formation professionnelle est une solution. Quel culot, élève Chatel !

Contrairement à ce qu’affirme le ministre dans le même entretien, il ne va pas « travailler avec les organisations syndicales » sur cette « piste » pour la simple raison que cette solution est déjà utilisée dans plusieurs rectorats. Aucun de ceux qui connaissent ce dossier ne s’y trompe : il ne s’agit pas de résoudre le problème des remplacements. Ce recours à des « étudiants pas encore admis aux concours » est une conséquence directe et recherchée de la réforme de la formation des enseignants.

En effet, celle-ci va faire de ce qui n’est encore qu’une exception la règle : l’Éducation nationale fonctionnera à l’avenir avec des enseignants non formés à leur métier. Dès la rentrée 2010, les lauréats des concours enseigneront à plein temps sans avoir reçu de formation pratique ! Celle-ci sera réduite à quelques semaines au cours de l’année scolaire, alors qu’ils seront pleinement responsables de classes entières depuis septembre. Et pendant ce temps de formation, ils seront remplacés par des étudiants de masters qui n’auront jamais eu la responsabilité d’élèves auparavant ! Une rupture programmée, organisée de la continuité pédagogique, deux enseignants – tous deux non formés – devant une classe : peut-on davantage mépriser les élèves ?