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Appel des "Refondateurs" aux collègues universitaires (Le Monde, 9 juillet 2009)

jeudi 9 juillet 2009, par Mathieu

Pour lire cette tribune sur le site du Monde, cliquez ici. Voir également, ici, l’article de Maryline Baumard Université : les "refondateurs" appellent à l’élaboration collective d’une charte paru le même jour dans Le Monde.

Après des mois de grève, les examens étant finalement passés, on pourrait croire que la crise de l’Université française est surmontée. C’est du moins ce que veut espérer le gouvernement.

Mais cet espoir est illusoire puisque les inquiétudes multiples qui ont suscité ces grèves subsistent et parce que, quant au fond, personne ne sait encore quelle place véritable est réservée à l’Université tant par rapport aux grands organismes de recherche (CNRS, Inserm etc.) que par rapport aux autres composantes de l’enseignement supérieur.

En tout état de cause, il est évident que l’Université ne pourra sortir de son marasme que si tous ceux qui y enseignent, y étudient et y travaillent retrouvent l’enthousiasme à produire, à transmettre ou à recevoir le savoir, et que s’ils retrouvent une conscience claire et partagée de l’Université qu’ils sont appelés à bâtir et à faire vivre.

La conviction qui nous a conduits à rédiger un Manifeste pour la refondation de l’Université est que nous n’avancerons que si les universitaires se mettent en position de redéfinir l’Université dans le cadre général de l’enseignement supérieur et de façon à la refonder au profit de l’ensemble de la société, dans un esprit d’ouverture scientifique internationale.

Les premiers signataires de ce Manifeste appartiennent à des champs disciplinaires divers, et représentent des bords idéologiques parfois différents. C’est là la preuve que ce travail commun de redéfinition d’une Université en prise sur son temps dans la fidélité à ses principes régulateurs est possible.

Nous appelons donc tous nos collègues de bonne volonté à participer dès la rentrée universitaire à l’élaboration collective d’une charte de l’université qui déterminerait les principes de base sur lesquels une vaste majorité d’enseignants-chercheurs se reconnaît et sur lesquels ils ne céderont pas. Une telle élaboration ne peut s’opérer que de manière décentralisée, université par université, voire ville par ville ou région par région etc.

Comme il n’existe aucune organisation pour chapeauter le tout, elle ne peut résulter que d’initiatives locales. Il suffit, dans chaque lieu pertinent, que deux ou trois collègues ayant signé le Manifeste organisent une réunion de leurs collègues intéressés, signataires présents ou futurs du Manifeste, et se chargent de rédiger une synthèse des discussions et des positions, qu’il sera possible de faire connaître sur un site dédié. La seule contrainte à respecter pour que les contributions locales puissent se comparer, se combiner et s’ajointer au niveau national, est de suivre l’ordre adopté par le Manifeste et donc de débattre des points suivants :

1) La place de l’Université au sein du système global de l’enseignement supérieur.

2) Les missions de l’Université.

3) Les cursus d’enseignement (sélection et/ou orientation).

4) La gouvernance des universités.

Par ailleurs, lors d’une réunion récente, le groupe des refondateurs a aussi discuté des trois points suivants, sans parvenir pour l’instant à une clarté et à un accord suffisants : le recrutement et l’évaluation des enseignants-chercheurs ; la place des disciplines et de l’interdisciplinarité dans les cursus universitaires ; et le rapport de l’Université avec les grands organismes de recherche.

Olivier Beaud, Marie-Laure Basilien, Claire Brisset, Guy Carcassonne, Philippe Descola, Olivier Duhamel, Marcel Gauchet, Dominique Méda