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Lettre de Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, à Xavier Darcos, 9 juin 2009

jeudi 11 juin 2009, par Laurence

[/
Monsieur Xavier DARCOS /
Ministre de l’Education Nationale /
110 rue de Grenelle /
75700 Paris/]

Les Lilas le, 9 juin 2009

Monsieur le Ministre,

La FSU, première fédération syndicale de l’éducation, a toujours considéré que la qualité de
la formation et l’élévation du niveau de recrutement des enseignants sont des leviers
essentiels pour transformer l’école en profondeur. Aussi tient-elle à vous rappeler à travers ce
courrier ses principales exigences en ce domaine.
La FSU considère que la formation des enseignants doit être améliorée :

- Il faut en effet mieux répondre à l’objectif d’une vraie démocratisation de l’éducation. La
priorité doit être donnée aux jeunes qui ont des difficultés à entrer dans les apprentissages,
tout en élevant le niveau de formation de tous. C’est là la vraie difficulté et un pari
politique à relever.
- Cela passe par une élévation du niveau de qualification des enseignants qui doit leur
fournir les outils nécessaires pour faire réussir tous les élèves.
- C’est un dossier complexe qui doit être pensé tout au long du cursus universitaire,
disciplinaire et professionnel, tout en prenant en compte les particularités propres à
chaque degré d’enseignement et aux différents métiers.
- Cela doit déboucher sur une revalorisation et une amélioration des conditions de travail de
l’ensemble des membres de l’équipe éducative.

La FSU dénonce la logique du gouvernement, de réduction des coûts et de dévalorisation dans
tous les sens du terme de nos métiers. Votre objectif premier, à travers cette réforme était et
reste la suppression de postes de stagiaires, sinon pourquoi par exemple refuser le maintien
des conditions actuelles de stage pour les reçus 2010 ? En cherchant à ramener la formation
des enseignants à un simple compagnonnage vous avez fait le choix de faire disparaître les
IUFM aux compétences avérées, lieu de la formation professionnelle de tous les enseignants.
Si sous la pression de la mobilisation dans les universités vous avez dû prendre en compte un
certain nombre d’exigences portées par les organisations syndicales et notamment la FSU,
appuyées sur les personnels en lutte, nombre des orientations que vous avez prises restent
inacceptables et contradictoires avec les objectifs affichés (« des enseignants mieux formés,
mieux considérés et revalorisés »).

La FSU tient à vous rappeler les principales propositions qu’elle porte avec ses syndicats
nationaux dans les débats actuels :

- L’élévation du niveau de qualification reconnu par l’obtention d’un master.
- Un recrutement au même niveau pour tous, pour éviter le décrochage 1er degré/2nd degré/
PLP.
- L’intégration d’éléments pré-professionnalisants dans le cursus universitaire dès la licence
comportant des stages (observations, pratiques accompagnées, mises en responsabilité
progressive, selon les cas).
- La mise en place, en plus des aides sociales prévues, de pré-recrutements pour rendre
attractives les voies qui mènent aux métiers de l’enseignement et de l’éducation, et pour
assurer la diversité sociale dans nos professions. Pour autant, les concours doivent rester
ouverts à tous, et permettre les choix tardifs et les reconversions.
- Le développement de la recherche en éducation.
- L’amélioration de la formation de formateurs.
- Un cadrage national des masters et de la formation, les nouveaux masters devant
permettre la poursuite d’études ou une ré-orientation universitaire ou professionnelle.
- Le maintien et la rénovation des IUFM qui doivent piloter et coordonner la formation des
enseignants au niveau d’une académie, ce qui suppose des partenariats et des coopérations
entre universités et des moyens permettant aux IUFM de jouer tout leur rôle.
- Le maintien du potentiel de formation et en particulier des équipes pluri-catégorielles de
formateurs, le maintien des antennes locales.
- Une année de stage post-concours pleine et entière de formation en alternance, ce qui
suppose un service d’enseignement réduit de 2/3.
- Des décharges pour les « tuteurs » dans les établissements et les maîtres-formateurs du
premier degré.
- Une poursuite de la formation en première et deuxième année de titulaires et le
développement de la formation continue.

La FSU rappelle qu’elle demande avec les autres organisations, le maintien pour les reçus au
concours 2010, et au-delà des mesures transitoires, des mêmes conditions de stage
qu’actuellement.

La FSU constate, qu’alors que de nombreux groupes de travail se sont tenus ces dernières
semaines et continuent à se tenir, aucun compte rendu, aucune indication sur les hypothèses
retenues n’ont été communiqués par le gouvernement. Au-delà de certaines déclarations
orales qui se veulent rassurantes sur l’attachement ministériel aux IUFM, sur la revalorisation
de l’ensemble des enseignants, sur l’articulation nécessaire entre disciplinaire et
professionnel, sur la progressivité de la formation, sur le non décrochage professeurs de
lycées et collèges - professeurs d’écoles - professeurs de LP - CPE, etc. Les réponses
concrètes apportées à ce jour et mises par écrit sont souvent contradictoires avec certaines
déclarations ministérielles.
L’épisode du CTPM où vous avez maintenu, contre la demande de report formulée par les
organisations syndicales, malgré la protestation de la communauté universitaire et de ses
représentants institutionnels, l’examen des décrets sur les statuts particuliers des enseignants,
supprimant par exemple toute référence aux IUFM, met en évidence votre choix d’accélérer
la mise en place d’une réforme sans aller au bout des indispensables débats, y compris ceux
que vous avez déclaré vouloir avec la mise en place de la commission Marois-Filâtre. Ce
n’est pas acceptable. L’accélération du processus se traduit encore par l’envoi de la circulaire
Hetzel concernant les « mesures transitoires » - allant plus loin que les annonces de validation
du M1 pour les admis et proposant l’attribution d’ECTS en M2 - alors que les projets de
décrets ne sont pas encore passés au CSFPE. La FSU renouvelle son exigence que soient
retirés ces textes de l’ordre du jour du prochain CSFPE. Elle rappelle son exigence d’un
abandon du dispositif actuel et d’une négociation pour une autre réforme.

La FSU vous demande, Monsieur le Ministre, de prendre des engagements fermes et de faire
des propositions écrites claires tenant compte des propositions de la FSU et de ses syndicats
faites ci-dessus. Notamment doivent être clairement pris des engagements concernant :

- le maintien d’une véritable année de formation post concours dans des conditions proches
de celles de l’actuelle stagiairisation
- le maintien et la rénovation des IUFM comme composante universitaire chargée de la
formation des maîtres, en lien avec les autres composantes
- des formes de pré-recrutements
- un plan pluriannuel de recrutements d’enseignants par concours

Cela passe par l’écoute et la prise en compte des exigences syndicales et par une toute autre
conception du dialogue social.
C’est au regard des choix faits et des propositions ministérielles avancées que la FSU et ses
syndicats décideront de leur participation aux débats à venir.
La FSU continuera avec ses syndicats à porter ses propositions et exigences avec les
personnels dans l’action revendicative et notamment lors de l’action interprofessionnelle du
samedi 13 juin.

Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de mes salutations respectueuses.

Gérard ASCHIERI

Secrétaire Général