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Communiqué de la présidence de Paris 7 (29 mai 2009)

dimanche 31 mai 2009, par Laurence

Le 4 juin prochain aura lieu "La seconde Marche de tous les Savoirs", aussi appelée "Academic Pride". A cette occasion, tous les personnels de l’Université Paris-Diderot qui ne sont pas impliqués dans l’organisation des examens de ce jour là pourront, s’ils le souhaitent, considérer leur demi-journée comme banalisée pour participer à cette Marche. En revanche, les examens prévus à cette date se dérouleront normalement

Pour ma part, je participerai à cette Marche. Pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, pour défendre publiquement et collectivement les valeurs qui sont les nôtres, celles de l’université que nous appelons de nos vœux : autonomie intellectuelle, collégialité, valeur en soi du savoir ….
Ensuite, pour discuter directement de la situation actuelle avec des collègues que mes nouvelles fonctions m’ont moins donné l’occasion de rencontrer ces dernières semaines.

Enfin, pour réaffirmer mon appartenance unique et indéfectible à la communauté universitaire. A ce titre il me paraît important, en tant que Président d’université, de jouer un rôle d’intermédiaire entre les universitaires de Paris-Diderot et le ministère. C’est d’ailleurs dans cet esprit et dans le respect des valeurs qui sont les nôtres que je rencontrerai Valérie Pécresse à son invitation le 12 Juin.

Auparavant, le 2 juin, une réunion en "inter-conseil" du Conseil d’Administration, du Conseil Scientifique, du Conseil des Études et de la Vie Universitaire et des directeurs d’UFR aura permis aux élus de prendre part à une discussion collective sur ce mouvement de protestation. Cette réunion inter-conseil permettra aussi de réfléchir collectivement au projet stratégique de l’établissement et en particulier de poser la question du PRES.

En ce qui concerne la mobilisation de ces derniers mois, elle a permis d’éviter l’irréparable en rétablissant par exemple les instances nationales dans leur rôle lors de l’évaluation individuelle, en repoussant les modulations de service non choisies et à la hausse ou en identifiant précisément la prise en compte de certaines charges des enseignants-chercheurs… En dépit de ceci, nous devons aussi faire un constat d’échec partiel, en particulier sur le dossier de la mastérisation des concours de l’enseignement, dossier sensible qui pose vraiment problème.

La mobilisation nous a surtout permis de réaffirmer les valeurs fondamentales de l’université. C’est là le gain majeur de ce mouvement : la réaffirmation des valeurs communes. Cette réaffirmation devra se concrétiser par exemple par la définition de nouveaux modes de gouvernance des universités, différents d’autres modes rendus possibles par la loi LRU et qui sont pourtant contraires à la tradition de collégialité des universités. A l’université Paris-Diderot, cela se traduira par l’élaboration collégiale de nouveaux statuts et d’un règlement intérieur.

Durant ces mois, la communauté universitaire - chercheurs, enseignants-chercheurs, BIATOSS et étudiants - a voulu établir un dialogue véritable avec le gouvernement, sans être comprise. Cet affrontement laisse chez de nombreux collègues un sentiment de frustration.
Malgré cela et en dépit du contexte très tendu, notre communauté a fait la preuve, si besoin était, de son sens des responsabilités en réussissant, à son initiative et dans l’ensemble des composantes, à s’accorder de manière collégiale sur des calendriers et des modalités d’examens qui nous permettent de valider l’année universitaire et qui se fondent sur un socle de connaissances défini dans les composantes. C’est la preuve que nous sommes conscients de l’importance de la mission qui est la nôtre face à nos étudiants. Ceci est aussi la preuve que nous sommes parvenus, pour l’essentiel, à établir une relation de confiance avec les étudiants, auxquels on a demandé parfois une grande patience et beaucoup de sang-froid.

Il va de soi que lors de mon entretien du 12 Juin avec Valérie Pécresse, j’insisterai auprès d’elle pour témoigner que le sens des responsabilités dont nous faisons preuve - ne pas pénaliser les étudiants, mettre au point studieusement nos examens, délivrer valablement nos diplômes - ne saurait être interprété comme le signe que la protestation s’est éteinte. Celle-ci reste entière. Il faut l’entendre.

Vincent Berger
Président de l’Université Paris-Diderot - Paris 7