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Dossier du Monde du 22 avril sur la crise dans les universités

mercredi 22 avril 2009, par Mathieu

Ne figurent ici que les principaux articles qui constituent ce dossier. Voir également l’interview de Marcel Gauchet.

2Radiographie d’un conflit, par Maryline Baumard et Catherine Rollot2

Près de trois mois de conflit, des dizaines de kilomètres arpentés par des centaines de milliers de manifestants à Paris et dans les grandes villes universitaires, des universités bloquées, des réformes réécrites ou différées... et nul vainqueur, à ce jour, dans ce mouvement de révolte sans précédent des universitaires français.

Le mouvement de protestation des enseignants-chercheurs et des étudiants pourrait reprendre au retour des vacances de printemps. Mais à l’heure d’un premier bilan, le diagnostic est sans appel : le monde universitaire reste en proie à un profond malaise. Le gouvernement, quant à lui, se trouve affaibli par la virulence des contestations. Et plus le temps passe, plus les étudiants et leurs familles s’inquiètent pour le passage des examens et la validation de l’année engagée.

Inventifs dans leurs formes d’action, les universitaires ont développé, qui la grève active, qui "la ronde des obstinés", qui les lectures publiques de La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette ou des cours donnés sur la place publique. Aujourd’hui, cependant, l’amertume prévaut. Car au fond, les craintes exprimées à l’occasion de l’application de la loi sur l’autonomie des universités de 2007 portent sur l’identité même de l’université française.

Ces craintes n’ont pas été dissipées : mise en concurrence, sur un mode libéral, de l’université ; paupérisation du service public ; déclassement de ses professeurs ; caporalisation de ses chercheurs ; menaces sur la vocation des grandes agences de recherche comme le CNRS et l’Inserm.

La réforme, qui devait être la plus importante de la législature, comme le premier ministre, François Fillon, l’avait souligné à plusieurs reprises, est désormais mitée. Le gouvernement a dû reculer et concéder quelques marges de manoeuvre sur les emplois, en gelant les suppressions de postes prévues pour 2010-2011.

Il a aussi réécrit son décret contesté sur l’organisation du temps de service et la carrière des enseignants-chercheurs. Il a retardé, enfin, la réforme de la formation des maîtres à bac + 5, dite de la "mastérisation". Tous ces aménagements n’ont pas mis fin à la contestation. Ils n’ont abouti qu’à en radicaliser les acteurs. Pour eux, ce ne sont là que des mesures de temporisation qui ne remettent pas en cause le fond des projets de réforme.

Du côté du pouvoir exécutif, les maladresses ont été nombreuses. S’il ne fallait retenir qu’un seul épisode, ce serait celui du 22 janvier, veille de la première journée de mobilisation nationale. Dans un discours sur la recherche prononcé à l’Elysée, Nicolas Sarkozy a regretté qu’"à budget comparable, un chercheur français publie de 30 % à 50 % en moins qu’un chercheur britannique dans certains secteurs". Cette affirmation péremptoire ne pouvait que blesser une communauté déjà à cran. Le président de la République paiera cet épisode d’une nouvelle rupture, profonde, entre sa famille politique et nombre d’intellectuels.

En face, les blessés se comptent aussi. L’image de l’université en a pâti. Le premier bilan des demandes d’inscription dans l’enseignement supérieur en Ile-de-France est mauvais ; seuls 27,6 % des lycéens franciliens ont placé l’université en premier choix. C’est très peu quand on sait qu’au final, en septembre, sept bacheliers sur dix vont s’asseoir sur ses bancs.

Tous les acteurs qui ont approché cette crise ont pris des coups. Le Monde a été violemment mis en cause dans sa mission d’information par une partie du mouvement universitaire. Quelque soixante-dix articles signés ont été rédigés sur le conflit depuis la mi-janvier, dont plus de quarante par des journalistes du quotidien et une vingtaine par des universitaires dans les pages "Débats".

L’association Sauvons l’université (SLU) est née d’une tribune publiée dans ces colonnes en novembre 2007. Le Monde a tenté chaque jour, en toute indépendance, aussi bien vis-à-vis du pouvoir politique que des pouvoirs intellectuels, d’informer au mieux ses lecteurs sur ce mouvement complexe, multiforme et durable. Pour l’éclairer encore, il y consacre aujourd’hui ce nouveau supplément.

2Quels sont les points du litige ?2

LA LOI SUR L’AUTONOMIE DES UNIVERSITÉS

Adoptée à l’été 2007, la loi relative aux libertés et aux responsabilités des universités est progressivement mise en oeuvre.

La situation actuelle. Votée il y a quasiment deux ans, la loi sur les libertés et les responsabilités des universités (LRU) est en cours d’application. Le 1er janvier, 20 universités toutes volontaires sont devenues autonomes. Les autres suivront d’ici à 2012. De nombreux décrets d’application ont été publiés. Après celui réformant la gouvernance des instances des universités, le décret réformant le statut des enseignants-chercheurs est l’un des textes concrétisant l’esprit de la loi.

La réforme en cours. Courant 2008, l’ensemble des universités ont renouvelé leurs instances, en organisant des élections à leur conseil d’administration. Resserré à une trentaine de membres, le conseil d’administration dirige la politique de l’université. Les lois Faure du 12 novembre 1968 et Savary du 26 janvier 1984 avaient déjà donné aux universités une certaine dose d’autonomie pédagogique et scientifique. Mais elles n’avaient pas la maîtrise de leur budget, dont la part "ressources humaines" était gérée par le ministère de l’enseignement supérieur.

Les conseils d’administration des universités "autonomes" sont désormais responsables de leur budget à 100 %. Ils peuvent définir leur propre politique salariale (attribution de primes, intéressement) et recruter des contractuels, y compris pour les fonctions d’enseignement et de recherche et pour les emplois de catégorie A. Avec cette loi, les universités peuvent également créer des fondations pour trouver des financements extérieurs et demander à devenir propriétaires de leurs biens immobiliers.

Les désaccords. Pour ses détracteurs, qui rassemblent syndicats et associations, la loi LRU conduit au désengagement financier de l’Etat, à la privatisation de l’université, à la remise en cause des diplômes nationaux et encourage la concurrence entre universités et entre disciplines. En cause, par exemple, la possibilité de créer des fondations, qui signifie le retrait des financements publics.

Les opposants à cette loi critiquent également la réforme de la gouvernance des universités. Avec trente membres, l’ensemble des disciplines n’est pas représenté au conseil d’administration. De plus, la loi donne des pouvoirs beaucoup trop importants aux présidents d’université, ce qui multiplie les risques d’arbitraire, jugent les opposants.

LE STATUT DES ENSEIGNANTS-CHERCHEURS

Le projet concerne les maîtres de conférences et les professeurs d’université. Ce texte découle de la loi LRU, qui transfère aux présidents d’université la gestion des carrières des personnels.

La situation actuelle. Seules les heures d’enseignement en présence d’étudiants sont quantifiées par le décret statutaire de 1984. Les enseignants doivent effectuer 128 heures de cours magistraux par an ou 192 heures de travaux dirigés. Ils doivent consacrer le reste de leur temps de travail à la préparation de cours, à la recherche et aux tâches administratives ou pédagogiques. Les universitaires sont évalués par le Conseil national des universités (CNU), une instance nationale qui rassemble des universitaires élus (1/3) et nommés (2/3), à l’entrée de leur carrière et lorsqu’ils demandent des avancements de grade ou de promotion de corps. Ils sont aussi évalués à l’occasion de leurs publications, pour obtenir des crédits contractuels ou encore dans le cadre du laboratoire auquel ils appartiennent.

Le projet de réforme. Réécrit plusieurs fois, le décret est actuellement examiné par le Conseil d’Etat. Le service annuel des enseignants reste le même. En plus de l’enseignement et de la recherche, toutes les autres activités seront également prises en compte. Les présidents peuvent "moduler", y compris sur plusieurs années, le nombre d’heures d’enseignement d’un enseignant, si ce dernier l’accepte formellement. Il pourra demander le réexamen d’un refus de sa demande de modulation.

Tous les universitaires seront évalués tous les quatre ans par le CNU sur l’ensemble de leurs activités. L’évaluation, effectuée par des "pairs", sera prise en compte pour les attributions de primes et les promotions. Le décret précise que 50 % des promotions sont décidées par le CNU et 50 % au niveau de l’université.

Les désaccords. Ils portent principalement sur la modulation de service. Le Snesup-FSU estime que celle-ci serait "une atteinte aux libertés de recherche et d’enseignement". D’autres opposants y voient un moyen d’augmenter les charges d’enseignement, et cela à rémunération constante. A leurs yeux, le texte doit dire plus clairement que toute heure de cours effectuée au-delà du service de référence sera rémunérée. Enfin, malgré l’exigence de l’accord de l’intéressé, ils estiment que celui-ci, face à la pression du président et dans un contexte de pénurie de postes, ne pourra refuser de fait. L’évaluation massive et systématique est également critiquée.

LA MASTÉRISATION DE LA FORMATION DES MAÎTRES

Ce néologisme désigne le projet de fixer la barre à bac + 5 (niveau master) pour recruter les enseignants du premier et du second degré. Les universitaires rejettent les modalités de ce projet.

La situation actuelle. Les étudiants qui se destinent à l’enseignement préparent leurs concours (notamment le capes pour le secondaire et le CRPE pour le primaire) soit en candidat libre, soit en première année d’Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM). Les IUFM, en butte depuis leur création en 1990 à de nombreuses critiques, sont devenus des écoles internes des universités depuis 2007, en application de la loi d’orientation sur l’école d’avril 2005. Pour se présenter aux concours, l’étudiant doit être titulaire d’une licence (bac + 3), même si de nombreux candidats détiennent déjà un diplôme supérieur. Une fois reçus, ils deviennent fonctionnaires stagiaires de l’éducation nationale, rémunérés 1 300 euros net par mois, et accomplissent une deuxième année d’IUFM. Celle-ci, centrée sur l’aspect professionnel de leur formation, est caractérisée par l’alternance entre la responsabilité d’une classe (six heures par semaine) et des cours à l’IUFM.

Le projet de réforme. Annoncé fin mai 2008, il prévoit de "mastériser la formation enseignante". Désormais, pour être admis à un concours d’enseignement, un étudiant doit avoir un master (bac + 5). Une fois le concours réussi, l’étudiant est directement nommé enseignant et bénéficie de l’aide d’un tuteur. Le projet supprime l’année rémunérée de formation en alternance, et ne dit mot du rôle des IUFM dans la formation des futurs enseignants.

Les désaccords. La suppression de la formation en alternance, ainsi que les économies budgétaires attendues, motivent une vigoureuse contestation. D’autres aspects irritent. Le gouvernement a en effet demandé aux universités de mettre au point des masters dits d’enseignement. Pour les universitaires, il s’agit d’une menace directe contre les masters disciplinaires de recherche, qui recrutaient justement beaucoup d’étudiants se destinant à l’enseignement.

De même, le refus du ministre de l’éducation, Xavier Darcos, de décaler d’un an sa réforme - ce que demandent pourtant l’ensemble des protagonistes -, a achevé de mettre de l’huile sur le feu. Au fil de la crise, le ministère a certes concédé des aménagements, en annonçant par exemple le maintien, en 2010, des concours actuels, mais n’a pas cédé sur la demande de rétablissement de l’année en alternance.

LA QUESTION DU FINANCEMENT DES UNIVERSITÉS

Le budget 2009 de l’enseignement supérieur et de la recherche connaît une haussede 2,17 milliards d’euros. "Un trompe-l’oeil", jugent les opposants à la réforme.

La situation actuelle. Pendant la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy avait promis d’augmenter de 50 % le budget de l’enseignement supérieur. Le premier ministre François Fillon a signé, le 29 novembre 2007, avec la Conférence des présidents d’université, un protocole engageant le gouvernement à augmenter ce budget d’un milliard d’euros par an, pendant cinq ans, le portant ainsi de 10 milliards en 2007 à 15 milliards en 2012. Le gouvernement s’est également engagé à augmenter le financement de la recherche.

Le projet de budget. Le budget 2009 augmente de 2,17 milliards d’euros, répartis à raison de 1,154 milliard pour l’enseignement supérieur et 863 millions pour la recherche. Sur cette somme totale, seuls 792 millions sont un apport financier direct, lui-même éparpillé entre mesures salariales, mesures concernant la vie étudiante et chantiers immobiliers.

En décembre 2008, le plan de relance gouvernemental a affecté 731 millions d’euros supplémentaires de crédits budgétaires à l’enseignement supérieur et à la recherche. Cependant, en parallèle, le gouvernement a prévu 900 suppressions de postes en 2009. Le 25 février, le premier ministre a annoncé la compensation financière des 450 suppressions de postes dans les universités, et le gel pour les deux ans à venir de toute suppression. En revanche, François Fillon a pour l’instant refusé de faire de même pour la recherche, qui perd elle aussi 450 postes cette année.

Les désaccords.
Les opposants affirment que ces augmentations sont "en trompe l’oeil" et qu’elles cachent le "désengagement de l’Etat". Ils critiquent notamment le fait qu’elles comportent une part considérable de "mesures fiscales", comme le crédit impôt recherche. Voté par le Parlement, le budget de la mission interministérielle recherche et enseignement supérieur est un ensemble où les dépenses de fonctionnement des universités ne représentent qu’environ 10 %.

Le budget 2008, malgré une progression de 1,8 milliard d’euros (1 milliard pour le supérieur et 800 millions pour la recherche), n’avait pas satisfait les opposants, notamment en raison de son utilisation pour divers "rattrapages" (pensions, grands chantiers, etc.). Ils rappellent que 379 millions d’euros avaient été retirés de ce budget par une loi de finances rectificative votée en décembre.

LA RÉORGANISATION DU DISPOSITIF DE LA RECHERCHE

Craignant la fin de la recherche publique, les chercheurs sont opposés de longue date au projet de réforme visant à transformer les organismes de recherche en "agences de moyens".

La situation actuelle. En 2006, après les Etats généraux de la recherche, organisés en 2004 par l’association Sauvons la recherche (SLR), le gouvernement de Dominique de Villepin a décidé de rapprocher ces deux mondes que sont les universités et les organismes de recherche (CNRS, Inserm, etc.). Le "pacte de la recherche" a ainsi créé les pôles de recherche et d’enseignement supérieur (PRES), l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance sur "appel à projet", les travaux de recherche, et l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Aeres), qui doit remplacer les divers organes d’évaluation existants. Nicolas Sarkozy a annoncé sa volonté de transformer les organismes de recherche en agences de moyens.

Le projet de réforme. Depuis cette annonce, le gouvernement a créé des "instituts nationaux" dans chacune des grandes disciplines. En sciences de la vie et de la santé, sept organismes de recherche et les universités ont fondé, le 8 avril, une Alliance nationale des sciences de la vie. De son côté, le CNRS coiffe désormais neuf ou dix (décision en cours) instituts (chimie, physique, etc.). Certains d’entre eux coordonneront la recherche et programmeront les investissements. Valérie Pécresse a annoncé, en octobre, la création de 130 "chaires d’excellence", gérées à parité par les organismes et les universités. Déchargés de deux tiers de leur temps d’enseignement, ces chercheurs bénéficient d’une prime annuelle de 6 000 à 15 000 euros.

Les désaccords. L’annonce de la création de ces 130 "chaires d’excellence" a remis les chercheurs dans la rue. Pour les financer, les organismes avaient décidé de geler l’équivalent en postes, alors que le budget 2009 prévoit déjà une suppression de 450 postes dans les organismes. Valérie Pécresse a rouvert au concours ces 130 postes, le 2 avril. Cette mesure est jugée insuffisante par la plupart des syndicats de chercheurs et SLR. Pour eux, la restructuration des organismes en instituts est un "démantèlement de la recherche publique". Ils demandent également l’abrogation du "pacte de la recherche" et le transfert du budget géré par l’ANR aux organismes. Enfin, ils souhaitent la transformation de l’Aeres en une nouvelle structure, dont les membres seraient élus par les chercheurs, et non pas nommés par le gouvernement.

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La recherche à l’épreuve des chiffres, par
Stéphane Foucart
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Jorge Hirsch, professeur de physique théorique à l’université de Californie à San Diego, n’a pas que des amis parmi ses pairs. Son nom est même vraisemblablement maudit, plusieurs fois par jour, dans des laboratoires du monde entier - sans distinction de discipline. Son forfait ? Avoir concocté, en 2005, un indice chiffré réputé capable de mesurer objectivement l’activité des chercheurs et des laboratoires. C’est le h-index, ou indice de Hirsch. Partout dans le monde, les tutelles administratives de la recherche y font appel de manière croissante pour évaluer scientifiques et laboratoires. La France ne fait pas exception, et cette tendance, nouvelle, compte au nombre des bouleversements récents qui inquiètent le monde de la recherche.

Depuis qu’il a été conçu, le h-index s’est imposé comme le plus connu et le plus utilisé des indicateurs bibliométriques. Son calcul est fondé sur le nombre d’articles produits et le nombre de fois qu’ils sont cités par d’autres travaux. En théorie, l’indice imaginé par Jorge Hirsch tient compte de la productivité brute du chercheur, mais aussi de la qualité de sa production - censée être reflétée par le nombre de travaux ultérieurs s’appuyant sur elle...

Pour comprendre les réticences des chercheurs à l’utilisation sans précaution du h-index - comme d’ailleurs des autres indices bibliométriques - il faut s’intéresser à la mécanique subtile de toute activité de recherche : celle des publications scientifiques. Plusieurs dizaines de milliers de revues savantes - généralement inconnues du grand public - publient les travaux de chaque communauté. Chaque discipline a "ses" revues. "Il y a un effet mécanique immédiat et évident, prévient un physicien. Si par exemple vous faites de la bonne vieille physique des semi-conducteurs, vous appartenez à une communauté immense, et vos travaux ont vingt fois plus de chances d’être cités que si vous faites de la physique des fluides quantiques, qui rassemble bien moins de monde..." Dans sa proposition de 2005, Jorge Hirsch lui-même avait d’ailleurs mis en garde sur ce biais majeur.

LES SCIENCES SOCIALES EN MARGE

Certaines disciplines, singulièrement dans le domaine des sciences humaines et sociales (SHS) - souvent publiées dans des revues non anglophones -, n’ont même aucune existence du point de vue bibliométrique. "Leurs" revues ne sont en effet souvent même pas dûment prises en compte par les outils qui permettent le calcul des indicateurs...

Plusieurs bases de données en ligne indexent la littérature scientifique : Google Scholar, Scopus, Web of Science (WoS)... Et chacune le fait à sa manière. En 2007, la commission d’évaluation de l’Institut national de la recherche en informatique et en automatique (Inria) avait fait l’expérience de calculer le h-index de plusieurs chercheurs sur la foi de ces différentes bases de données. Le résultat pouvait varier de un à dix. L’un des chercheurs s’était ainsi vu attribuer un indice de 2 par WoS et de 25 par Google Scholar...

Dans leur grande majorité, les indices bibliométriques tiennent aux revues. Plus celles-ci sont prestigieuses - c’est-à-dire plus leur "facteur d’impact" est élevé - plus les travaux qui y sont publiés ont de chances d’être repris et cités. Quelques revues anglo-saxonnes, dites généralistes, se détachent du lot, avec des facteurs d’impact considérables : Nature, Science, ou encore les Proceedings of the National Academy of Sciences... Tout chercheur qui y publie ses travaux est assuré de faire faire un saut important à ses indices bibliométriques, h-index en tête. Or derrière ces revues, il y a des éditeurs, soumis comme chacun à des effets de mode ou à des tropismes culturels. Pour "faire un Nature" mieux vaut être aujourd’hui climatologue ou généticien que spécialiste de l’Age du fer en France... De même qu’un éditeur de la revue britannique Nature sera sans doute plus enclin à accepter des travaux sur les mégalithes de Stonehenge (en Angleterre) que sur des fouilles de sauvetage à Gondole, dans le Puy-de-Dôme...

D’autres biais existent. Car les algorithmes qui opèrent ces calculs d’indices ne se soucient guère de questions qualitatives. Ainsi, un article mauvais et inutilement polémique sera très cité... mais pour être réfuté - ce dont les algorithmes ne tiennent bien sûr pas compte. Ce constat est valable dans les sciences dures comme dans les SHS. Les 55 articles de l’historien négationniste Robert Faurisson (selon le logiciel "Publish or Perish", utilisant la base de Google Scholar) garantissent ainsi à son auteur un h-index de 5. C’est-à-dire autant ou plus que nombre d’historiens et de philologues reconnus au niveau mondial pour la qualité de leurs travaux - non pour leur odeur de soufre.

L’évaluation quantitative de la recherche porte d’autres écueils. Les jeunes chercheurs peuvent être tentés par ce que les Anglo-Saxons appellent le salami-slicing, ou saucissonnage. Il est en effet bien souvent possible de fragmenter ses travaux en plusieurs contributions complémentaires et à les faire publier séparément. L’intelligibilité générale du propos y perd, mais le h-index y gagne... De même que l’on voit ses indices monter lorsque l’on cite systématiquement ses propres travaux...

En outre, à l’aune des indices, il devient risqué pour les chercheurs de s’aventurer en territoire peu défriché, lorsqu’il n’est pas sûr que la curiosité produira rapidement des résultats publiables. "Pour les jeunes, l’effet est incroyablement pervers, confie un biologiste. Car même si la majorité d’entre nous déteste le principe du h-index et même si on nous répète que les évaluations ne sont pas uniquement le fait d’indices bibliométriques, tout le monde connaît les siens et a un oeil dessus." "Peut-être par narcissisme, conclut cet immunologiste, peut-être parce qu’il faut savoir ce que les autres vont penser de vous..."

Les biais du "classement de Shanghaï"

Le classement établi par l’université de Shanghaï est le plus célèbre des indicateurs de l’activité de recherche des universités. Mais les spécificités du système français introduisent un biais majeur. Les "points" accumulés par les chercheurs d’unités mixtes de recherche sont divisés par leur nombre de tutelles (université et organismes de recherche). Or seuls comptent les "points" affectés aux universités. Les autres disparaissent...

2En France, la bibliométrie est diversement utilisée, par Stéphane Foucart2

En 2008, les chercheurs et enseignants-chercheurs d’environ un quart des unités du CNRS ont pour la première fois dû faire état de leur h-index à l’administration. "L’idée n’était pas de faire de l’évaluation individuelle mais d’agréger ces données pour avoir des indicateurs sur des unités de recherche", dit Serge Bauin, responsable de l’unité d’indicateurs de politique scientifique au CNRS. Devant le tollé suscité par l’initiative, l’organisme a renoncé - certaines unités de recherche ayant collectivement refusé de se plier à l’exercice. "Cela reviendra peut-être, mais sous une autre forme, probablement avec d’autres outils que le h-index, qui pose trop de problèmes", ajoute M. Bauin.

D’autres établissements utilisent parfois mécaniquement ces indices quantitatifs pour attribuer des financements. Dans une lettre du 7 avril adressée à la présidence de l’université Lyon-I, des présidents de sections du Conseil national des universités ont ainsi manifesté leur "étonnement" d’apprendre que le conseil scientifique de l’établissement avait décidé d’"un financement des unités de recherche sur la base directe de critères bibliométriques"... "Il s’agissait d’attribuer un bonus budgétaire en fonction des citations obtenues par les unités", précise Emmanuel Lesigne, professeur à l’université de Tours et cosignataire de la lettre.

Quant à l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Aeres), elle a recours aux indicateurs bibliométriques pour juger les unités de recherche. "Les indices bibliométriques ne représentent qu’une petite fraction de l’évaluation et elle est appréciée en fonction de chaque discipline, dit Jean-François Dhainaut, président de l’Aeres. Nous tenons compte de plusieurs critères, comme la production de chaque unité incluant les publications, les ouvrages, les participations à des congrès, les partenariats avec le monde socio-économique ou l’industrie, les brevets... Mais aussi de la gouvernance de l’unité et de sa stratégie, de la qualité de son projet ou de son attractivité."

2La réforme des organismes, "personne n’y comprend plus rien", par Stéphane Foucart2

L’annonce, le 8 avril, de la création de l’Alliance nationale des sciences de la vie (ANSV) a introduit un nouvel acteur dans le système de recherche français. L’ANSV réunira sept organismes (CNRS, CEA, Inserm, etc.) ainsi que les universités. Elle sera chargée de coordonner la recherche nationale dans les domaines de la santé et de la biologie. "Nous travaillons à la même forme d’organisation, sous forme d’alliance entre organismes, dans le domaine de l’énergie, des technologies de l’information ou encore de l’agronomie, explique la ministre de la recherche, Valérie Pécresse. Nous voulons simplifier et décloisonner le système de recherche."

L’irruption d’un nouvel acronyme ne fait jamais sourire ni les syndicats de chercheurs ni l’association Sauvons la recherche (SLR), qui voient dans ces nouvelles structures administratives les signes tangibles de la volonté du gouvernement de démanteler les grands organismes de recherche. Ou, en tout cas, de les défaire d’une part de ce qui relevait jusqu’à présent de leurs prérogatives.

Une part croissante du budget de la recherche publique est désormais gérée par des agences (INCa, ANR, ANRS) qui financent des projets, au coup par coup. Quant à l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Aeres), créée en 2007, elle est fondée à remplacer les instances d’évaluation internes à chaque organisme...

Pourquoi réformer ces derniers ? "Un moteur de cette évolution est l’évolution du paysage lui-même, et en particulier celle de nos partenaires que sont les universités, explique Arnold Migus, directeur général du CNRS. Le rôle des organismes dans leurs fonctions d’opérateur et d’agence de moyens va s’en trouver accru : ils vont désormais coordonner la recherche au niveau national avec les universités comme interlocuteurs dans leur politique de site."

L’idée est ainsi de diviser les grands organismes en instituts disciplinaires - c’est déjà le cas depuis un an pour l’Inserm et depuis janvier 2009 pour le CNRS - afin, notamment, de les faire collaborer au sein d’"Alliances nationales". L’Institut des sciences biologiques du CNRS contribuera ainsi à coordonner la recherche en sciences de la vie au sein de l’ANSV - au côté de ses équivalents, issus des autres organismes. Tous obtiendront de fait un rôle de "stratège", selon l’expression de Mme Pécresse. Tandis que les universités, autonomes, auront la gestion administrative des unités mixtes de recherche. Et développeront une vision propre de leurs impératifs, en partie déterminés par leur environnement économique et industriel.

La réforme en cours, en déléguant aux universités la gestion des unités mixtes de recherche jusqu’ici gérées par deux, trois, voire quatre tutelles, va permettre, selon Mme Pécresse, "une simplification administrative considérable".

Cependant, cette volonté de "décloisonner" et de "simplifier" l’organisation de la recherche en France cadre peu ou pas avec l’expérience quotidienne de nombreux chercheurs. Depuis qu’est affichée la volonté de "piloter la recherche", les sources de financements ont de plus en plus éclaté (entre crédits récurrents, financements des agences, crédits européens, etc.). Et la recherche de budgets, qui s’accompagne de tâches administratives lourdes, est un exercice de plus en plus contraignant.

De plus, la communication du gouvernement passe mal. "On nous dit qu’il faut faire de la recherche pluridisciplinaire mais on s’empresse de couper le CNRS en instituts disciplinaires, dit un physicien de l’Ecole normale supérieure (ENS), résumant un sentiment largement partagé. On nous prend pour des imbéciles."

"Nos dirigeants n’osent pas dire qu’ils veulent démanteler le CNRS parce que cet objectif n’est pas avouable, mais il faut être aveugle pour ne pas le voir, dit Alain Trautmann, membre de SLR. Dans la communication de notre ministre, cela aboutit à quelque chose qui ressemble à la novlangue de 1984, le roman de George Orwell. On veut nous forcer à penser qu’il faut casser le CNRS en morceaux pour qu’il soit plus visible et plus cohérent... Le résultat est que personne n’y comprend plus rien."

2Dijon à l’heure du printemps des chaises, par Catherine Simon2

Enseignant-chercheur", il n’aime pas. Il préfère "universitaire". "Il y a une noblesse dans ce mot, une histoire bien plus ancienne que ce que notre pauvre gouvernement essaye de remettre en question", explique le juriste Gérald Simon, 59 ans, attablé dans un café du centre de Dijon (Côte-d’Or). Professeur agrégé des facultés de droit, le directeur du laboratoire du droit du sport à l’université de Bourgogne n’est pas du genre à mettre le feu aux amphis. Il est inquiet pourtant. "Durant toute ma carrière, j’ai joui d’une chose qui n’a pas de prix : l’indépendance d’esprit, de création, de recherche. Aujourd’hui, affirme-t-il, cette liberté est menacée. Pour les nouvelles générations, j’ai des craintes."

Gérald Simon se sent-il partie prenante d’une communauté ? "Notre seule appartenance est administrative. Pour le reste, comment s’y retrouver ? C’est une nébuleuse..., hésite le juriste. Je gagne presque autant comme élu local que comme professeur : c’est dire à quel point l’université, hier respectée, est maltraitée !", souligne Joël Mekhantar, 52 ans, professeur de droit public, adjoint au maire et conseiller au Grand Dijon. "La communauté universitaire n’existe plus, tranche Claude Patriat, 62 ans. Il reste des réseaux verticaux, disciplinaires : les historiens d’un côté, les physiciens de l’autre, etc. Ces réseaux forment des tribus qui s’ignorent et se jalousent."

Professeur de sciences politiques et figure de la scène dijonnaise, fondateur du centre culturel universitaire Atheneum et des premiers instituts universitaires professionnalisés (IUP) des métiers de l’éducation, Claude Patriat reçoit ses visiteurs rue Chabot-Charny, siège de la vieille faculté de lettres, dans le bureau qui fut, dans les années 1930, celui du philosophe Gaston Bachelard. "Universitaire, c’est un métier de passeur. Désormais, qu’est-ce qu’on va faire passer ? Même Bachelard, plus personne ne sait qui c’est, résume l’auteur de La culture est un besoin d’Etat (Hachette, 1998). Ce qui m’a le plus peiné, ces dernières années, c’est la disparition de cette vie universitaire, de cette solidarité horizontale."

Mercredi 15 avril, Claude Patriat est venu faire un tour sur le campus. Cette "ville près de la ville" de 150 hectares, conçue à la fin des années 1950, mange la majeure partie de la colline de Montmuzard, à l’est de Dijon. Avec ses 27 000 étudiants, ses 2 000 chercheurs et enseignants-chercheurs, ses 1 500 agents administratifs et techniques, l’université pluridisciplinaire de Bourgogne, reconnue "campus innovant" en 2008, fait partie des universités-pilotes qui devraient, au 1er janvier 2010, se voir attribuer le statut d’autonomie plein et entier prévu par la réforme. Le campus, qui fut autrefois un verger, est parsemé d’arbres en fleurs. Mais ce n’est pas pour les pâquerettes que le professeur Patriat a fait le déplacement.

Rassemblés dehors, au pied du bâtiment droit et lettres, un petit millier de protestataires viennent de voter la poursuite du blocage jusqu’au 5 mai, lendemain des vacances de Pâques. "Le mouvement est complètement hétéroclite, chacun défend son bifteck", relève Claude Patriat - lui-même farouche opposant au décret sur le statut des enseignants-chercheurs et solidaire de la mobilisation.

Les accès du bâtiment sont hérissés de banderoles vengeresses. Depuis le 27 mars, les portes sont obstruées par des monceaux de chaises empilées - une méthode nationale, qui a donné son nom à ce "printemps des chaises". La ligne de partage est là : sur le paisible campus dijonnais, les dissensions portent moins sur la réforme - que la majorité des enseignants-chercheurs critiquent ou condamnent - que sur les formes d’action. Comme partout en France, des plans de rattrapage des cours vont être proposés aux étudiants. Et, comme partout en France, avec ou sans blocage, les décrets passent mal.

Maître de conférences, habilitée à diriger des recherches en sciences de l’information et de la communication, Laurence Favier, 42 ans, est syndiquée au Snesup. Ce ne sont pourtant pas des tracts que la militante de gauche extirpe de sa sacoche, mais la dernière mouture du "projet de décret", adopté le 24 mars par le Comité technique paritaire universitaire. A ses yeux, la seule lecture attentive de l’article 5 (sur l’évaluation et la modulation de service) donne les clés du malaise. "Le fond de l’affaire, c’est le contrôle politique des esprits, via les enseignants-chercheurs : on les "tient" par ce nouveau statut et par le financement. Désormais, en dehors de certaines thématiques, impossible d’avoir de l’argent", martèle l’enseignante.

"Quant à l’évaluation, qui existe depuis toujours, elle va être désormais, comme les nominations, tributaire du seul pouvoir des présidences d’université. Cela va à l’encontre de la collégialité, qui n’était pas un bon système, certes, mais dans lequel on pouvait survivre", ajoute-t-elle dans un souffle, comme si elle avait peur qu’on ne la laisse pas finir.

Le désarroi des enseignants-chercheurs, palpable à tous les étages du campus, chez les maîtres de conférences comme chez les professeurs, est-il à ce point inaudible ? "Dans mon village, les gens respectent l’université. Ils la respectent tellement que, paradoxalement, quoique j’essaye d’expliquer, ils pensent que ce n’est pas si grave", constate Serge Wolikow, 63 ans, professeur d’université en histoire contemporaine, directeur de la Maison des sciences de l’homme (MSH) de Dijon et coanimateur de la chaire de l’Unesco "Culture et traditions du vin". La réforme, il est vrai, n’est pas tombée du ciel : depuis plusieurs années, en retirant ceci, en ajoutant cela, l’université a changé. Pas à pas, tranche par tranche : ce que le professeur Wolikow appelle "la stratégie du salami". Sans que le vent de la révolte n’embrase les amphis. "La bête s’est laissé affaiblir", reconnaît Gérald Simon, qui s’en proclame malgré tout "solidaire".

Cet héritage, les plus jeunes, en début de carrière, s’en seraient bien passé. "Ce n’est pas une pièce du moteur que l’on change, c’est le moteur lui-même !" estime Laurence Favier, qui avoue avoir "du mal à (se) projeter dans l’avenir". Stéphanie Benoist, 35 ans, maître de conférences d’allemand, a appris à jongler avec les pénuries et les agendas surchargés : "En allemand, comme il n’y a pas beaucoup d’étudiants, les budgets ont été réduits et, avec eux, le nombre de postes d’enseignant. Résultat : on navigue autour de cent heures supplémentaires par an."

Le travail de recherche ? "A moins de bosser la nuit et les week-ends, il est impossible de se trouver un créneau de cinq ou six heures tranquilles - ce qui est indispensable si on veut avoir l’esprit libre et se concentrer", relève la jeune femme. La communauté universitaire ? "J’ai un pied dedans, un pied dehors", dit-elle. Syndiquée au SGEN, elle s’est retirée du comité de mobilisation, la radicalité des actions desservant, selon elle, le mouvement. "Les premières revendications, qui étaient précises, négociables, ont été noyées", regrette-t-elle.

Xavier Vigna, 37 ans, maître de conférences en histoire contemporaine, n’est pas syndiqué. Mais il participe à la mobilisation. "C’est la première lutte des enseignants du supérieur depuis très longtemps, note le chercheur, spécialiste de Mai 68, et je ne suis pas sûr que le rapport des forces nous soit défavorable." Evoquant le discours du 22 janvier du président Nicolas Sarkozy, qui a, selon lui, "légitimé le poujadisme anti-intellectuel" d’une frange de la population, le jeune historien se dit "choqué" par les courriers de "haine" découverts sur le Net, visant les universitaires. "On nous voit comme des "archéo", des gens inutiles et néfastes. Cela m’a blessé", dit-il. Mais pas ébranlé : "Rien n’est réglé pour la rentrée prochaine - pas plus ce qui concerne la formation des maîtres que le statut des enseignants-chercheurs", assure Xavier Vigna, décidé à ne pas reprendre les cours en mai.

A des années-lumière de ce "printemps des chaises", le professeur Alain Dereux, 45 ans, est un oiseau rare. Ce spécialiste des nanosciences, à l’instar du biologiste Frank Cezilly - dont les travaux ont inspiré le film Les Ailes pourpres, le mystère des flamants -, est l’une des figures scientifiques de l’université de Bourgogne. Son discours va à contre-courant de celui des grévistes. Favorable à l’autonomie, déjà "en acte en Allemagne, en Suisse ou en Belgique", le professeur Dereux juge "incongru" le débat sur ce point. Favorable aussi à l’évaluation - "le fait de rendre des comptes n’est pas nouveau pour nous" -, il n’en récuse pas moins l’idée d’une "obligation de résultat", contraire à l’esprit de recherche. Au fond, si quelque chose devait l’inquiéter, ce serait de rester au milieu du gué : "On s’apprête à changer la structure, en gardant les modes de gestion anciens - le travail de dépoussiérage reste à faire."

Une inquiétude circonstanciée, que relaie la présidente de l’université, l’économiste Sophie Béjean, évoquant les discussions en cours sur le nouveau modèle de financement des universités. "Cela ne marchera que si les crédits d’Etat sont là, insiste-t-elle. J’espère, à titre personnel, que ce modèle évoluera afin de donner à toutes les universités les mêmes chances de progresser. Pour l’instant, ce n’est pas le cas. C’est même l’inverse."

A bon négociateur...