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Tour de protestation des chercheurs devant le Conseil d’État - Libération, 21 avril 2009

mardi 21 avril 2009, par Mathieu

Pour lire l’article sur le site de Libération.

Reportage - Des enseignants-chercheurs, étudiants et personnels d’universités ont participé mardi à une ronde devant le Conseil d’État.

Les premiers commencent à tourner timidement. Lentement, ils dessinent un petit cercle sur la place du Palais Royal, devant le Conseil d’Etat. D’un coup il s’agrandit. Un deuxième cercle se forme, concentrique, et tourne en sens inverse. Enseignants-chercheurs, personnels biatos et étudiants défilent ensemble, en rond.

La première ronde infinie des obstinés date du 23 mars. Organisée par le collectif Sauvons la recherche, elle tourne toujours, jours et nuits sur la place de l’hôtel de ville.

Derrière les grilles du Conseil d’Etat se joue un des derniers actes du feuilleton LRU (libertés et responsabilités des universités). « Le décret sera validé ce soir, soupire Jean-Marie Maillard, directeur de recherche au CNRS et affilié au SNCS (syndicat national des chercheurs scientifiques). Mais on montre qu’on est là, qu’on ne laisse pas passer cette loi sans rien faire. »

Un premier texte en février avait déclenché l’ire des enseignants-chercheurs. Le premier ministre François Fillon avait alors demandé une nouvelle copie. « Réécriture cosmétique » tonne Jean-Marie Maillard.

Pour lui, adopter la LRU c’est donner les pleins pouvoirs aux présidents d’universités. « Les moyens de coercition seront inexistants. Un chercheur conteste, le président pourra lui couper les vivres ou crucifier son laboratoire. » Si la loi passe, il jure que le mouvement se radicalisera. « On pourrait retenir les notes, donner 15 à tout le monde. Des assemblées générales sont prévues à la rentrée des vacances. On verra bien ce qui se décidera. »

2Les primes qui sautent2

Etienne Inalco, professeur d’histoire d’Europe centrale, tourne aussi. « Avec cette loi, on décide de nous juger sur trois critères, l’enseignement, la recherche et notre participation à certaines taches administratives. Ça veut dire qu’un excellent professionnel pourrait être très mal évalué parce qu’il participe moins à l’administration. »

Le chercheur de 39 ans poursuit : « Nous allons devoir faire des heures complémentaires qui ne seront plus payées. Le texte dit qu’il faut l’assentiment écrit du professeur mais on ne pourra pas dire non. Si je refuse de faire ces heures, trois diplômes sautent. Du coup, la pression sera sur mes épaules, et je serai obligé d’accepter. » Il fait, les comptes : son salaire annuel diminuera de 12%. « Je gagne 2000€ net. Ces heures complémentaires représentent environ 3000€ par an. »

Christophe et Marion de l’Université Paris VIII ont le même problème. Lui est bibliothécaire, elle webmaster. Pour le personnel Biatos (bibliothèques, ingénieurs, administratifs, techniques, ouvriers, de service et de santé), la réforme signifie changement de patron.

« C’est l’université qui nous paiera dorénavant, explique Christophe. On craint une déréglementation de notre profession. Le président réalisera des évaluations individuelles et décidera qui est un bon ou un mauvais élément. Les mécontents ne risquent-ils pas d’être punis ? Par ailleurs, cette loi, c’est la fin de nos primes. » Marion rebondit. « J’ai Bac + 5. En ce moment, je gagne 1700€ par mois, primes comprises. Sans elles, je vais tomber à 1400€. »