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Déclaration des doctorants de l’École doctorale d’histoire de l’Université Paris 1 devant la commission d’évaluation de l’AERES, le 8 avril 2009

vendredi 10 avril 2009

Nous, doctorants inscrits à l’École doctorale d’histoire de l’Université Paris 1 Panthéon-
Sorbonne, réunis le mercredi 8 avril 2009 en salle 1 du centre Panthéon pour accueillir la
commission d’évaluation de l’AERES, estimons que les conditions nécessaires à une évaluation
pertinente, qui privilégierait le dialogue, la transparence et la promotion des missions scientifiques
de notre École ne sont, à ce jour, pas réunies.

Depuis plus de deux mois, nombre de doctorants, qui sont des jeunes chercheurs autant
que des étudiants, sont inquiets des réformes que tente de mettre en place le gouvernement :
réforme du statut des enseignants-chercheurs, réforme de la formation des enseignants, contrat
doctoral unique, démantèlement des grands organismes publics de recherche. Ces réformes
découlent d’une conception managériale des missions du service public d’enseignement et de
recherche, que la loi LRU impose, et que nous refusons. Ces réformes nous concernent tous, et
nous sommes à ce titre pleinement solidaires d’un mouvement de contestation d’une grande
ampleur, qui dure toujours, et que le gouvernement refuse pourtant de considérer avec le sens des
responsabilités que sa tâche lui impose. Au sein de l’Université Paris 1 et de l’UFR d’histoire,
auxquelles nous appartenons, un mouvement de grève active a été entrepris depuis le 9 février
afin d’inviter le gouvernement à ouvrir enfin une véritable concertation sur les réformes en cours.
En l’absence d’un véritable dialogue avec les instances du ministère de l’Enseignement supérieur
et de la Recherche, nous considérons qu’il ne peut y avoir d’échange constructif dans le cadre
d’une évaluation par l’AERES.

Présents devant la commission de l’AERES, nous partageons les doutes formulés à
l’égard de la légitimité de cette Agence à mener des évaluations pertinentes. Nous ne refusons pas
d’être évalués, mais nous dénonçons le manque de transparence dans la présentation du rôle, des
modalités et des enjeux de telles évaluations. Nous constatons l’opacité régnant autour du mode
de nomination des membres de ces commissions, une extrême variabilité des critères d’évaluation
selon les structures évaluées et selon les équipes d’évaluation, ainsi que l’absence d’informations
sur l’utilisation et le devenir des rapports d’évaluation produits. Face au flou qui entoure les
modalités de l’évaluation à laquelle nous sommes censés nous soumettre aujourd’hui, nous
affirmons notre refus de nous prêter à cet exercice dont la légitimité nous apparaît, dans les
conditions actuelles, fortement contestable.

Nous réclamons, en préalable à l’ouverture d’un dialogue que nous souhaitons serein et
constructif, que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche s’engage pleinement
dans une politique de valorisation du doctorat et du statut de docteur, afin d’éviter que les
projections démographiques élaborées par ce même ministère, et annonçant une baisse de plus de
30 % du nombre de docteurs d’ici à 2017, ne deviennent une réalité. Ceci passe par la nécessité
de renforcer l’attractivité du doctorat, notamment en oeuvrant pour que le haut niveau de
compétences que le statut de docteur implique soit pleinement reconnu au sein des conventions
collectives organisant le monde économique. Ceci implique également que le respect du principe
d’indépendance de la recherche française préside à la définition de tout sujet de thèse. En tant
que doctorants en histoire, nous réclamons que les spécificités des recherches doctorales en
Sciences Humaines et Sociales soient pleinement prises en compte :
- cela passe par un effort de soutien financier aux doctorants des SHS au moins équivalent à
celui déployé pour les doctorants des sciences dites « exactes » ;
- cela passe également par une adaptation de ces financements aux contraintes spécifiques de
durée des recherches en SHS, garantissant également une reconnaissance des situations particulières des doctorants effectuant d’autres services que leur propre recherche –
notamment un service d’enseignement nécessaire à la validation des concours (CAPES et
Agrégation).

Les doctorants sont l’avenir de la recherche et de l’enseignement supérieur, les ambitions de
l’État en la matière se lisent au premier chef dans les efforts qu’il consent à leur égard.

Nous doctorants, futurs enseignants-chercheurs pour certains d’entre nous, demandons à
la commission de l’AERES présente devant nous de bien vouloir transmettre la présente
déclaration commune à la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Un dialogue
pourra s’instaurer quand le gouvernement prendra des engagements clairs sur les revendications
que nous portons. En l’état actuel, nous préférons nous retirer et ne pas participer à cette
évaluation.

Les doctorants de l’École doctorale d’histoire de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne,
Le mercredi 8 avril 2009.