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Pécresse rétablit 130 postes de chercheurs pour 2009 - Sylvestre Huet, Sciences2, Libéblogs, 31 mars 2009

mardi 31 mars 2009, par Laurence

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Première victoire sur le front de l’emploi scientifique : Valérie Pécresse vient d’annoncer le rétablissement de 130 postes de chercheurs pour les organismes de recherche. Le Cnrs en récupère 90. Ces postes seront pourvus sur listes complémentaires dès les concours 2009.

Ce matin la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche recevait Yves LASZLO, Bruno CHAUDRET et Yves Langevin. Présentés comme de simples directeurs de laboratoires, alors qu’en réalité ils étaient là comme animateur de la protestation émise par des centaines de leurs homologues du Cnrs qui menacent de démissionner de leurs fonctions si le gouvernement ne les écoute pas. C’est à cette occasion que Valérie Pécresse a enfin concrétisé une formule floue qu’elle répète depuis plusieurs jours : la création des chaires mixtes entre université et organisme de recherche ne doit pas se traduire par une gesion « restrictive des emplois ». Formule flou pour un problème pourtant clair comme de l’eau de roche : la création de ces chaires, attribuées à des jeunes maîtres de conférences recrutés par les universités, se traduisait par le décompte de deux poste - un d’universitaire, un de chercheur - pour une seule personne. Une « arnaque », ont estimé les directeurs de labo. La ministre vient de céder sur un point présenté comme un « préalable » à toute négociation.

L’annonce de la ministre n’est certes pas gravée dans le marbre d’un protocole d’accord avec les syndicats, Mais elle prend une allure très précise, puisque selon Yves Laszlo, Valérie Pécresse a pris soin d’indiquer que le coût de ces chaires serait donc pris en charge par une dotation d’origine ministérielle, d’environ 4,5 millions d’euros, et non sur le budget des organismes.

Le cadre dans lequel la ministre a annoncé cette décision est pour le moins curieux. Elle a en effet reçu les syndicats - qui ont imposé la présence de SLU et SLR venus avec les délégations du Snesup, de la CGT et de Sud - hier soir de 18h à 22h. Vers 21h, constatant qu’ils n’obtenaient pas de réponse positives à leurs demandes, ces syndicats sont partis en claquant la porte, tandis que la ministre continuait avec la Cfdt, l’UNSA et Autonome Sup. Elle aurait donc pu leur annoncer cette décision. Pourquoi ne l’avoir pas fait ? Mystère et boule de gomme. Surtout que le communiqué publié à 22h30 par le ministère indiquait qu’ « Il ne lui paraît pas justifié que la mise en place des chaires conduise à un gel de 130 emplois dans les organismes de recherche au-delà des dispositions de la loi de finances ». Il n’y a pas grand écart entre cette formule alambiquée et l’annonce de ce matin, sauf celui qui permet de conclure au rétablissement effectif des postes. Il est tout de même improbable que la décision ait été prise ce matin...

Les trois directeurs ont également obtenu, d’après leur compte rendu, l’assurance que le premier ministre devrait dans une déclaration réaffirmer le rôle d’opérateur de recherche des organismes, rôle non seulement d’employeurs de scientifique mais aussi de détermination de stratégies scientifiques propres. Une sorte de désaveu officiel de l’affirmation de Nicolas Sarkozy le 22 janvier déclarant que les organismes seraient transformés en agence de moyens (sans virgule ni restriction) d’ici la fin 2009. Enfin, la ministre leur a promis l’ouverture de discussions sur un plan pluriannuel de dix ans sur l’emploi - chercheurs, ITA, précaires, universitaires. En réalité, elle avait déjà fait cette annonce - notamment ce matin lors de son discours devant les membres des groupes de travail du comité de pilotage de la Stratégie nationale d’innovation et de recherche - parlant même d’analyse discipline par discipline.

Les trois directeurs de laboratoires estiment avoir obtenu « un signe positif, pouvoir recruter autant de chercheurs au Cnrs que l’an dernier, ce n’est pas rien » confie Yves Langevin. Mais s’ils pourraient suspendre quelque temps leur menace de démission et de blocage du système, elle reste puisque « nous n’avons encore rien de concret sur les 10 points que nous avons mis en avant », affirme t-il.