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"La Sorbonne occupée revote la grève", par Sylvestre Huet, Libéblogs, Sciences², 26 mars 2009

jeudi 26 mars 2009, par Elie

Pour lire cet article sur le blog de Sylvestre Huet.

Dans l’amphi Richelieu de la Sorbonne, ce midi, le ton était à la gravité. A la détermination. Si l’on a longuement discuté de la manière dont il fallait rédiger un « Rappel de la Sorbonne » intitulé « Pourquoi nous ne cèderons pas » l’assemblée d’enseignants-chercheurs de Paris-1, Paris-3 et Paris-4, menée par l’historien François Faronda, n’a pas tremblé ni lambiné au moment décisif. La grève a été reconduite, massivement, sous les applaudissements. Manifestement, ni Valérie Pécresse ni Xavier Darcos ne sont parvenus à entamer cette froide volonté. Pourtant, ils s’y sont mis le 2 février...

Introduit dans une Sorbonne toujours en quasi état de siège, avec fouille à l’entrée, grâce à la complicité d’une historienne, j’assiste à l’intégralité de cette réunion (lire ci dessous). Puis à une opération hautement symbolique pour des universitaires excédés par la gestion des lieux, autoritaire et humiliante, à laquelle se livre le Rectorat de Paris. Emmenés par Pierre Fröhlich (Paris-1), plusieurs centaines de personnes, enseignants et étudiants, occupent une aile de la Sorbonne, en particulier la salle Marc Bloch, chère aux historiens. Outre leur contribution au conflit, il s’agit de lancer un combat de longue haleine pour « expulser le Rectorat de la Sorbonne et la rendre aux universitaires », explique t-il.

L’Assemblée commence par un calme exposé de l’historien Eric Vallet sur la lettre de Xavier Darcos aux organisations syndicales. « C’est dans le point 8 que se dévoile la perfidie du ministre », explique t-il. Les détails techniques de la nouvelle version de la « mastérisation » - la réforme de la formation et du concours de recrutement des professeurs - demeurent mystérieux pour le non initié. Mais la conclusion de l’historien est simplissime à comprendre : « nous ne pouvons l’accepter, nous demandons le retrait total de cette réforme. » Approbation massive et bruyante de la salle, qui, elle, n’a pas besoin de traducteur pour élucider la prose du ministre : la formation des enseignants, c’est son métier.

La suite de la discussion sera sur le même ton. En voici quelques extraits significatifs.

Le compte rendu de la situation sur le décret concernant le statut des universitaires par Michel Bernard (Paris-3) fait dans l’ironie. « Valérie Pécresse se vante de proposer une modulation des services sur demande de l’universitaire et avec paiement des heures supplémentaires... c’est déjà le cas. Elle se vante de ce que le CNU (Conseil national des universités) pourra accorder 50% des promotions... c’est déjà le cas. Pourquoi ce décret alors ? Parce que la ministre veut que cette modulation à la hausse de nos services ne soit plus l’exception mais la règle et donc l’inscrire dans le décret. Il faut retirer ce projet ! ».

Puis Caroline Callard, historienne à Paris-4, s’appuie sur la relance de l’action dans les organismes de recherche (voir ici l’occupation du Cnrs et le vote des directeurs de laboratoires) pour appeler à poursuivre le mouvement. « Ce n’est pas maintenant qu’il faut s’arrêter, nous n’avons rien obtenu sur la suppression des postes en 2009. Et il faut faire comprendre à Valérie Pécresse que nous avons besoin de personnel technique et administratif pour exercer nos métiers d’enseignants... elle croit nous amadouer en affirmant que seuls ces derniers seront touchés par les diminutions de postes. »

Bernard Paulré, économiste (Paris-1) affirme que « la mobilisation en faiblit pas, nous allons organiser des actions avec les chercheurs du Cnrs qui travaillent dans les laboratoires mixtes de l’université. » Il dénonce les « manoeuvres du président de Paris-1, Pierre-Yves Hénin, qui tente d’intimider les grévistes, refuse de valider l’élection à la tête d’un département d’une universitaire pour cause de participation à la grève... ».

Parmi les décisions d’actions prises : un Die in, place de la Sorbonne demain à 12h30, la démission des fonctions non électives (directeur de diplômes, d’année, d’équipe pédagogique...) a remettre le premier avril au Rectorat de Paris, un « réveil des Grands Hommes » devant le Panthéon, lundi à 16h30 avec casserole et tambours...

Une enseignante de Paris-3 relate que son université vient de revoter massivement la grève et le blocage du site de Censier. Si elle se félicite de la bienveillance de sa présidente, elle souhaite que son soutien soit plus concret.

Fabrice Bensimon raconte l’assemblée du site Malesherbe de Paris-4, avec 500 personnes, mercredi dernier. Après une discussion qualifiée de houleuse, de fortes inquiétudes sur la validation du second semestre universitaire 420 personnes ont revoté la grève, seul l’UFR d’études slaves votant la reprise des cours. « Les directions des UFR d’études ibériques et d’anglais ont convoqué les étudiants, ils sont venus par centaines, ils sont bien sûr inquiets pour leurs études, mais nous soutiennent dans nos actions : il faut tenir bon malgré l’obstination de ce gouvernement ! ».