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Mastérisation : sur quoi Darcos a t-il reculé ? - Sylvestre Huet, Sciences2, Libéblogs, 23 mars 2009

lundi 23 mars 2009, par Laurence

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La lettre de Xavier Darcos de vendredi continue de faire réagir... diversement. Il y annonçait le report d’un an des nouveaux concours... mais assorti d’un dispositif complexe de mise en œuvre de sa réforme.

Comme tout recul partiel du pouvoir politique devant un mouvement de contestation, il pose le problème de son appréciation et des bases de la poursuite de l’action. Revue du problème, à l’aide des textes et réactions diverses parus après ma note de vendredi soir dont le titre imprécis a pu faire croire qu’il s’agissait d’un report du processus d’ensemble de la réforme... alors que le texte de la note expliquait avec plus de précision de quoi il s’agissait.

Clairement, on perçoit quatre lignes de réactions des différents acteurs à l’annonce du ministre de l’éducation nationale. En voici d’abord une présentation très sommaire, puis plus développée avec citation des textes publiés depuis vendredi.

► la première est l’ensemble de celles que l’on peut assimiler à l’analyse publiée par la Coordination nationale des Universités et de Sauvons l’Université, que l’on peut résumer ainsi : c’est un « simulacre » de recul, une « manœuvre ». Cette analyse, la plus dure, débouche de manière logique sur un appel à prolonger l’action en cours sur ses bases actuelles et réclamer le retrait total de cette réforme.

► la deuxième ligne me semble tenue par la FSU. L’ensemble de ses syndicats estime qu’il s’agit d’une « réelle inflexion des choix du gouvernement ». Toutefois, elle ne lui semble pas suffisante et le SNESUP « appelle à maintenir toutes les formes de mobilisations » y compris sur la réforme de la formation des enseignants dont il réclame le « retrait du projet actuel » et la « remise à plat globale du dispositif de formation ».

► La troisième ligne ressort du communiqué du syndicat Autonome Sup. Il voit dans la lettre de Xavier Darcos « le geste que la communauté universitaire attendait ». Il estime que « de vraies discussions vont pouvoir commencer sur la réforme ». Et parle d’une « sortie de crise ». Pour la première fois depuis le 2 février, le communiqué d’Autonome Sup ne comporte aucun appel à l’action.

► La quatrième ligne est celle représentée par le Sgen Cfdt qui voit dans la lettre de Xavier Darcos « des annonces importantes », réclame des précisions... mais ne comporte, lui aussi, aucun appel à l’action.

On peut légitimement regrouper ces quatre positions en deux, surtout si l’on considère que les deux premières concluent à un appel à poursuivre le « combat » comme l’indiquait dès vendredi soir le Snesup.

La question la plus importante qui se pose au mouvement en cours est donc maintenant celle de son unité et de sa capacité à surmonter la première petite fissure apparue, essentiellement du côté d’Autonome Sup. Qualité de la Science Française n’a pas encore émis d’appréciation sur son site web. La force du mouvement de protestation provenant pour l’essentiel d’une masse d’universitaires qui ne sont organisés dans aucun de ces syndicats, il n’est pas évident que cette première fissure ait une quelconque influence sur le degré de mobilisation, qui dépendra surtout de la durée du conflit et de l’espoir d’obtenir des résultats plus conséquents.

On trouvera ici le communiqué de SLU.

- Et le communiqué de la Coordination nationale des Universités publié samedi :

Dans sa lettre envoyée à l’ensemble des organisations syndicales, Xavier Darcos, ministre de l’EducationManif002 Nationale, annonce le report d’un an de l’entrée en vigueur des nouveaux concours. Cette manœuvre dilatoire, relayée par certains médias, consiste à faire croire à l’opinion publique que la réforme de la formation des enseignants est repoussée d’un an. Il n’en est rien.

Au lieu d’un report pur et simple de la réforme des concours et de la formation des enseignants, X. Darcos propose un montage en deux temps. La « mastérisation » de la formation des enseignants, qui constitue le premier volet de la réforme, aura bien lieu à partir de la rentrée prochaine, mais avec maintien des concours actuels en 2010.

L’allongement des études financées par les étudiants et la perte de l’année de stage rémunérée, y compris pour les lauréats du concours 2010, sont confirmés par l’application immédiate des stages de 108 heures. La réforme du concours de recrutement, qui constitue le second volet, est reportée à 2011.

Loin de clarifier la situation, ce supposé délai n’est qu’une réécriture à vue d’un décret d’une invraisemblable inconséquence, proposant une application de la réforme en deux temps. La Coordination Nationale des Universités constate que par ce simulacre de recul le ministère continue encore et toujours d’afficher son mépris pour tous les personnels de l’éducation mobilisés contre la réforme dite « mastérisation des concours ». La Coordination Nationale des Universités dénonce cette nouvelle supercherie et exige un retrait total et sans concession des deux volets de la réforme : réforme des concours et réforme de la formation des enseignants. Elle réaffirme que ce retrait demeure plus que jamais l’un des préalables indispensables à l’ouverture de toute discussion.

Notre réponse à Xavier Darcos : tous dans la rue le 24 mars !

- Voici le communiqué de la FSU :

Les mobilisations et leurs premiers effets pour la formation et le recrutement des enseignants Il a fallu des semaines de motions, de manifestations, de grèves d’une rare intensité, conduites par le monde des formateurs dans les IUFM et les UFR, les laboratoires, rejoint par la communauté universitaire dans son ensemble et une large part du monde de l’éducation pour que le gouvernement annonce qu’il est prêt à réviser le dispositif selon lequel il voulait voir évoluer la formation des enseignants et les concours, alors que nombre d’organisations syndicales du premier et du second degré, et le SNESUP inscrivaient parmi leurs revendications celle de l’amélioration de la formation des enseignants, sa reconnaissance par un master et une revalorisation salariale pour tous.

Le refus des deux ministères MEN et MESR de discuter au fond des enjeux, de la nature des évolutions et de leurs objectifs ainsi que du calendrier a aiguisé une condamnation ferme et déterminée que le SNESUP a impulsé dès juin 2008 et sans réserve.

L’annonce le 20 mars, par X. Darcos, après la nouvelle formidable journée de grève et de manifestations du 19, du maintien des concours dans leur forme actuelle pour la session 2010, constitue une réelle inflexion des choix du gouvernement. D’importants compléments, des précisions et des modifications doivent encore être apportés, le SNESUP exige que les conditions d’inscription aux concours soient réellement les-mêmes en 2010 qu’en 2009, y compris pour les étudiants sortants de L3, que les programmes de formation et de préparation aux concours, comme leurs lieux –en particulier les IUFM - soient également maintenus, que les épreuves de tous les concours en 2010 soient les mêmes que les années précédentes. Ces points feront l’objet de toutes les interventions du SNESUP : en particulier nous maintenons que le cadre actuellement défini n’impose pas –bien au contraire- le dépôt de maquettes de master. Le cadre pour 2009-2010 doit être celui des IUFM, des préparations et des masters existants, tous devraient bénéficier d’une procédure nationale exceptionnelle d’équivalence M1.
Une remise à plat globale pour un dispositif 2010-2011 et au delà améliorant la formation des maîtres, qui articule les cursus universitaires, les concours (leur nature et leur temporalité dans le cursus d’études), et l’année post-concours, devrait être mise en chantier en réponse à notre exigence, avec tous les acteurs.

Totalement insuffisante, la prise en compte de compléments de formation pour l’année post-concours marque cependant des inflexions par rapport au projet initial du gouvernement d’une année sans aucune formation. Prérecrutements, aides financières prises en compte pour carrière et retraite, entrée dans le métier sont à redéfinir. L’essentiel reste à construire avec des revendications précises que notre détermination peut faire entendre, dans un contexte qui évolue grâce à nos mobilisations. Ainsi, pour la première fois, le ministre envisage des mesures de revalorisation pour l’ensemble des catégories d’enseignants. La convergence de toute la FSU a pesé, cela doit se prolonger ! Le silence de V. Pécresse sur les aspects du dossier masterisation » qui relèvent exclusivement du MESR comme sur tous les autres depuis plusieurs jours, alors que nous étions plus de 100 000 des universités et de la recherche dans les rues ce jeudi 19 est inadmissible.

Le SNESUP n’a cessé d’intervenir auprès de V. Pécresse et F. Fillon afin qu’ils s’engagent à préserver le potentiel de formation et de recherche des IUFM, à développer la recherche en éducation nécessaire à une réelle élévation du niveau de qualification des enseignants pour une meilleure formation des élèves. Il demande la reconnaissance de la formation professionnelle dans les IUFM dont c’est la mission dans les universités et qui ont les compétences indispensables et avérées. Le SNESUP appelle à maintenir toutes les formes de mobilisations tant pour les questions « master/concours » 2010 et au-delà, que pour faire gagner l’ensemble de nos revendications solidaires : décret enseignants-chercheurs et le contrat doctoral unique, dispositif de la formation et du recrutement des enseignants, restitution de tous les emplois supprimés et plan pluriannuel de créations d’emplois, arrêt du démantèlement des organismes de recherche. Le SNESUP organise le boycott du CTPU le lundi 23. Les conditions de quorum n’étant plus requises pour la convocation suivante de ce Comité, et la date du 24 ayant été prévue par le ministère, le SNESUP demande qu’elle soit reportée pour à la fois donner la primauté au cadre global d’indispensables négociations et à la prise en compte des aspirations des enseignants-chercheurs qui en contestent la version actuelle. A défaut il y défendra fermement sous le contrôle des manifestations de ce jour, l’ensemble des revendications des universitaires et chercheurs et toutes les avancées réclamées en matière statutaire.

Les propositions du SNESUP sur la formation et recrutement des enseignants de premier et second degrés :
► 1. Maintien des concours en l’état pour la session 2010.
► 2. Retrait du projet actuel et remise à plat globale du dispositif de formation articulant les formations disciplinaires et professionnelles avec les concours de recrutement pour les sessions 2011 (au plus tôt) et suivantes. Mise en débat de la place des concours et de leurs contenus que ce soit pour CRPE, CAPES, CAPET, CAPLP ou Agrégation.
► 3. Les épreuves des concours doivent porter à la fois sur le disciplinaire et le professionnel ; leur place doit permettre de mener à bien un Master.
► 4. Conception de la formation sur 6 années (master + année post-concours) avec professionnalisation progressive (préprofessionnalisation en licence dont stages d’observation ; stages de pratique accompagnée et de première responsabilité, mémoire professionnel en master).
► 5. Entrée progressive dans le métier grâce à une année de formation en alternance à temps partiel après l’obtention du concours.
► 6. Pour une réelle amélioration de la formation disciplinaire et professionnelle et une élévation du niveau de qualification de tous les enseignants reconnue par un diplôme de master.
►7. En corollaire de l’élévation du niveau de qualification, revalorisation de la grille indiciaire des enseignants.
► 8. Mise en place d’un réel cadrage national de la formation.
► 9. Maintien du principe d’un recrutement par concours nationaux (second degré) ou régionaux (1er degré) avec un nombre de postes ouverts au concours correspondant aux besoins. Publication d’un plan pluri-annuel de recrutement.
► 10. Dispositif de soutien financier aux étudiants et de pré-recrutements.
► 11. Réaffirmation des rôles et missions des IUFM (notamment, partenariat pour la conception et la mise oeuvre des formations) ; maintien et développement de leur potentiel de formation et de recherche.
► 12. Développement de la recherche en éducation.

MARDI 24 MARS Manifestons à Paris pour l’Ile de France et les académies proches RV à 14h à Port Royal pour se diriger vers le MESR au même point de départ que les Lycées Professionnels (dans l’action notamment contre la réforme du Bac Pro en trois ans) dans les grandes villes universitaires pour les autres régions

Parmi les courriels reçus depuis vendredi voici un extrait de celui de Valérie Girardin, Maitre de conférences à l’université de Caen Basse-Normandie Membre de la commission enseignement de la Société Mathématique de France. Il analyse le point 8 de la lettre de Xavier Darcos :

Rappel du point 8 de la lettre :

« Pourront s’inscrire aux concours de la session 2010 :

- les étudiants déjà titulaires d’un master ou inscrits en M2. Pour ces candidats le recrutement du fonctionnaire stagiaire pour la rentrée 2010 seera subordonné à l’obtention effective d’un master.

- A titre exceptionnel et dérogatoire, pour la seule session 2010 des concours :
- pourront se présenter aux concours de la session 2010 et être admis pour la rentrée scolaire 2010 sans conditions nouvelles de diplômes, les candidats présents aux épreuves d’admissibilité de la session 2009 ;
- pourront également se présenter aux concours de la session 2010 les étudiants inscrits en M1 à la rentrée universitaire 2009. En cas de réussite à un concours de la session 2010, le bénéfice du concours leur sera garanti pendant un an. Ils seront recrutés comme enseignants stagiaires pour la rentrée scolaire 2011 sous réserve de l’obtention de leur M2 à l’issue de l’année universitaire 2010-2011. Ces étudiants bénéficieront pendant cette année des stages en responsabilité ainsi que des différents dispositifs d’aide prévus pour les étudiants de M2.

Voici l’analyse de Valérie Girardin :

- premier point : les étudiants titulaires d’un M1 en 2009 devront valider un M2 en 2010 en même temps que préparer le concours. Donc il faudra mettre en place une année de M2 (de quel master ?) combiné avec une prepa capes. Ceci restera valable les années suivantes.
- deuxième point : * les présents au concours 2009 pourront se présenter au concours 2010. Que feront-ils en 2010-2011 en cas de succès aussi bien qu’en cas d’échec ? * les titulaires d’un L3 sans M1 et non présents au concours 2009, devraient avoir un M2 en 2011 pour voir le concours validé. Ceux d’entre eux qui voudront passer le concours 2010 devront être inscrits a un M1 combiné avec une prépa. Que feront en 2010-2011 ceux qui ne seront pas reçus ? Quel M2 leur correspondrait en 2010-2011 ? Ceux d’entre eux qui ne voudront pas passer le concours 2010 devront être inscrits a un M1 sans préparation préparant a un M2 avec concours en 2011.
- RESUME il faudra assurer l’an prochain dans chaque discipline : A1—un M2 avec prépa capes ancien. A2—un M1 avec prepa capes ancien, conduisant a un M2 sans prepa capes. A3—un M1 sans prepa capes, conduisant a un M2 avec prépa capes nouveau. B. idem pour la préparation au concours de prof des écoles en trois exemplaires. Si on ne met pas en place les versions 3 cette année, le pb sera repoussé à l’année suivante : comment ferait on un M2 nouveau en 2010-2011 après les versions 2 ? Un rectificatif serait urgent avant que la fausse nouvelle ne se répande...