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Chercheurs, facs : la stratégie du pourrissement - Gérald Andrieu, Marianne2, 24 février 2009

mardi 24 février 2009, par Laurence

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Malgré les vacances, le mouvement universitaire continue à faire du bruit. Mais à la tête de l’Etat, il n’y a plus personne pour l’entendre…

Trois semaines qu’ils ont déserté laboratoires et amphis pour battre le pavé. Trois semaines qu’ils en appellent, sans relâche, au retrait du décret modifiant leur statut et du projet de masterisation de la formation des futurs enseignants. Et trois semaines, enfin, que le monde universitaire en ébullition se voit opposer une fin de non-recevoir de la part du gouvernement…

Pour Isabelle This Saint-Jean, la présidente de « Sauvons la recherche », François Fillon et ses ministres ont délibérément choisi « la stratégie du pourrissement ». Un « pourrissement » qui passe, d’après elle, par une absence totale d’interlocuteurs : « La seule interlocutrice que nous avons, c’est la médiatrice. Mais elle n’a pour mission que de modifier le décret sur le statut des enseignants-chercheurs. Parler avec elle du décret, c’est rentrer dans le jeu du gouvernement. Normalement, notre interlocutrice privilégiée, c’est la ministre ! »

Pécresse « out »…

Mais « la ministre » en question est lessivée. Complètement « out » Valérie Pécresse. Celle qui, il y a encore pas si longtemps, figurait au tableau d’honneur du président, s’est plantée dans les grandes largeurs et se retrouve aujourd’hui au piquet. Du coup, le mouvement universitaire cherche désespérément une oreille attentive. Et cette oreille attentive, Isabelle This Saint-Jean explique qu’ils ne la trouveront pas du côté de François Fillon : « Que nous a-t-il dit dans la tribune qu’il a publiée dans Libération ? “Ayez confiance !” Mais nous ce dont on a besoin, c’est de signes forts ! »

Le député UMP Daniel Fasquelle aurait pu leur en donner. Désigné pour former un groupe de travail aux côtés de Benoist Apparu et Claude Goasguen, il a même proposé un nouveau décret qui aurait pu faire retomber la pression. « Pourquoi nous comprend-il ? », s’interroge la dirigeante de « Sauvons la recherche », « Ce n’est pas faire du corporatisme que de le dire, mais c’est parce que c’est un universitaire ». Or, en Sarkozie, c’est un tort que de « comprendre » les contestataires…


Sarkozy et la fausse concertation

Il ne reste donc plus que le chef de l’Etat lui-même. Mais il est trop occupé à jouer le simulacre de la concertation et du dialogue social : aujourd’hui, Nicolas Sarkozy a en effet reçuà déjeuner en son palais des « enseignants de base » n’étant « ni syndicalistes, ni proches du ministère ». Fin janvier, il avait déjà tenté la même opération de communication — avec le résultat que l’on connaît — en accueillant des lycéens à sa table.

Sans interlocuteurs, le mouvement se retrouve plongé dans une sorte de léthargie. Une léthargie qui se retrouve amplifiée à cause des vacances. Isabelle This Saint-Jean le reconnaît d’ailleurs volontiers : « Ca représente un risque pour la mobilisation. Surtout pour la mobilisation étudiante. C’est à nous de gérer ça. Car évidemment le gouvernement va s’engouffrer dans la faille pour dire que le mouvement faiblit. Mais ça ne faiblit pas : les laboratoires se remobilisent. Il y a désormais des convergences avec le primaire et le secondaire. Et puis, nous n’avons pas d’autres choix que de tenir. »