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Enseignement privé : Peillon écarte les étudiants non européens du concours de recrutement - Communiqué de SLU, 28 septembre 2013

lundi 30 septembre 2013, par PCS (Puissante Cellule Site !)

Une modification significative de la loi passée inaperçue.

Qui sait ce qu’est le CAFEP ? Personne ou presque... Le savent les préparateurs aux concours et les étudiants, en particulier non-européens, qui s’y préparent, désormais dans le cadre des masters MEEF (Masters de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation) des ESPE (Écoles Supérieures du Professorat et de l’Édcucation). Le CAFEP est le certificat d’aptitude aux fonctions des maîtres de l’enseignement privé. L’équivalent du CAPES mais à destination de l’enseignement privé. Tellement équivalent que les candidats sont convoqués ensemble, pour les mêmes épreuves, et que les membres du jury, en plus de ne pas savoir qui est qui, ne savent pas plus à quel concours (CAPES ou CAFEP) le candidat prétend. Par ailleurs, contrairement au CAPES, le concours ne donne pas directement accès à un poste, le lauréat certifié doit ensuite trouver un établissement qui le recrutera.
Alors que le ministère se réjouit de l’attrait provoqué par sa réforme de la formation des enseignants, dans le même temps, il vient brusquement et sans prévenir de claquer la porte du CAFEP au nez des étudiants non-européens. En effet, par une modification de la loi datant du 23 août dernier, ceux-ci se trouvent exclus du CAFEP qui leur était jusque-là ouvert.
Qui en a été informé ? pas même les formateurs des ESPE !
Ainsi, de nombreux étudiants se sont inscrits dans ce merveilleux nouveau diplôme accueilli par ces écoles de l’excellence pédagogique et ne peuvent s’inscrire au concours !

En effet, alors que l’ancienne loi stipulait :

« Les candidats de nationalité étrangère hors État membre de l’Union européenne ou hors État partie à l’accord sur l’Espace économique européen peuvent se présenter au concours. Les lauréats ne pourront exercer dans un établissement d’enseignement privé sous contrat que s’ils obtiennent l’autorisation d’enseigner après avis du conseil de l’éducation nationales institué dans chaque académie. » [1]

La nouvelle loi indique hypocritement :

« L ’article R. 914-19-2 est remplacé par les dispositions suivantes :
Art. R. 914-19-2.-I. ― Les concours d’accès au certificat d’aptitude au professorat des écoles
[sous-entendu « privé »] correspondant aux concours externes et au troisième concours de l’enseignement public sont ouverts aux candidats remplissant les conditions d’inscription aux concours correspondants de l’enseignement public. » [2] [3]

Cette exclusion de fait des candidats qui ne sont pas ressortissants de l’union européenne ou de l’espace économique européen s’est faite dans le silence le plus total.

Que vont faire ces étudiants en cette période où toutes les inscriptions sont closes ? [4]

Si certains doutaient encore que les réformes auraient des répercussions directes sur les étudiants, la preuve en est désormais faite. C’est probablement par courage politique que nos réformateurs commencent par tirer à couvert sur les étudiants les plus fragiles, tout en prétendant inscrire dans leur formation comment «  Agir en fonctionnaire éthique et responsable  » ?

S’agit-il d’employer tous ces étudiants comme contractuels s’ils obtiennent leur master sous prétexte que les non européens feraient de la meilleure chair à précaires ?
Quoi qu’il en soit, si les raisons de cette modification sont suspectes, la façon dont elle a été faite, est, elle, insupportable. Elle manifeste le mépris le plus complet des étudiants et des préparateurs qui devront en faire écho.


[1Consultable ici

[2C’est-à-dire posséder la nationalité française ou être ressortissant d’un autre État membre de l’Union européenne ou partie à l’accord sur l’Espace économique européen, ou d’Andorre ou de Suisse

[3Consultable ici

[4Le nombre d’étudiants concernés est loin d’être négligeable : un quart des inscrits en Chinois à Paris 7, un quart en Musique à Paris 8, par exemple.