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Stéphane Tassel « Pénurie et détournements de fonds » - L’Humanité, 6 janvier 2011

samedi 8 janvier 2011

La loi LRU (libertés et responsabilités des universités), comme le passage aux « responsabilités et compétences élargies », révèle à quel point le gouvernement se défausse de ses responsabilités et pousse la communauté universitaire à gérer la pénurie. Les « marges de manoeuvre » budgétaires autorisées par la loi LRU rendent possible le détournement des ressources du service public à commencer par l’emploi. Ces budgets sont devenus incompréhensibles pour qui souhaite réellement en maîtriser les destinations. Leur globalisation contribue à dissimuler tant la hausse des emplois précaires faiblement rémunérés, que celle de collaborateurs zélés aux rétributions outrancièrement élevées. Est-il normal de pouvoir utiliser des sommes prévues pour rémunérer des agents à rénover des locaux ou fi nancer un surplus de primes individuelles ? Tout est fait pour escamoter l’effectif réel des agents d’un établissement ou leurs rémunérations. Ou encore pour rendre impossible l’établissement d’une cartographie nationale de l’emploi du supérieur. Un établissement peut décider de transformer des emplois de fonctionnaires en emplois de contractuels exonérés de toute limitation sur le niveau de rémunération. On assiste à l’ouverture d’un véritable marché « libre » de l’emploi du supérieur. Obtenir du ministère un suivi national de l’emploi, un engagement fi nancier pour garantir le niveau des rémunérations indiciaires, ainsi que l’amélioration des déroulements de carrière, est un préalable à un plan pluriannuel d’emplois publics et de revalorisation de tous. La seule adaptation à la marge de la loi LRU ne permettra pas de contrer les dérives concurrentielles mortifères pour les formations et la recherche publique et, audelà, pour la société.

STÉPHANE TASSEL, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU SNESUP-FSU.


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