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Londres : nouvelle manifestation d’étudiants - Le Monde, 24 novembre 2010

jeudi 25 novembre 2010

Plusieurs milliers d’étudiants ont manifesté mercredi 24 novembre à Londres et dans le reste de la Grande-Bretagne contre la hausse des droits d’inscription à l’université. Alors qu’une première mobilisation, le 10 novembre, avait déjà donné lieu à des violences dans la capitale, quelques étudiants se sont de nouveau livrés mercredi à plusieurs actes de vandalismes, au cours de manifestations inhabituelles en Grande-Bretagne.

A Londres, onze manifestants et deux policiers ont ainsi été blessés mercredi. Selon un premier bilan policier, vingt-neuf étudiants ont été arrêtés dans la capitale, tandis que deux autres l’étaient à Cambridge. "Saloperies de Tories, faites gaffe !", "A bas les coupes !" ont scandé des étudiants, dont certains étaient masqués ou portaient des capuches relevées. Des centaines de policiers, dont des unités de police montée, ont dû faire barrage face à des milliers de jeunes venus manifester leur colère à Whitehall, le quartier des ministères, à Londres. A la nuit tombée, la police bouclait toujours le périmètre, progressivement évacué par les protestataires.

Des groupes d’étudiants, fortement encadrés par la police, avaient dans l’après-midi progressé depuis différents points de la capitale britannique vers Trafalgar Square, place centrale de Londres, et les bâtiments gouvernementaux. Certains d’entre eux sont parvenus à escalader des bâtiments officiels ou sont montés sur des arrêts de bus, tandis que d’autres lançaient des fumigènes et des bâtons sur les barrages de police. Lors de la précédente journée d’action des étudiants, les forces de l’ordre avaient été débordées par des manifestants qui avaient envahi le siège du Parti conservateur à Londres.

"JE VEUX FAIRE QUELQUE CHOSE DE MA VIE"

"On va faire tout ce qu’on peut pour arrêter ça. L’austérité veut dire évidemment plus d’inégalités sociales", a expliqué un étudiant de 23 ans, inscrit en allemand au King’s College de Londres. "Nous sommes ici pour montrer au gouvernement comment ça se passe quand on est en colère", a déclaré un autre étudiant masqué, après qu’il eut grimpé jusqu’aux fenêtres du Foreign Office. "Je veux aller à l’université, je veux faire quelque chose de ma vie, mais ces coupes vont rendre cela presque impossible. Ma mère vit des allocs et a déjà du mal à joindre les deux bouts", a témoigné une collégienne de 15 ans, en uniforme noir et chemise blanche, qui a manqué les cours de son établissement avec deux amis pour venir manifester.

En tout, ce sont quelque 10 000 étudiants qui ont manifesté sur plusieurs sites londoniens, tandis que les autres villes universitaires du pays ont vu des défilés allant de quelques centaines à 3 000 personnes réunies contre les hausses des frais d’inscription à l’université et le Parti libéral-démocrate du vice-premier ministre, Nick Clegg. Le parti et ses dirigeants sont devenus la cible de la colère des étudiants pour avoir renié leur promesse de campagne électorale de combattre toute augmentation.

Le gouvernement prévoit en effet de faire passer les frais d’inscription dans les universités anglaises de 3 290 livres (3 867 euros) par étudiant et par an à 6 000 livres, et dans "des circonstances exceptionnelles" à 9 000 livres. Entre 20 000 et 50 000 personnes avaient déjà manifesté le 10 novembre contre ce projet en Grande-Bretagne : la police avait procédé à soixante-six arrestations, dont celle d’un étudiant soupçonné d’avoir jeté un extincteur sur des policiers du haut de l’immeuble qui abrite le siège du Parti conservateur.


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