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Université : Valérie Pécresse vante la France à Shanghaï - Amélie Weill, Le Monde, 7 juillet 2010

jeudi 8 juillet 2010

Mardi 6 juillet, Valérie Pécresse a poussé les portes de la Shanghai Jiao Tong University (SJTU). Alors que la ministre de l’enseignement supérieur s’efforce de démontrer les bienfaits de sa réforme sur l’autonomie des universités françaises – la loi LRU votée en août 2007 –, elle a saisi l’occasion de son voyage officiel en Chine pour rencontrer les chercheurs qui publient le fameux classement des "500 meilleures universités".

Ce hit-parade, s’il est souvent décrié, s’est imposé dès sa création, en 2003, comme un repère majeur dans l’étalonnage du paysage universitaire mondial. Les Etats-Unis (Harvard, Stanford, Berkeley, etc.) sont les grands champions de cet exercice et raflent, tous les ans, les premières places tant jalousées de ce classement qui fait trembler le monde académique international.

La France y fait pâle figure. En 2003, elle comptait seulement deux établissements parmi les 100 premiers, en 2009, trois universités françaises étaient dans le "top 100"... Valérie Pécresse a donc tout intérêt à améliorer ce score si elle veut justifier les réformes de la loi LRU et de la loi PRES (créant les pôles de recherche et d’enseignement supérieur).

Malgré l’engouement gouvernemental, le classement de Shanghaï ne fait pas l’unanimité dans le monde universitaire français. Intitulé "les 500 meilleures universités du monde", le palmarès ne met en valeur que la recherche et ne juge que les universités dédiées aux sciences exactes et aux sciences de gestion. Exit, donc, les pôles de recherche en sciences humaines, qui se plaignent déjà d’une réforme LRU qui se ferait à leur détriment.

Au-delà des domaines évalués, ce sont les critères des juges de Shanghaï qui sont régulièrement remis en cause. La sélection s’opère en fonction du nombre de Prix Nobel ou de médailles Fields obtenus par des membres de ces universités, de l’index de citations de chercheurs, etc. Ainsi passent à la trappe d’autres mesures primordiales dans le choix d’une université comme la qualité de sa formation ou son attractivité pour les étudiants.

Ce classement au rayonnement désormais planétaire agace donc, autant qu’il intimide. Pourtant, il a fait fleurir d’autres "hit-parades" universitaires qui s’appuient sur d’autres critères tout aussi partiaux, comme la classification américaine du Times Higher Education, basée en partie sur la réputation des établissements.

Malgré leurs limites, ces classements sont rapidement devenus des indicateurs incontournables. L’Union européenne n’est pas en reste, et a lancé en 2008 un projet de classement multidimensionnel. Les critères sélectionnés devraient être volontairement plus nombreux, même si la lisibilité risque d’en pâtir.


Voir en ligne : http://www.lemonde.fr/societe/artic...