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Des universitaires s’élèvent contre un "contrôle de moralité" des futurs enseignants - L. Cédelle, Le Monde, 3 juin 2010

jeudi 3 juin 2010

C’est une des pommes de discorde issues de la réforme de la formation des enseignants du primaire et du secondaire : l’introduction dans les épreuves orales d’admission des prochains concours d’enseignement (session 2011), d’une évaluation de la compétence "Agir en fonctionnaire de l’Etat et de façon éthique et responsable". Mais, les concours d’enseignement étant de la responsabilité des universités, c’est surtout parmi les universitaires, souvent présidents des jurys de Capes ou d’agrégation, que cette mesure provoque une levée de boucliers. Les protestataires jugent cette épreuve abusive et disent "Non au contrôle de moralité des futurs enseignants". Ainsi s’intitule leur pétition, qui vient de dépasser les 4 500 signatures, parmi lesquelles celles d’universitaires très connus : Olivier Beaud, Marcel Gauchet, Claude Lefort, Philippe Raynaud, Vincent Descombes, Jean-Luc Nancy, Etienne Balibar, Christophe Charle, Suzanne Citron…

Cette "compétence" exigée des futurs enseignants figure au premier rang (sur dix) dans le " référentiel des compétences professionnelles des maîtres", issu en 2006 des travaux du Haut conseil de l’éducation. Mais l’introduction d’une épreuve (un entretien de vingt minutes) portant sur cette seule compétence est une nouveauté. "Nous ne pouvons admettre, dit le texte de la pétition, qu’un jury puisse éliminer des candidats, en supputant dans le cadre d’une épreuve orale aux contours opaques leur incompétence en matière d’éthique et de responsabilité ; nous ne pouvons comprendre comment pourrait être suspecté le désir d’être un enseignant compétent et dévoué, s’agissant de personnes qui, au terme de plusieurs années d’étude exigeantes, et d’une ou plusieurs années de préparation spécifique, se présentent aux concours de recrutement de l’enseignement."

Le ministère de l’éducation rétorque qu’il ne s’agit pas d’évaluer des opinions mais des connaissances et rappelle par ailleurs que les inscriptions pour les concours de la session 2011 sont déjà ouvertes depuis le 1er juin. "On ne demandera jamais à un candidat s’il est d’accord ou non avec telle réforme, mais s’il connaît les dispositions qui le concernent et s’il peut situer son action dans ce cadre légal", a déclaré Josette Théophile, directrice générale des ressources humaines. Jean-Louis Auduc, directeur adjoint de l’IUFM de Créteil, juge pour sa part "indispensable qu’un candidat connaisse l’organisation du système dans lequel il va enseigner et les droits et obligations du fonctionnaire qu’il sera s’il réussit le concours".


Voir en ligne : Le Monde