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Martin Hirsch demande la régularisation de trois étudiantes sans papiers, V. Soulé, Libération 5 mars 2010

samedi 6 mars 2010

La ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, s’est penchée cette semaine sur une épineuse question : la malbouffe dans les restos U. « Le problème du pain est particulièrement préoccupant », lit-on en gras dans le rapport de huit pages présenté à cette occasion par Jean-Pierre Coffe et l’ex-président de Paris-IV Jean-Robert Pitte. Pendant ce temps, son collègue au gouvernement, le haut-commissaire aux Solidarités actives, Martin Hirsch, se préoccupait d’une situation largement aussi dérangeante : le sort de trois étudiantes de Pau d’origine comorienne menacées d’expulsion. Dans une lettre au préfet des Pyrénées-Atlantiques, il lui demande de réexaminer leur dossier et de les régulariser afin qu’elles puissent poursuivre leurs études.

La mobilisation de l’université de Pau est exceptionnelle. Après les mois de mobilisation de l’an dernier contre les « réformes Pécresse » et le peu de résultats obtenus, on aurait pu imaginer la communauté universitaire désabusée, voire découragée. A Pau, ça n’est manifestement pas le cas. On a même vu émerger un mouvement totalement inédit de « désobéissance civile », qui n’est pas sans rappeler celui des professeurs du primaire. Trois cent trente personnes - des enseignants-chercheurs pour la plupart mais aussi des agents techniques et administratifs -, soit un tiers des effectifs de l’université, se sont ainsi engagées à cacher ou à héberger deux de ces étudiantes comoriennes après une tentative d’interpellation par la police aux frontières (PAF), le 15 février, au sein même de la fac de lettres. La troisième étudiante n’a, elle, pas été inquiétée. « Attachés aux traditions et aux valeurs de l’université, écrivent les signataires, nous prenons nos responsabilités, en hébergeant ces étudiantes, et acceptons les risques d’une action illégale mais légitime. »

Depuis, Sitti Youssouf et Liouize Ali, en deuxième année de géographie, vivent dans la clandestinité. Elles ont fait l’essentiel de leurs études à Mayotte, territoire français, où elles sont arrivées petites. L’une a un père français, l’autre un tuteur français. Mais elles n’ont pu obtenir de titre de séjour. Et, visées par une ordonnance de quitter le territoire, arrêtées le 25 janvier puis relâchées pour vices de procédure, elles risquent d’être renvoyées aux Comores où elles n’ont plus personne. « Il est temps de trouver une solution, toute l’université est bouleversée », explique Jean Ortiz du Snesup, le syndicat au cœur de la mobilisation avec les étudiants de RUSF (Réseau Universités sans frontières).


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