Accueil > Revue de presse > Une grève, à quoi bon ? éditorial de François Jarraud, Cafepedagogique.net, le (...)

Une grève, à quoi bon ? éditorial de François Jarraud, Cafepedagogique.net, le 15 décembre 2011

jeudi 15 décembre 2011

Comment interpréter la relative modestie du mouvement de grève de ce 15 décembre ?

Faut-il y lire une acceptation par les enseignants de la réforme de leur mode d’évaluation ou un simple problème de timing ? Au moment où s’écrivent ces mots, les estimations syndicales sur la portée du mouvement donnent à penser que, malgré une très large unité syndicale, le mouvement du 15 décembre aura une force inférieure aux dernières grandes journées comme celle du 27 septembre. Et beaucoup penseront que cela signe une acceptation des réformes voulues par Luc Chatel.

Pourtant trois facteurs éclairent différemment cette journée. Le premier c’est la perspective des présidentielles. Pour beaucoup d’enseignants l’échéance électorale remet à plus tard la confrontation. Même si le gouvernement s’obstinait à maintenir ce projet et s’il arrivait à boucler les textes avant l’élection, celle ci donnerait l’occasion de maintenir ou pas la réforme.

Un aspect de la réforme a été peu perçu par les enseignants qui sont davantage braqués sur le rôle du chef d’établissement. Il s’agit du redressement salarial qui accompagne le nouveau mode d’évaluation. La nouvelle grille indiciaire prévue par le gouvernement ralentit l’avancement et rapporterait gros à l’Etat. Or les enseignants vont être amenés à considérer cette question. A partir de janvier, ils vont payer le prix des récentes mesures d’économies gouvernementales. Plusieurs mécanismes vont entamer de 15 à 20 euros le salaire net des enseignants.

Enfin il y a toute l’idéologie qui accompagne le nouveau mode d’évaluation. Cette réforme s’inscrit dans un ensemble qui change en profondeur le projet scolaire. Ce que met en place Luc Chatel c’est un mode de gestion libéral du système éducatif où des évaluations permettent de mettre en concurrence les établissements. Dans cette optique chacun devient autonome et on comprend que le chef d’établissement ait un pouvoir d’évaluation de "son" personnel. Par ce modèle, le gouvernement veut atteindre une efficacité plus grande de l’Ecole en soumettant aux parents et au chef d’établissement les enseignants. En focalisant ainsi toutes les difficultés du système sur les seuls enseignants il s’éloigne d’eux. Fort de sa cohérence interne et du fait de fonctionner dans plusieurs pays ce modèle est faible de l’opposition qu’il génère chez les acteurs de l’Ecole. Peut-on accompagner l’Ecole vers le changement en n’usant que de la menace ?

Pour lire cet éditorial sur le site cafepedagogique