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Les finances de cinq universités dans le rouge, Marie-Estelle Pech, Le Figaro, 30 novembre 2011

mercredi 30 novembre 2011

Cinq universités sont placées sous gestion rectorale ou ministérielle. C’est une des conséquences techniques de la loi sur l’autonomie des universités.

Certaines universités passées à l’autonomie depuis 2009 connaissent des difficultés budgétaires. L’université Pierre-et-Marie-Curie (Paris-VI), l’université de Savoie, Bordeaux-III, l’université de Limoges et l’école normale supérieure de Cachan viennent d’être placées sous la gestion des recteurs ou du ministère de l’Enseignement supérieur. Ces cinq universités ont connu deux exercices financiers en déficit consécutifs en 2009 et 2010, ce sont donc les recteurs qui arrêteront le prochain budget, conformément à la loi. Pour le ministère, il ne s’agit pas « d’incriminer les universités » mais de travailler « sereinement » avec elles pour « assainir leur situation financière ». Deux autres universités, Paris-XIII et l’INSA de Rouen devaient dans un premier temps faire partie de ces établissements placés sous surveillance « mais des solutions ont pu être trouvées et nous ne recourront pas à cette procédure exceptionnelle », explique-t-on dans l’entourage de Laurent Wauquiez, le ministre de l’enseignement supérieur.

Problèmes d’écritures comptables

La principale raison de ces difficultés budgétaires est « technique », affirme Louis Vogel, président de la conférence des présidents d’universités (CPU). Avec la loi sur l’autonomie, de nouvelles normes comptables s’appliquent : ainsi, les frais d’inscription, perçus en septembre par les universités doivent désormais être comptabilisés pour un tiers sur une année, pour deux tiers sur l’année suivante. Mécaniquement, explique-t-il, «  le compte de résultat risque d’être déficitaire » comme à l’université de Savoie. Les présidents d’universités doivent désormais gérer leur masse salariale mais font face à des situations qui n’ont pas toujours été prévues, accusent-elles. C’est le cas de la pyramide des âges de ses fonctionnaires, plus ou moins vieillissante et donc plus ou moins coûteuse. Le gouvernement a débloqué 14,5 millions d’euros pour régler ce problème mais il persistera dans les années à venir. Enfin, les primes promises par l’État aux professeurs ont été accordées par les universités avec pour conséquence d’alourdir le coût de leur masse salariale.

L’autonomie a un coût, selon la conférence des présidents d’université
Certaines universités incriminées protestent contre cette tutelle. Le président de Bordeaux-III estime ainsi que son exercice financier 2011 sera en équilibre, tout comme le budget 2012. Paris-VI affirme que son budget est en équilibre même si elle a mobilisé une partie de ses réserves. D’autres déplorent de ne « pas avoir les moyens suffisants de leur autonomie ». « Il n’est pas question de remettre la loi en question mais la société doit se rendre compte que l’autonomie a un coût », estime Louis Vogel. L’Unef évoque 45 universités qui auraient des difficultés à présenter un budget équilibré. Des gels de postes seraient envisagés à Nanterre ou à Pau. Le syndicat Snesup-FSU, lui, dénonce carrément « l’échec de la loi ».

L’ensemble des 83 universités françaises ont dégagé en 2010 un déficit total de 37 millions d’euros, a rappelé le député PS Alain Claeys. « Demain, combien d’entre elles seront placées sous tutelle ? Quelles seront leurs variables d’ajustement ? Gel des postes ? Arrêt de certaines formations ? », a-t-il lancé à l’Assemblée Nationale.

Wauquiez : des moyens sans précédent ont été accordés aux universités
Selon Laurent Wauquiez « depuis quatre ans, des moyens sans précédent ont été donnés à l’enseignement supérieur », en particulier une « augmentation moyenne de 20 % depuis quatre ans » des moyens des universités. «  Les moyens supplémentaires ont été deux fois plus importants qu’au cours des dix dernières années », donc « nous avons donné les moyens de l’autonomie », a-t-il ajouté. Les universités se sont saisies de ces moyens pour améliorer les conditions d’études et de travail des étudiants, enseignants et personnels. « Preuve du succès de la réforme, toutes seront autonomes au 1er janvier 2012 ». Seuls cinq à sept universités connaissent des difficultés « passagères » sur 83, affirme-t-il, ce qui ne remet pas en cause leur «  bonne gestion ». Et « l’arbre ne cache pas la forêt ».

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