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Est-ce que François Hollande pourra créer réellement 12 000 postes d’enseignants en 2012 ? - Sébastien Rome, "le blog de Médiapart", 13 octobre 2011

samedi 15 octobre 2011

Je pose cette question à partir d’un document discret que je révèle aux lecteurs de Mediapart, rédigé par Jean Louis Auduc, membre du PS et directeur adjoint de l’IUFM de Créteil. Ce document est une feuille de route pour un PS vainqueur en 2012 et qui aurait pour ambition de remettre sur pied une formation des enseignants réduite à néant par la Droite. Mais sera-t-il vraiment possible de créer 12 000 vraies postes pour la rentrée 2012 ? On est tenté de dire non...

Afin de ne pas se faire empapaouter, je lance une question à l’un des deux impétrants : François Hollande. Dans cette primaire, on apprend des mots et on s’écrit aussi. Profitons.

Imaginons que François gagne et ce dimanche et le dimanche 6 mai 2012 et que la gauche l’emporte aux législatives du 17 juin. Maintenant, attribuons à François Hollande la volonté de créer 12 000 postes par an.

Hypothèse 1 : comme le Ministère doit supprimer 14 000 postes à la rentrée 2012, François Hollande n’en supprimera que 2 000 (14 000 moins 12 000) . Cela ferait très mauvais effet et je ne crois pas que cela corresponde aux volontés du nouveau Président.

Hypothèse 2 : François Hollande veut bien créer 12 000 postes en plus. Il fait adopter, après le 17 juin donc, une loi de finances rectificative, un collectif budgétaire, où l’on annule les 14 000 suppressions de postes et l’on en rajoute 12 000. Mais où les trouver ? Sachant que l’Education nationale a mis au concours 13 600 postes d’enseignants prenant fonction pour la rentrée 2012, (rappel : notre Président actuel ne remplace pas un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, d’où les 14 000 suppressions de postes), comment recruter 12 000 enseignants pour la rentrée 2012 ? Va-t-on rappeler les 12 000 premiers non reçus ? Prendrons-nous 12 000 étudiants en fin de Master 2 ? Sur quels critères ? Va-t-on faire encore pire que la droite pour la rentrée 2012 en donnant au premier venu un poste, passant de la sorte, des plages d’été à la classe, avec encore moins de formation et sans concours ?

On voit bien tous les problèmes posés.

Hypothèse 3 : Les 12 000 postes créés en 2012 seront en formation et rentreront donc en activité réelle en 2013. Il y aura donc bien 14 000 suppressions de postes à la rentrée 2012, à moins que le collectif budgétaire en décide autrement. Mais comment faire autrement ? Comment recruter dans l’été 14 000 postes pour compenser les départs à la retraite. Demander aux retraiter de rester un an de plus ? Là encore le problème du recrutement se pose. Mais se posera aussi en même temps le problème de la formation à offrir aux 12 000 nouveaux enseignants 2012 pour la rentrée 2013. J’ai dis 12 000 ? Mince alors... j’ai cru entendre, de la bouche de François Hollande que la création d’une année de formation coûte 16 000 postes...(voir la vidéo du débat à 1h29). Bon peut-être 12 000 la première année et 4 000 la deuxième ou 16 000 la deuxième, enfin, je ne comprends plus rien et vous non plus je pense. En effet, Jean Louis Auduc, rédacteur de la note sur la (re)création d’une formation des enseignants, parle de 6 000 postes pour 17 000 postes...

En tout état de cause, écrit avant l’été et la volonté de recruter 60 000 enseignants en 5 ans, le document produit par Jean-Louis Auduc, soutien de Martine Aubry, souligne à quel point la remise sur pied d’une formation des enseignants est une course contre la montre : « Toutes les décisions concernant la formation des enseignants doivent être bouclées pour début septembre 2012 si l’on souhaite qu’elles soient pleinement efficientes pour la session de recrutement 2014, ce qui signifie donc des négociations à mener et à boucler pendant tout l’été 2012. » La désorganisation sera importante puisque « les postes au concours 2013, si est supprimée la règle de départ d’un fonctionnaire sur deux seront plus du double de ceux de la session 2012 » et quand on sait que recruter un enseignant, cela devient difficile...

Ainsi, « les étudiants en M1 [master 1er année] en 2010-2011, vont finir leur M1 en juin 2012 et se préparent à passer en septembre et novembre 2012 les épreuves d’admissibilité du concours 2013. La situation ne sera pas simple. Les besoins en enseignants font se faire très pressants [à cause des suppressions] alors que la politique de la Droite a conduit à une crise de recrutement sans précédent. Il faut éviter d’avoir à recruter de nombreux vacataires et auxiliaires qui seraient un problème difficile à résoudre pour l’avenir. »

Si bien évidement, on ne retrouve pas un mot, et pour cause, du recrutement d’enseignants en 2012, on comprend parfaitement pourquoi il sera difficile, sinon impossible, à François Hollande de recruter 12 000 d’enseignants dignes de ce nom (c’est-à-dire non vacataires et formés).

Je ne vois qu’une seule solution, peut-être François Hollande en voit d’autres (et vous, avez-vous une idée), c’est de créer avec la masse salariale de 12 000 postes :

- des stages obligatoires, en responsabilité dans la classe, avant admission en 2013 pour les admissibles de la session de novembre 2012 (cf le document de J-L Auduc) (moins de 6 000 postes)

- Des stages obligatoires pour les étudiants de master 2, voire master 1 (d’une durée plus courte pour eux), en pratique accompagnée (avec un maître dans la classe).

Chacun mesurera le bricolage incontournable auquel se prêtera la Gauche en 2012 si elle gagne. La faute à la politique de la droite bien sûr mais aussi à une annonce trop rapide et un peu clientéliste de l’imprudent impétrant Hollande. Aurais-je une réponse avant dimanche pour trancher ? Je ne pèse qu’une possible voix...

Note Formation de Jean-Louis Auduc


Voir en ligne : http://blogs.mediapart.fr/blog/seba...