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Les frais cachés de la rentrée universitaire 2011 irritent les étudiants, Clarisse Jay, La Tribune, 18 juillet 2011

mardi 19 juillet 2011

Les hausses cumulées du ticket RU, de la Sécurité sociale et des frais d’inscription alors que les jeunes peinent de plus en plus à s’insérer font craindre une dégradation de la vie étudiante.

A peine nommé rue Descartes, Laurent Wauquiez aura eu son baptême du feu. Le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a dû faire face début juillet à la grogne des étudiants concernant la hausse du coût de leur vie. Il est vrai que le mois de juillet est traditionnellement celui des annonces d’augmentation des frais universitaires pour la rentrée à venir.

De fait, les premières décisions du ministre ont été d’augmenter les frais d’inscription (+ 1,72 % en licence, + 4,7 % en master, + 3,6 % en doctorat et + 3,5 % pour les titres d’ingénieur), de Sécurité sociale étudiante (de 3 euros à 203 euros) ainsi que du prix du ticket RU (restauration universitaire) de 3 à 3,05 euros. Pourtant, fait sans précédent, le conseil d’administration du centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous), s’était prononcé contre cette hausse du ticket RU (qui atteint 22 % en cumulé depuis 2002). Les organisations étudiantes, dont l’Unef et la Fage, ont dénoncé ces nouvelles entorses à l’égalité et la justice sociale, les études longues devenant dès lors moins accessibles aux plus pauvres (245 euros pour une inscription en master contre 177 euros en licence). Et n’ont pas manqué de rappeler qu’en 2006, Laurent Wauquiez avait rédigé un rapport préconisant des mesures d’urgence en matière d’aides sociales aux étudiants…

Multi-récidivisites

L’Unef vient d’ailleurs d’enfoncer le clou en publiant sa 7ème enquête annuelle sur les pratiques des universités en matière de droits d’inscription. Si la proportion des établissements pratiquant des frais "illégaux" a baissé depuis 2005, passant de 64 à 28 (26 en 2010), il n’en reste pas moins qu’un tiers d’entre eux multiplient toujours les astuces pour s’assurer des ressources supplémentaires : frais de dossier, transformation de diplômes nationaux en diplômes "maison" (les "diplômes universitaires" ou DU) aux droits non réglementés, formation professionnalisantes ou d’excellence plus chères (c’est le cas de plusieurs instituts d’administration des entreprises et de certains masters), prestations complémentaires non identifiées. Certaines universités sont même coutumières du fait, telles Aix-Marseille 3 (4.555 euros pour une inscription en master à l’IAE), Grenoble 2 ou Pau. A l’instar de Valérie Pécresse les années précédentes, Laurent Wauquiez a promis de "traquer " et "d’interdire" ces frais illégaux. Mais les organisations étudiantes se font peu d’illusions même si les années passées, une douzaines d’universités ont été contraintes de rembourser leurs étudiants. "La réunion de travail que nous avions eue avec Valérie Pécresse en 2010 n’a débouché sur rien et c’est toujours l’Unef qui saisit le tribunal administratif", regrette Emmanuel Zemmour, le président du syndicat étudiant. Et quand l’université se fait rappeler à l’ordre, comme se fut le cas de Grenoble 2 en 2005, cela ne l’empêche pas de récidiver…

Chiffon rouge

De fait, cette accumulation de hausse de frais et de pratiques tarifaires laissent présager une rentrée universitaires tendue alors que le précarisation des jeunes s’aggrave depuis plusieurs années (le salariat étudiant ne cesse de progresser) que le financement complet du 10e mois de bourse promis par Valérie Pécresse pour 2011 reste incertain. "Nous allons nous retrouver face à un gouvernement qui va agiter le chiffon rouge de la dette. Nous craignons une politique de rigueur pour les étudiants particulièrement cette année", anticipe Emmanuel Zemmour (l’Unef publiera son enquête annuelle sur le coût de la vie étudiante la dernière semaine d’août). Le nouveau locataire de la rue Descartes devra faire preuve de prudence et de finesse s’il ne veut pas se mettre à dos le monde étudiant à la veille de la présidentielle. Peut-être le fait que ce soit Valérie Pécresse qui tienne désormais en partie les cordons de la bourse l’y aidera-t-il…

En attendant, les partisans d’une hausse des droits d’inscription universitaires (Laurent Wauquiez a rappelé qu’ils "sont en France parmi les plus bas du monde") remontent au front. Dernièrement, l’Institut de l’entreprise, think tank de tendace libérale, a publié un rapport préconisant de développer les partenariats avec le privé et d’augmenter les frais d’inscription en fonction des revenus des familles pour palier la sous-dotation chronique de l’enseignement supérieur français.