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Le gouvernement opère un premier repli, par Ixchel Delaporte (L’Humanité, 27 février 2009)

vendredi 27 février 2009

Alors qu’avait lieu hier une nouvelle manifestation nationale du supérieur, le gouvernement a lancé quelques pistes pour déminer le terrain.

Premiers gestes, preuves d’embarras, timides ouvertures... Les réactions ont fusé hier après l’annonce par le premier ministre François Fillon de mesures destinées à calmer l’ire de la communauté universitaire. Parmi « les premiers gestes » : la réécriture complète du décret sur le statut des enseignants-chercheurs, le gel des suppressions d’emploi d’enseignants-chercheurs pour 2010 et 2011 et la mise à disposition des universités de professeurs agrégés du second degré pour soutenir le plan licence. Loin de satisfaire les revendications de la communauté universitaire, le communiqué de Matignon admet au moins l’existence du mouvement. Une première après un mois « de surdité et d’aveuglement », note le collectif « Sauvons l’université ».

D’autant que sur le fond les propositions restent très floues, y compris sur la si décriée modulation des services, point noir du décret, dont il n’est fait aucune mention. Comme le souligne SLU, certains termes (« fonctionnement collégial », « transparence », « équilibre ») nécessitent des précisions. Le collectif réinsiste sur le préalable voté par la coordination nationale lors de sa dernière assemblée à Nanterre : « le retrait de ce projet de décret et de la réforme de la formation et du recrutement des enseignants ainsi que la restitution des postes supprimés en 2009 et le retrait du projet de contrat doctoral. Nous rappelons également que l’arrêt du démantèlement des organismes publics de recherche constitue une revendication impérative de la communauté ». Sur la recherche, le gouvernement ne s’est pas prononcé.

Jean Fabbri, secrétaire général du Snesup, partage le constat unanime d’un gouvernement au pied du mur mais reste sceptique sur les changements apportés à un nouveau décret : « Les orientations gouvernementales persistent à s’inscrire dans une logique de primes et d’individualisation des conditions de travail. Le gel annoncé des suppressions d’emplois ne porte que sur les enseignants-chercheurs et ne marque donc aucune inflexion par rapport au budget 2009 ». Le collectif SLU enfonce le clou sur les postes. Non seulement les annonces ne résolvent pas la question du « sous-encadrement des universités en postes administratifs, techniques et d’enseignants-chercheurs » mais « laisse entière la question de leur devenir ». Enfin, la formation des enseignants a été traitée par le biais d’« une commission de suivi ». Insuffisant, tonne la communauté universitaire. « Les positions adoptées par plus de 85 % des universités en France, qui refusent de s’inscrire dans une logique de démantèlement de la formation et des concours, sont ignorées », remarque Jean Fabbri. La CPU (Conférence des présidents d’université) a constaté « des ouvertures réelles » basées sur la commission nationale de suivi, la formation complémentaire lors de l’année de stage et la caractère expérimental des maquettes 2009. Elle s’est également dit satisfaite « des avancées » sur le gel des suppressions d’emplois pour 2010 et 2011. Elle compte participer « à la réécriture complète annoncée de ce décret », qu’elle a toujours appelé de ses vœux.

Une réunion est prévue aujourd’hui entre Valérie Pécresse, les syndicats (le Snesup se laissait la possibilité de s’y rendre après consultation de ses instances) et les présidents d’universités, mais « Sauvons l’université » a décliné l’invitation demandant, une nouvelle fois, une vraie négociation sur « l’ensemble des revendications ». Jusqu’à nouvel ordre, la communauté universitaire ne désarme pas et maintient son appel à manifester le 5 mars prochain.