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Fuites au bac : 15.000 signatures pour une pétition contre Chatel, Libération, 23 juin 2011

vendredi 24 juin 2011

Pour lire cette brève sur le site de Libération

Une délégation d’élèves et de parents doit porter, vendredi, au ministère de l’Education nationale, une pétition qui a, selon elle, recueilli 15.000 signatures pour faire revenir Luc Chatel sur sa décision d’annuler un l’exercice de maths.

La délégation avait demandé à être reçue par le ministre, mais face « au silence » de Chatel, elle a décidé de porter vendredi, à 14h30, au ministère la pétition, écrit dans un communiqué Francis Cebe, père d’une jeune fille de 16 ans passant son bac S.

Cette pétition, qui circule depuis mercredi sur Internet, demande au ministre de « reconsidérer » sa position et « de reprendre la notation de cet exercice ou bien d’accorder à l’ensemble des copies la note de 4 ». « A défaut de réponse favorable de votre part sous huit jours, nous sommes nombreux à vouloir saisir le médiateur de l’Education nationale puis éventuellement engager un recours au tribunal administratif », avertissent les pétitionnaires.

La délégation arborera un tee-shirt sur lequel on pourra lire « Luc, touche pas à ma notation de bac, va plutôt réviser tes maths », en référence à l’interview de M. Chatel « qui n’a pas su faire une règle de trois le 7 juin sur BFM TV », rappelle le communiqué.

« Nous souhaitons maintenir la pression sur le ministre de l’Education pour que ce ne soit pas un bac au rabais et que la notation soit faite telle qu’elle avait été prévue pour que les règles du jeu ne changent pas en cours de route, ce qui est inéquitable », poursuit-il.
Un troisième homme en garde à vue

Outre cette délégation de parents et d’élèves en colère, la fuite continue de mobiliser. La police a placé un troisième homme en garde à vue, dans le cadre de l’enquête préliminaire conduite par le parquet de Paris sur les fuites du sujet du bac S. Cet homme aurait donné la photo du sujet du bac aux deux frères déjà interpellés et placés en garde à vue jeudi, selon les premiers éléments de l’enquête. Il aurait obtenu cette photo d’une quatrième personne « en bonne voie d’identification », selon les sources proches de l’enquête.

Selon LCI et Europe 1, ce troisième individu se serait présenté spontanément à la police.

Deux frères âgés de 21 et 25 ans étaient depuis jeudi après-midi en garde à vue et étaient entendus par la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), chargée de cette enquête ouverte après une plainte du ministre de l’Education nationale Luc Chatel.

De source proche de l’enquête, la BRDP a procédé à leur interpellation après avoir obtenu leur adresse IP (numéro d’identification d’un appareil branché à internet) auprès de la société de jeux vidéo qui avait diffusé sur internet les photos de l’épreuve du bac.

Durant leur garde à vue jeudi, les deux frères ont été « peu diserts », a indiqué cette source. L’un d’entre eux, un étudiant en informatique, a été interpellé chez ses parents dans le Val-d’Oise. Le second a été interpellé dans la capitale.
Fuite « avérée »

Luc Chatel a déposé plainte pour « fraude aux examens », ainsi que « recel et abus de confiance » après la divulgation sur internet d’un exercice de l’épreuve de mathématiques du baccalauréat S, passée mardi par 165.000 élèves, un événement rarissime dans sa nature par son ampleur.

La fuite « avérée » porte sur l’exercice de probabilités qui compte pour 4 points sur 20, que le ministre a décidé mercredi d’exclure de la notation.

Chatel a aussi précisé la façon dont les élèves seraient notés. Les quatre points de l’exercice de probabilités seront répartis sur les exercices 2 et 3 de l’épreuve de maths. « Instructions ont été données pour que ces quatre points soient redistribués sur les réponses que les candidats auront le mieux réussi », a détaillé le ministre sur RTL.

Et il a donné des consignes de bienveillance quand les jurys examineront le sort des candidats dont la moyenne générale sera à un point d’un des seuils décisifs. Entre 7 et 8 pour avoir l’oral, entre 9 et 10 pour le bac dès le premier tour, entre 11 et 12 pour la mention assez bien… « Tous ces cas seront examinés dans le détail par les jurys », mais pour autant « nous n’allons pas gonfler les notes », a dit Chatel.

Interrogé pour savoir si une moyenne de 9 suffirait pour avoir le bac S, le directeur général de l’enseignement scolaire, Jean-Michel Blanquer, a répondu « non, on demande une vigilance et une bienveillance accrues, mais ce n’est absolument pas une dégradation de la moyenne ». « L’esprit de la mesure qui a été prise, c’est celle de la crédibilité du bac », a-t-il ajouté.
« Point de rupture »

Les choix du ministère ont néanmoins été vivement contestés par des élèves, des parents et des organisations du milieu éducatif. Un premier recours plaidant l’inégalité de traitement a été déposé au Conseil d’Etat, qui s’est dit incompétent au profit du tribunal administratif (TA). Un lycéen de la Rochelle a d’ailleurs saisi le TA de Poitiers pour faire annuler la décision de ne pas noter l’exercice litigieux.

Les parents d’élèves de la FCPE et les syndicats lycéens UNL et Fidl ont aussi demandé à Chatel de revenir sur ce choix. Une pétition sur internet allant dans le même sens réunissait jeudi soir plus de 12.000 signatures.

Plus tôt, le ministre avait ordonné une « enquête administrative » sur des rumeurs aux épreuves d’anglais et de physique du bac S, précisant n’avoir « aucune indication sur d’autres fraudes » que celle à l’épreuve de mathématiques. Il a demandé à l’inspection générale de réfléchir à « l’organisation du bac et à la sécurisation plus forte des épreuves ».

Plusieurs voix s’élèvent d’ailleurs pour dire que le bac est à « un point de rupture », le vieux modèle d’un diplôme uniquement fondé sur l’examen terminal étant dépassé à l’heure des nouvelles technologies.

A l’instar des pays étrangers, il faut instaurer d’autres formes d’examen comme du contrôle continu, a plaidé Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN, principal syndicat des chefs d’établissement.

(Source AFP)