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Ecoles primaires : Sarkozy arrête les soustractions - Grégoire Biseau, "Libération", 22 juin 2012

jeudi 23 juin 2011

Éducation. Le Président s’est engagé hier à ne pas fermer de nouvelles classes en 2012. Mais le non-remplacement des fonctionnaires est maintenu.

À tous ceux qui se demandent encore si Nicolas Sarkozy est entré en campagne électorale, son déplacement d’hier en Lozère vient apporter une réponse définitive. Le chef de l’Etat a profité de son aller et retour à La Canourgue pour annoncer « qu’il n’y aura pas de fermeture de classe » dans les écoles primaires à la rentrée 2012. Et de reconnaître qu’il y avait là un « problème majeur ».

Mais en revanche, pas question de revenir sur les 1 500 fermetures prévues pour septembre. « La rentrée 2011 se déroulera dans d’excellentes conditions, il n’est ni possible, ni souhaitable d’imaginer qu’un changement puisse intervenir à ce stade », a déclaré Nicolas Sarkozy.

Ravages. Cette sortie présidentielle n’est pas franchement une surprise. Fin mai, Luc Chatel, le ministre de l’Education nationale, avait souhaité qu’il y ait « autant de classes » de primaire en 2012 qu’en 2011. Cela signifie que chaque fermeture de classe pour des raisons démographiques sera compensée par une ouverture.

Cela faisait des mois que les élus de la majorité alertaient l’Élysée sur les ravages causés dans l’opinion par ces fermetures à répétition, notamment dans le primaire. La cote d’alerte a manifestement été franchie. Même les plus rigoristes en matière de finances publiques, comme le député UMP Gilles Carrez, osaient prédire une « rentrée scolaire 2012 difficile », si cette politique de suppression se poursuivait.

Pour autant, Nicolas Sarkozy a rappelé hier que le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite « continuera », afin de « préserver la France des épreuves que connaissent un certain nombre de pays dans le monde ». Hasard du calendrier, le gouvernement a dessiné hier les grandes lignes de son budget 2012, confirmant la suppression de 30 400 postes de fonctionnaires, dont 14 000 supplémentaires dans l’éducation nationale.

Les organisations syndicales ont rapidement tiré toutes les conséquences de cette nouvelle règle du jeu budgétaire. Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa : « Si on ne revient pas sur le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, et si on ne ferme pas de classes à l’école primaire, cela veut dire que l’on fermera autre chose, au collège et au lycée. » Et de dénoncer une « opération de déminage électoral, à double détente, à quelques semaines des élections sénatoriales et de l’élection présidentielle, en 2012 ».

Le Parti socialiste était hier sur la même longueur d’ondes, dénonçant « un aveu d’échec ». Martine Aubry a salué « une réaction de bon sens » :« Le gouvernement recule, j’espère pour les Français qu’ils vont encore reculer pendant cette année. »

A l’Élysée, on assume parfaitement cette sanctuarisation de l’école primaire. « Dans un contexte budgétaire difficile, il nous faut faire des choix. Or, le primaire, c’est le point névralgique, le pilier de notre système », assure un collaborateur du Président. Et l’Élysée de relever que des marges « objectives » existent dans le secondaire, sachant que le coût moyen de notre lycée est « 20% plus cher que la moyenne des pays de l’OCDE, alors que notre école coûte, elle, 4% moins cher ».

Batailles. Une chose est sûre : cette sortie présidentielle annonce de grandes batailles. L’entourage du Président, qui travaille déjà aux grandes lignes de son programme de futur candidat, est convaincu que la réforme de l’école (notamment primaire) doit y avoir une place de choix. Ainsi que la revalorisation du statut d’enseignant. «  On réfléchit notamment à proposer un nouveau contrat social aux professeurs. Mais ce sera donnant donnant : pour gagner plus, il faudra travailler plus  », confie à Libération un proche Sarkozy.

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