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Rotten Potatoes - Pétition contre le licenciement de la chercheuse et activiste Barbara Van Dyck (université catholique de Leuven - 6 juin 2011

mercredi 8 juin 2011

Vendredi 3 juin, nous avons appris le licenciement de Barbara Van Dyck, ceci en raison de ses déclarations de solidarité avec les militants du Mouvement de Libération des Champs (Field Liberation Movement) dans le cadre d’une action contre un champ d’essai de pommes de terre OGM à Wetteren, le dimanche 29 mai. Que l’on soit d’accord ou non avec l’objectif et la stratégie de l’action, la sanction est disproportionnée et porte atteinte à la liberté académique et la liberté d’expression. Nous appelons le monde académique à s’opposer à ce renvoi et à signer cette pétition.

Contre le licenciement de la chercheuse et activiste Barbara Van Dyck !

Avec cette mesure disproportionnée - une interdiction d’exercer sa profession –, les autorités universitaires violent une des valeurs fondamentales de leur propre charte, en particulier celle de la liberté académique. Nous aimerions rappeler que la liberté académique signifie non seulement avoir la possibilité de mener des recherches de façon indépendante, mais comporte également la liberté individuelle des universitaires d’adopter une « attitude critique à l’égard de certaines tendances ou articulations sociales. La liberté intellectuelle individuelle est toujours une pierre angulaire de notre identité universitaire » [1].

Un argument similaire peut également être trouvé dans les chartes internationales telles que la Recommandation de l’UNESCO concernant le statut du personnel enseignant de l’enseignement supérieur, Para. 26 : « Tout enseignant de l’enseignement supérieur à droit à la liberté de pensée, de conscience (…). Les enseignants devraient pouvoir exercer sans obstacle ni entrave les droits civils qui sont les leurs en tant que citoyens, y compris celui de contribuer au changement social par la libre expression de leur opinion sur les politiques de l’État et les orientations concernant l’enseignement supérieur. Ils ne devraient subir aucune sanction du seul fait de l’exercice de ces droits » [2].

En outre, les autorités universitaires violent un principe démocratique fondamental qui sert de base de notre société, le principe de la liberté d’expression. En renvoyant une employée en raison de sa sympathie à l’égard de l’action menée le 29 mai dernier, la KULeuven s’inscrit elle-même dans le nouveau climat de criminalisation de l’activisme et même de la simple sympathie envers le militantisme. En effet, c’est sa sympathie manifeste et sa solidarité avec les activistes du Field Libération qui lui sont reprochées, et non pas ses actes.

Pas besoin d’approuver la cible et les tactiques de l’action pour comprendre son enjeu social : Qu’est-ce qu’une agriculture socialement juste et écologiquement durable ? Quel est le rôle des OGM et comment distribuons-nous les ressources de recherche d’une manière équitable entre les différentes options ? Réduire cette action à un acte de violence (contre des pommes de terre ?) détourne l’attention du débat nécessaire. La présence de scientifiques des deux côtés du débat démontre que même au sein de la communauté scientifique il y a un désaccord sur la nécessité sociale et la valeur ajoutée des OGM.

Nous appellons les autorités de l’université à maintenir leur confiance dans la réflexion critique et l’engagement social de leurs chercheurs. Nous leur demandons donc de retirer ce licenciement. Nous demandons au personnel de la KULeuven et l’ensemble de la communauté universitaire de protester contre le licenciement.

Cette affaire dépasse en effet le cas individuel de Barbara Van Dyck, et touche à l’avenir de la science (et ses liens avec l’industrie), aux principes de la liberté académique et à la liberté d’expression.

Pour plus d’information :


Voir en ligne : http://threerottenpotatoes.wordpres...


[1Openingstoespraak Rector Oosterlinck Academiejaar 2003-2004, KUL.

[2Recommandation concernant la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur, UNESCO, 11/11/97.