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Ségolène Royal, élève studieuse à Nanterre - Véronique Soulé, Libéblog "C’est classe !", 13 avril 2011

jeudi 14 avril 2011

C’est plutôt rare de voir des politiques en séance de travail sur le terrain. Loin de la nuée de micros et de caméras qui l’entoure habituellement, Ségolène Royal était ainsi venue mardi soir à Nanterre (Hauts de Seine) plancher sur l’éducation, invitée par l’association Zy’va. Deux heures où la présidente socialiste de Poitou-Charente a peu parlé, beaucoup écouté, interrogé et pris des notes.

"Ces contacts avec vous sans la presse me permettent de parler ensuite avec vos mots" : veste marine et chemise blanche, maquillée pour la télé car il y avait tout de même deux-trois caméras, un sourire-réflexe dès qu’elle aperçoit un portable ou un appareil photo dirigé sur elle, Ségolène Royal a toutefois joué la sobriété et la modestie.

Arrivée à 18 heures, accompagnée de Najat Vallaud-Bellkacem, une proche, adjointe au maire de Lyon, elle s’est d’abord rendue à la "maison des parents" de Zy’va. Cette association très dynamique est installée dans le quartier populaire du "petit Nanterre" depuis 1994. Avec 13 permanents et 70 à 80 bénévoles, elle suit 250 à 300 élèves, du CP jusqu’au supérieur, propose de l’accompagnement scolaire, des activités culturelles, une initiation à l’informatique, des ateliers langues...

A 18 heures 30, le débat s’ouvre. Une bonne centaine de personnes se pressent dans la salle. Certains doivent rester debout - des plateaux de gateaux orientaux sont posés sur le rebord d’une fenêtre. Il y a là des gens du quartier, beaucoup de femmes avec leurs enfants, et des bénévoles, souvent issus de quartiers plus favorisés. André Jaunay, un bénévole à la moustache poivre et sel, pose la règle du jeu : "des interventions de 4-5 minutes pas plus, afin que l’on puisse échanger".

"Il y a un creusement des inégalités à l’école et une montée des insécurités. Cela est insupportable", commence Ségolène Royal. "Après le pain, l’éducation est le premier besoin d’un peuple, disait-on à la révolution (une citation de Danton) (..). Il nous faut remettre l’école debout". On le verra au cours du débat, le souci d’une école plus juste, qui assure davantage d’égalité, est au coeur de sa démarche.

Premier à intervenir, Bastien le Coz, étudiant en master à Sciences Po et bénévole à Zy’va. Il a créé une association, "Un stage et après", qui travaille avec les 90 élèves de troisième du collège République de Nanterre. L’association les aide à trouver des stages intéressants - sinon, sans relations et leurs familles ne pouvant les aider, ils font des "stages kebabs" qui ne leur servent pas à grand-chose. L’association leur fait visiter des entreprises et découvrir des métiers, les aide à s’orienter pour choisir une filière en seconde qui ne soit pas automatiquement la voie professionnelle, etc .

Stylo à la main, Ségolène Royal écoute, approuve de la tête, l’air admiratif.

Nicolas Franck, bénévole, est prof de philo à Neuilly (Hauts de Seine) où il a eu pour élève Bastien (qui s’était présenté en s’excusant : "et oui j’habite à Neuilly mais j’ai grandi à Malakoff !"). Il interpelle la responsable socialiste. "J’ai l’impression que la régression à l’école a commencé déjà avec vous. L’idée qu’il fallait donner un sens au savoir s’est répandue dans les années 90 alors que la gauche républicaine accordait au savoir un vertu émancipatrice". Puis il critique "la vision utilitariste de l’école", l’obsession de "l’employabilité" : "peut-on attendre une révision de votre part ?"

Ségolène Royal est prudente. Le débat entre les défenseurs d’une transmission pure et dure des savoirs qui forme les esprits, et les partisans d’une école qui s’adapte aux élèves et réponde à leurs demandes de sens, est ultra sensible. "C’est vous dans vos classes qui êtes les défenseurs de la liberté d’enseignement", dit-elle.

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Voir en ligne : http://classes.blogs.liberation.fr/...