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La Prime d’Excellence Scientifique (PES) est massivement rejetée, il faut l’abroger ! - Communiqué du SNPREES-FO, 24 février 2011

lundi 28 février 2011

Sous prétexte d’améliorer les carrières des chercheurs, Valérie Pécresse a annoncé fin 2008 la création de la prime dite d’excellence scientifique (PES) ainsi que celle des chaires université-organisme.

La PES n’est pas un dispositif d’amélioration des carrières mais d’individualisation des rémunérations des chercheurs. En obligeant les chercheurs à assurer des tâches relevant du statut d’enseignant-chercheur, la PES vise à casser le statut de chercheur.

Instrument d’asservissement des chercheurs à la politique ministérielle, la PES est susceptible de remettre en cause leur indépendance, tout comme la procédure de "suivi post-évaluation" qui place le chercheur face à des responsables des "ressources humaines" faisant pression pour "orienter" son travail.

Le SNPREES-FO a demandé à la ministre le retrait puis l’abrogation de la Prime d’Excellence Scientifique ainsi que du dispositif des chaires université-organisme. Le SNPREES-FO revendique la revalorisation des carrières, qui doit commencer par l’augmentation de la valeur du point d’indice (base de l’ensemble des rémunérations des fonctionnaires) et qui doit continuer par des améliorations des statuts particuliers des corps des EPST.

La Prime d’Excellence Scientifique (PES) est massivement rejetée par les chercheurs !

à 82 % au CNRS, 84 % à l’INRA, 90% à l’Inserm, 81 % à l’INRIA, 94 % au CEMAGREF et… 98 % à l’IRD.

En refusant la PES, le nombre de promotions augmente !

En obligeant les EPST à instaurer la PES, la ministre avait aussi déclaré que « le reliquat des primes non versées pouvait parfaitement être partagé sous forme d’une prime versée à l’ensemble des chercheurs ».

Au Cemagref, une mobilisation générale (à l’initiative des syndicats) a conduit au boycott massif des demandes de primes par les chercheurs. Le Cemagref n’a pu attribuer que quelques primes en 2010, ce qui a permis aux CR2 de bénéficier d’un nombre plus important de promotions !

Le malaise et l’opacité règnent à tous les étages de la hiérarchie.

Le SNPREES-FO dénonce cette Prime Honteuse, distribuée de façon anonyme et selon des critères obscurs. Les collègues sont choqués d’apprendre que les dossiers qui n’avaient pas coché la case "je m’engage à faire de l’enseignement" étaient d’office « non-excellents ».

Les acceptations et les refus qui rythment la carrière du chercheur scientifique sont habituellement prononcés après l’avis d’experts scientifiques qui fournissent des rapports écrits. Après avoir réclamé son rapport pendant un mois, il a fallu qu’un chercheur demande l’intervention de la Commission d’accès aux documents administratifs, et menace d’un recours devant le tribunal administratif, pour avoir enfin une réponse à sa requête : « aucun rapport écrit n’a été établi lors de l’examen de la demande de prime. »

En refusant d’évaluer les dossiers PES, nos représentants au Comité National ont raison de refuser cette responsabilité qui change leurs missions.

Dans la plupart des EPST, les Commissions Scientifiques ont généralement refusé de sélectionner les "meilleurs" chercheurs, au titre de cette Prime, d’autres estimant que c’était un moindre mal. Certaines sections se sont clairement exprimées : « La section est contre le principe même de l’attribution des primes d’excellence scientifique. La revalorisation nécessaire des carrières au CNRS doit se faire au travers d’un plus grand nombre de promotions et d’une revalorisation de l’ensemble des carrières de tous les personnels du CNRS » (section 29 du Comité National).

Face à cette résistance des chercheurs et des instances scientifiques, les directions générales des organismes de recherche ont été obligées de solliciter des candidats, et font maintenant pression sur les directeurs d’unité ! Est-ce un hasard si un récent comité de direction du CNRS (25/01/2011) s’est interrogé sur le raccourcissement de la chaîne hiérarchique afin d’avoir une "vraie autorité sur les agents du CNRS" ou sur la manière de faire évoluer "en douceur" (autrement dit sans provoquer une crise frontale) le rôle du Comité national de la recherche scientifique accusé de vouloir "cogérer l’organisme" !

D’où vient la stratégie de l’excellence de la ministre Pécresse ?

Pour faire diversion, la ministre confiait récemment un scoop à la presse : « l’excellence, c’est le meilleur » ! En réalité, l’excellence est le plan social de la science, la restructuration-déstructuration du tissu de la recherche publique, comme l’appelle de ses vœux un rapport de l’Union Européenne visant à "casser les structures de recherche existantes" au nom de "l’excellence" (rapport Aho, 2006). « L’Union de l’innovation », initiative phare de la stratégie Europe 2020, est un nouvel étage de la stratégie de Lisbonne, visant à utiliser l’intervention et les ressources du secteur public pour "stimuler" le secteur privé.

Créés dans le cadre du Grand Emprunt, les « investissements d’avenir » (appels d’offre Equipex / Labex / Idex / SATT) suscitent inquiétude et colère. Cette colère est dotant plus grande qu’il s’agit en majeur partie… d’autofinancement : l’opération est à coût nul pour l’Etat, et que les établissements doivent dès maintenant rembourser à l’État les intérêts du Grand Emprunt par prélèvement sur les budgets de fonctionnement des unités non Idex. Comme disait César à Vercingétorix, malheur aux vaincus qui doivent dès maintenant rembourser le Grand Emprunt avec la diminution du soutien récurrent des laboratoires (- 15% en 2011) !

Pour sa part, le SNPREES-FO se prononce pour l’abandon des structures Idex et Labex, des PRES, des regroupements-fusions d’établissements et demande que le projet de Fondation de Coopération Scientifique (FCS) « Campus Paris-Saclay » soit retiré.