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"Hebdo du Club #81 : profs et chercheurs au péril de la start-up nation", Livia Garrigue, Blog Médiapart, 6 février 2020

jeudi 6 février 2020, par Elie

Réformes Blanquer, projet sur les retraites et loi de programmation pluriannuelle de la recherche ont un point commun : elles pénètrent les métiers de l’enseignement d’un paradigme néolibéral qui accroît les logiques de précarisation, brise des espérances, entrave les plus fragiles. Mais retour de flamme : étudiants, profs, et chercheurs retissent des liens et ravivent des engagements créateurs de nouveaux modes de lutte.

« Comment prendre du repos quand il faut publier sans cesse pour espérer être recruté·e ? Est-il acceptable de devoir attendre la quarantaine pour savoir si et où l’on va pouvoir s’installer ? ». Une tribune écrite par un collectif de 300 chercheuses et chercheurs relatait avec minutie, le 30 janvier dernier, l’intranquillité ordinaire de la condition de jeune universitaire. « L’enjeu de la titularisation colonise nos intimités », écrivaient-ils, ramassant dans cette formule plusieurs décennies de détérioration de l’Université, et la manière dont celle-ci s’invite jusque dans les foyers et les choix de vie les plus privés. Cette insécurité, qui touche des métiers parfois considérés comme privilégiés, trouve dans un projet de loi à venir (« Loi de programmation pluriannuelle de la recherche ») un nouvel appareil à consolider ces logiques de précarisation.

Avec son nom un soupçon barbare et hermétique tout droit sorti de l’algorithme linguistique du gouvernement, ce projet de loi, s’ajoutant à la bataille des retraites et à celle des enseignants du secondaire face aux effets des réformes Blanquer, fédère des colères et engendre une nuée de voix individuelles et collectives dans nos colonnes. Profs et chercheurs refusent de vivre la déconsidération de leur métier comme une fatalité, racontent leurs luttes multiformes, leurs doutes aussi. « Là où Blanquer veut diviser, il crée les conditions d’une solidarité renouvelée contre lui », écrivait l’enseignant Said Benmoufflok en décembre sur son « ministre de la défiance ». Une contiguïté de valeurs connecte les tribunes et les témoignages d’élèves, d’enseignants ou de chercheurs de tous âges : les réformes, si elles créent du débat quant aux stratégies de combat, en empreignant ses paradigmes concurrentiels et gestionnaires néolibéraux dans l’école et l’Université, ourdit de nouveaux liens, ravive les échanges et sécrète des savoirs émancipateurs.

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