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Rentrée universitaire : que deviennent les étudiants "oui si" de Parcoursup ? - Anthony Cortes, Marianne, 3 septembre 2018

lundi 3 septembre 2018, par PCS (Puissante Cellule Site !)

C’est l’une des grandes nouveautés de cette rentrée. Les étudiants ayant reçu pour réponse un "oui, si" de la part de Parcoursup devront suivre un parcours d’accompagnement personnalisé pour se mettre à niveau... A condition que leur établissement ait les moyens de mettre en place ces modules.

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La rentrée tant redoutée est arrivée. Dans l’enseignement supérieur, un peu plus de deux millions et demi d’étudiants commencent à reprendre, cette semaine, possession des universités. Parmi eux, ils sont 638.160 à devoir y faire leurs premiers pas (même si un peu plus de 130.000 d’entre eux doivent encore attendre d’obtenir une affectation définitive). Pour les établissements, ce n’est pas une rentrée comme une autre, loin de là. En effet, des cursus aménagés destinés à certains élèves dont le niveau a été jugé trop faible pour pouvoir suivre les cours convenablement ont dû être mis en place. Mais faute de budget, certaines universités ont dû y renoncer. Et d’autres, qui ont pu profiter de moyens plus ou moins importants de la part de leur rectorat, ont dû faire des choix. Quitte à proposer des ateliers à un nombre très réduit d’étudiants...

La promesse de 135.000 parcours personnalisés

C’était pourtant une mesure phare du gouvernement. Avec la nouvelle plateforme Parcoursup, qui a succédé à Admission post-bac (APB), les établissements ont pu répondre aux candidatures par un "oui, si". Une sentence synonyme d’acceptation dans la filière courtisée à condition de suivre des modules complémentaires censés les aider à combler leurs lacunes.
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"Très lourd et coûteux à mettre en place"

D’autres n’ont pu bénéficier de la même générosité. "On a prévu de le faire mais uniquement pour certaines filières, confie Emmanuel Roux, président de l’université de Nîmes (Hérault). C’est quelque chose de très lourd à mettre en place, de très coûteux... Pour nous, cette année ne sera qu’une phase de test." Seules trois licences proposeront des modules d’accompagnement à leurs étudiants en difficulté : droit, AES (administration économique et sociale) et psychologie. Au total, 150 étudiants répartis en "petits groupes de travaux dirigés (TD)" pourront en bénéficier. "Même si on est très content d’avoir pu profiter de la ventilation opérée par le rectorat, pour faire plus, il nous faudra des moyens pérennes. Nous préférons avancer à petit pas avant, pourquoi pas, d’élargir le dispositif."

Des petits pas que certains établissements ne peuvent se permettre. C’est le cas de l’université de Poitiers (Vienne) ou encore de celle de Perpignan (Pyrénées-Orientales). Mais aussi de Bordeaux III (Gironde) : "Nous n’avons donné aucune réponse de type "oui si", rapporte Christophe Pebarthe, maître de conférences en histoire ancienne à l’Université Bordeaux-Montaigne. Même avec une rallonge budgétaire, nous ne sommes pas en capacité d’organiser des cours complémentaires."

Ce professeur, actif dans la vie de l’unité de formation et de recherche (UFR) de sciences humaines et sociales, invoque deux facteurs : les moyens humains déjà insuffisants à l’heure actuelle, mais aussi une certaine lassitude vis-à-vis des annonces "marquetées" des gouvernements successifs. "Chaque nouveau ministre lance sa solution miracle pour faire croire à la baisse de l’échec en licence. Nous ne sommes jamais consultés et les moyens ne suivent que rarement. Pourquoi devrions-nous nous plier en quatre sans être sûrs d’être soutenus sur la longueur ?", s’interroge-t-il. Une liberté de renoncer permise par le ministère de l’Enseignement supérieur, "conscient que les trop faibles moyens existants ne peuvent servir la hauteur de leurs ambitions", glisse un chef d’établissement.