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Emmanuel Macron veut donner la « liberté de recruter » à l’université - Camille Stromboni, Le Monde, 3 mars 2017

jeudi 6 avril 2017, par Adolphe THIERS

Dans son programme, rendu public le 2 mars, le candidat à la présidentielle prône une « autonomie réelle » des universités et une « libération de l’énergie ».

Emmanuel Macron s’engage sur un terrain sensible dans le monde universitaire : celui du recrutement des enseignants-chercheurs. Pour le candidat à la présidentielle, qui a rendu public son programme le 2 mars, il est temps de «  libérer l’énergie » et de passer à une « autonomie réelle  ». Pour cela, écrit-il, « nous donnerons aux universités et aux grandes écoles la liberté de recruter eux-mêmes leurs enseignants-chercheurs suivant les standards internationaux de qualité et d’indépendance  ».

Actuellement, si les universités recrutent déjà leurs personnels, un cadre national règle l’embauche des maîtres de conférence et des professeurs d’université, puisque ces derniers doivent d’abord être qualifiés par le Conseil national des universités (CNU) pour pouvoir postuler dans les établissements.

La suppression de cette qualification, qui consiste en un examen sur dossier des travaux des candidats, provoque, à chaque fois qu’elle revient sur le devant de la scène, un intense débat entre ses défenseurs et ses opposants, comme en 2013 à l’occasion d’un amendement écologiste à la loi Fioraso, finalement écarté.

Les uns soutiennent cette procédure comme une garantie d’homogénéité des critères d’exigence pour devenir enseignants-chercheurs sur le territoire national, ainsi qu’une barrière contre un potentiel favoritisme au profit de candidats locaux – phénomène bien connu dans les universités et brocardé sous le terme de « localisme ». Les autres soulèvent les limites de ce fonctionnement qui favoriserait toujours la dimension « recherche » du métier au détriment des qualités d’enseignant des candidats. Selon eux, les universités seraient plus à même de faire le bon choix.

Des prérequis à l’entrée de l’université

Pour Emmanuel Macron, cette « libération » de l’université passe également par la possibilité d’afficher des prérequis à l’entrée de la licence, alors que la sélection est aujourd’hui exclue, en principe, à l’entrée du premier cycle universitaire. «  Pour une licence en sciences, ces prérequis pourront être des acquis minimaux en mathématiques, en sciences physiques ou en sciences de la vie et de la terre. Un lycéen ne disposant pas de ces prérequis pourra s’inscrire après avoir comblé ses lacunes, par des cours d’été ou par la validation de modules universitaires. »

Cette vision est proche de celle que défend la CPU ou le candidat Les Républicains, François Fillon, à l’heure où l’échec en licence demeure élevé et que 30 000 à 40 000 étudiants supplémentaires rejoignent les bancs universitaires chaque année.

Pour répondre à ce défi et « enrayer la sélection par l’échec », l’ancien ministre de l’économie prévoit de développer un « accompagnement pédagogique personnalisé », mais aussi la création de 100 000 places « dans de nouvelles filières courtes professionnalisantes proposées par les lycées, les universités, les établissements consulaires en lien avec les branches professionnelles ». Sans chiffrer le coût d’une telle mesure.

Du volet budgétaire, au cœur des préoccupations des universitaires, Emmanuel Macron dit seulement qu’il compte « sanctuariser le budget de l’enseignement supérieur ». Pas question de se prononcer sur le milliard d’euros supplémentaires annuels défendu par les présidents d’université et la plupart des syndicats de personnels et d’étudiants. Il envisage cependant « d’attribuer des moyens publics supplémentaires aux établissements d’enseignement supérieur et de recherche sur des bases contractuelles ».

Reste la question cruciale de l’emploi dans ce secteur qui repose principalement sur des moyens humains : l’enseignement supérieur et la recherche feront-ils partie, comme l’éducation nationale, des secteurs épargnés par la suppression de 120 000 fonctionnaires promise par le candidat ?