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Paris- Saclay : l’affront du gouvernement aux universités - Communiqué du Snesup de Paris Sud

vendredi 18 décembre 2015, par PCS (Puissante Cellule Site !)

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Accélération ces derniers jours côté Paris-Saclay : alors que les membres sont censés finaliser leur copie à rendre au jury Idex le 22 décembre pour l’évaluation à mi-parcours du projet Paris-Saclay, une nouvelle sous-structure « d’excellence » pointe le bout de son nez.

En particulier, ce 15 Décembre, au Conseil d’Administration de l’École polytechnique, trois ministres du gouvernement (E. Macron, JY. Le Drian, T. Mandon) sont venus en personne demander aux écoles d’ingénieurs du périmètre du Plateau de Saclay de leur rendre un « schéma de pôle d’excellence » en Mars 2016.

Pour E. Macron, il s’agit « de créer un pôle d’excellence au sein de l’Université Paris-Saclay […] de former des ingénieurs et des docteurs, de faire de la recherche appliquée et partenariale de niveau mondial » ; pour J.Y. Le Drian, de « créer un regroupement d’écoles […] ouvert aux différentes entités du plateau de Saclay (université, organismes de recherche) […] qui devront en partager les valeurs de sélectivité et de gouvernance ».

Tout cela s’appuie sur une lettre de mission pour l’École polytechnique, qui demande, entre autres, de créer un « bachelor » de l’École polytechnique (diplôme à bac plus 3, sélectif et payant -entre 10 et 12000 €) en lui allouant 36 millions d’euros sur 5 ans !

Ainsi, le gouvernement choisit de financer un petit nombre et laisser les universités, leurs étudiants, leurs personnels, leur recherche face à un manque chronique de moyens. Il s’agit là d’un violent affront à nos valeurs et à nos missions universitaires, aux étudiants et aux personnels de l’université. Depuis plusieurs années, nous avons fait le choix de défendre ces valeurs de l’intérieur de Paris-Saclay, un combat constant contre une politique gouvernementale qui apparaît clairement dans les décisions annoncées ce 15 Décembre :

– Augmentation du budget de l’École polytechnique de 60 M€ sur 5 ans (pour un budget annuel de 65 M€) soit une augmentation de presque 20 % par an, à comparer à l’austérité budgétaire à l’université.

– Création d’un « bachelor » de Polytechnique payant, pour des promotions de 160 étudiants, ignorant les dizaines de milliers d’étudiants en licence de nos trois universités.

– 10 M€ de cette dotation alloués au recrutement d’enseignant-chercheurs « de haut niveau » pour Polytechnique, alors que l’université doit geler ses postes chaque année -le gel devenant donc suppression- pour raison budgétaire.

L’argument massue serait « l’excellence » de Polytechnique, de son enseignement, de sa recherche ! Mais quelle excellence ? N’est-ce pas plutôt de la facilité que de former quelques centaines d’étudiants sélectionnés ? Le véritable défi, pour les universités, leurs enseignants, pour la France, est de former toute une génération grâce à une formation diversifiée et bien sûr de qualité. Une formation de qualité pour quelques privilégiés et l’indigence pour tous les autres… c’est ce que construisent les autorités et l’annonce d’un volet social sous forme d’internat… d’excellence (bien sûr !) n’y changera rien..

La construction de Paris-Saclay se transforme clairement en véritable hold-up, soutenu par l’État, contre les universités et leurs étudiants en général et Paris-Sud en particulier, réalisé par ceux qui ont capté les doctorats et la majorité des masters contre la promesse d’un rapprochement université-écoles d’ingénieurs maintenant explicitement passée à la trappe.

Elle montre à nouveau son organisation anti-démocratique en balayant des mois et des mois de travaux et d’investissement collectif et constructif des collègues sur les maquettes d’enseignement, les masters, les écoles doctorales, les départements de recherche menés au sein des composantes de Paris-Saclay, montrant par là le plus grand mépris pour les collègues de tous les établissements partie prenante.

Paris-Saclay est un chantier stratégique sur lequel les personnels, leurs élus doivent continuer à agir pour exiger que le gouvernement pèse dans un sens qui ne soit pas celui de l’affaiblissement des universités au bénéfice de parcours élitistes et étroitement pilotés, à la recherche d’une prétendue excellence qui oublie sur le chemin les dizaines de milliers d’étudiants, des milliers d’enseignants chercheurs et de chercheurs, des centaines de laboratoires.

Aujourd’hui l’heure est grave. Le vrai visage de Paris Saclay apparaît de plus en plus clairement. C’est le moment de se mobiliser pour défendre l’enseignement supérieur et la recherche dans un modèle qui refuse cette opposition totalement dépassée des formations d’ingénieurs au modèle universitaire. Ne laissons jamais dénigrer ni nos métier ni les valeurs universitaires.

La FSU condamne cette orientation dangereuse, bien au-delà de Paris-Saclay, pour la France, son enseignement supérieur, sa recherche, qui doit changer !