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274 millions prélevé sur le budget de l’ESR pour un unique projet grenoblois "Nano 2017" - Yann Bisiou, 8 décembre 2014

mardi 9 décembre 2014, par Hélène

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Lorsque ce nouveau billet sera publié, l’Assemblée Nationale discutera du projet de loi de finances rectificative pour 2014, [rouge]un document aride de 377 pages[/rouge] dans lequel l’État jongle avec les centaines de millions et les milliards d’euros. Derrière ces annulations de crédits, ces ouvertures de crédits, ces transferts de crédits, il y a des services publics qui vont perdre, d’autres qui vont gagner.

Et justement, p.116 on découvre un gros gagnant, le programme "Nano 2017" qui récupère la modique somme de 274 Millions d’euros prise, essentiellement sur les budgets de la recherche et des universités. [rouge]Oui vous avez bien lu, 274 millions d’euros ![/rouge]

Quand les universités sont en déficit, les labos en crise, que le GVT n’est pas compensé et que les postes sont gelés, Manuel Valls, Najat Vallaud-Belkacem et Geneviève Fioraso prélèvent 274 millions sur leurs budgets pour les donner à un unique projet grenoblois "Nano 2017" !

274 Millions d’euros c’est le budget annuel de 3 universités LLASHS, de 2 universités pluridisciplinaires, plus que le budget annuel de l’université de Grenoble 1 ou même de l’université Paris Diderot ! Pourquoi tant de largesses pour un seul projet ?

Le gouvernement explique, dans le projet de loi, que "ces 274 M€ permettent d’assurer le financement du volet national du programme grenoblois de soutien à la nanotechnologie sur la période 2015-2017".

[rouge]En voici qui ont de la chance ! Ils reçoivent par avance, et sur un seul projet, l’intégralité des crédits dont ils ont besoin pendant 3 ans ! Quel laboratoire, quelle université n’aurait pas rêvé pareille sollicitude ![/rouge]

Alors bien entendu on se demande pourquoi le programme grenoblois "Nano 2017" a une telle importance. Et l’on découvre alors que ce programme est porté par la société ST microélectronique et... le LETI.

Le LETI nous en avons déjà parlé plusieurs fois sur ce blog. [rouge]Le LETI est la branche nanotechnologies de la direction de la recherche technologique du CEA. Une direction technologique dont le compagnon de Geneviève Fioraso était directeur délégué.[/rouge] Cela a d’ailleurs valu à Mme Fioraso de se voir interdire toute intervention sur cette direction du CEA par décret du 1er aout dernier. Manifestement si Mme Fioraso n’a pas le droit d’intervenir dans la direction technologique du CEA cela ne l’empêche pas de lui donner 274 Millions d’euros...

[rouge]Le LETI c’est le coeur du projet de technopole grenobloise, une structure hébergée par Minatec Entreprise, une SEM dont Mme Fioraso était le PDG avant d’être ministre[/rouge] et devant le stand duquel elle posait il y a quelques mois, lors du salon SEMICON EUROPA, le lobby... des nano-technologies ! Les nanotechnologies, un domaine que connaît bien... Vincent Berger, ancien président de l’université Paris Diderot et actuel conseil Recherche de François Hollande...

Pour offrir ces 274 millions d’euros au LETI, le gouvernement a taillé un peu partout : moins d’argent par exemple pour les" internats de la réussite" (p.146), pour les écosystèmes d’excellence (p. 156) ou pour les "programmes innovants en faveur de la jeunesse" (p. 164). Quand on aime on ne compte pas, c’est bien connu.

Fin 2014, les laboratoires et les universités auront moins de crédits, ils devront supprimer de nouveaux postes, tailler dans les dépenses de formation ou de recherche, mais le gouvernement de Manuel Valls trouvera ainsi de quoi régaler les amis de Mme Fioraso. Il trouvera même certainement le temps de continuer à disserter sur la République exemplaire et la jeunesse comme priorité nationale.

Post scriptum : dans le néo-journal l’Opinion Mme Fioraso déclarait le 16 octobre dernier : "demander davantage d’argent à l’État ne me paraît pas réaliste dans la conjoncture actuelle". Manifestement la réalité n’est pas la même pour tout le monde.