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Profs de pointe - Emmanuel Davidenkoff, L’Express, 5 décembre 2014

samedi 6 décembre 2014, par Mr Croche

Jamais le secteur éducatif n’a connu pareil intérêt du secteur privé et des investisseurs. La société de la connaissance, dont l’avènement nous est promis. La société de la connaissance arrive dans l’ère de la rentabilité.

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Les uns parlent de "frémissement", d’autres osent "ébullition", tous s’accordent : il se passe quelque chose au pays des EdTech (les technologies de l’éducation) à la française, dont les promoteurs se réuniront lors de la French Touch de l’éducation, les 17 et 18 décembre, après avoir tenu salon la semaine dernière à Educatec Educatice.

Premier indice : même si la France compte encore en millions quand les Etats-Unis alignent les dizaines voire les centaines de millions, les levées de fonds de start-up se multiplient. Rien qu’au cours des dernières semaines : 900000 euros pour Lelivrescolaire.fr, 1,2 million pour Kartable, même somme pour 360Learning, 3,2 millions pour la Coorpacademy de Jean-Marc Tassetto, ancien directeur général de Google France... Et une dizaine de dossiers réputés sérieux circulent encore entre les mains des investisseurs, tous rêvant de réussir la même culbute que CrossKnowledge, société française rachetée par l’américain Wiley pour 175 millions de dollars. Jamais le secteur éducatif n’a connu pareil intérêt du secteur privé et des investisseurs. La société de la connaissance, dont l’avènement nous est promis depuis le Conseil européen de Lisbonne, en 2000, apparaît enfin "bankable".

Second indice : que ce soit pour leur compte, dans un cadre associatif ou au profit de sociétés privées, des dizaines de milliers d’enseignants sont aujourd’hui engagés dans la conception et la production d’outils numériques. Des instits, comme Julie Kuhn, auteur du site Super-Julie.fr, qui aide parents et enseignants à décrypter l’univers des applications pédagogiques.
Les projets foisonnent

Des profs de collège, tel Julien Cabioch, créateur du site ViveLesSVT.com, qui produit et agrège des contenus utilisables du primaire au bac, ou de lycée, comme Sophie Guichard, créatrice du site Mathenvideo. Sans parler des enseignants qui contribuent à la réussite du site Lelivrescolaire.fr ou qui ont conçu le serious game Le Mystère d’Athena, développé par Nvidia, qui immerge les élèves d’Antibes dans le programme d’histoire de sixième via une plongée dans l’antique Antipolis. Les projets foisonnent, souvent développés en l’absence de toute commande institutionnelle.

Reste à savoir si le marché français est suffisamment étendu pour permettre l’épanouissement de champions aptes à résister aux Américains. Ce que souligne François-Xavier Hussherr, président de Gutenberg Technology : il vient de publier avec Knewton une application pour tablette adaptative (elle offre des parcours d’apprentissage entièrement personnalisés), et rappelle que les Etats-Unis voient émerger des plateformes comme Edmodo ou Google for Education, capables de fédérer jusqu’à 40 millions d’utilisateurs.

La France dispose de technologies pertinentes, d’ingénierie pédagogique, d’un début de soutien financier des investisseurs. Pour peu que l’Etat et les collectivités locales appuient résolument le mouvement, l’expression "french touch" ne vaudra plus seulement dans le domaine des musiques électroniques, mais aussi dans celui des EdTech.