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Pourquoi Paris-II-Assas refuse de rejoindre une communauté d’universités - Nathalie Brafman, Le Monde, 21 mai 2014

mercredi 21 mai 2014, par Cécile

"nous sommes dans un abus de droit total de la part de la Dgesip, or ce n’est pas elle qui fait la loi, mais le législateur."

Le ton est posé et calme. Guillaume Leyte, à la tête de l’université de droit Paris-II-Assas depuis 2012, persiste et signe. Il refuse de rejoindre une communauté d’universités et d’établissements (Comue). En septembre 2013, prémice de cette décision, il avait claqué la porte du pôle de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) Sorbonne Universités dans lequel son université était notamment associée à Paris-IV-Sorbonne et Paris-VI-UPMC.

Le Monde : Vous êtes le seul président d’une université d’Ile-de-France et l’un des rares à refuser de rejoindre une Comue, l’un des trois modes, avec l’association et la fusion, pour les universités de se regrouper, comme le prévoit la loi votée en juillet 2013. Pourquoi ?

Guillaume Leyte : Pour moi, la Comue est une superstructure supplémentaire [qui chapeautera les établissements qui la composeront] dont les effets seront délétères à tous points de vue. Trop lourde, elle sera peu représentative des enseignants-chercheurs et des personnels et risque fort de ne représenter ni les établissements qui la composeront, ni les disciplines. Par ailleurs, le risque de surreprésentation des gros établissements est patent. Tout cela conduira à beaucoup de frustration pour tout le monde.

Vous êtes à la tête d’une grande université de droit, aviez-vous peur d’être noyé dans un grand ensemble ?

Oui, absolument. Sans vouloir stigmatiser un établissement en particulier, Assas compte 350 enseignants-chercheurs, il y en a quelque 2 000 à Paris-VI-UPMC.

Quelles ont été vos relations avec le ministère de l’enseignement supérieur ? Certaines universités se sont plaintes de pressions de la part de la direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (Dgesip), en avez-vous subies ?

La pression du rectorat de Paris a été très forte lorsque j’ai décidé de sortir du PRES Sorbonne Universités. Puis, en novembre 2013, lorsque je suis allé voir la Dgesip pour parler de l’avenir de mon université au cas où je refuserais d’entrer dans une Comue, on m’a fait comprendre qu’il n’y avait pas d’autre alternative.

Avec quels arguments ?

Aucun, sinon que c’était la loi. J’ai alors organisé une table ronde avec des professeurs de droit public qui ont lu attentivement le texte. Ils sont arrivés à la conclusion qu’il y avait d’autres voies possibles. Pour l’anecdote, peu de temps après, Geneviève Fioraso [secrétaire d’état à l’enseignement supérieur et à la recherche] a envoyé une lettre aux présidents d’université précisant qu’il y avait bien trois modalités possibles : l’association, la fusion, la Comue. Conclusion : nous sommes dans un abus de droit total de la part de la Dgesip, or ce n’est pas elle qui fait la loi, mais le législateur.

Une pétition a été lancée, des assemblées générales ont lieu, des motions sont votées... Comment expliquez-vous cette mobilisation, surtout en Ile-de-France, contre les Comue ?

Nous sommes à deux mois de l’échéance [la loi sur l’enseignement supérieur votée en juillet 2013 a donné un an aux universités pour se regrouper], les gens commencent à paniquer. Il y a une prise de conscience du risque de disparaître dans des structures qui n’ont pas d’histoire, pas de visibilité et qui ne joue que sur l’idée de masse.

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