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Communiqué des AG des personnels enseignants et étudiants de l’université, Faculté des Lettres et SHS de Limoges
Lundi 3 décembre
lundi 3 décembre 2007, par
Dans un contexte de contestation grandissante de la loi Libertés et Responsabilités des Universités (LRU) sur le plan national, les représentants de l’Assemblée Générale des étudiants et de l’Assemblée Générale des personnels se sont réunis ce lundi 3 décembre et ont pris position sur les trois points suivants :
I / Contre les inégalités entre universités et la casse d’un système national des diplômes
La loi LRU ouvre la voie à un accroissement des inégalités entre universités, formations et diplômes. La mise en concurrence accrue des universités entraînera des formes de sélection multiples : augmentation des frais d’inscription, quorum limité dans certains cursus et, avec la procédure de pré-inscription, la remise en cause du baccalauréat comme droit d’entrée unique à l’université.
Comme le laissent entrevoir les rapports Attali, Hetzel, Goulard ou les déclarations récentes de M. Belloc (conseiller spécial de l’Elysée), l’horizon de cette réforme reste la création d’Universités à plusieurs vitesses. Dans ce contexte, « l’autonomie » ne peut qu’entraîner la transformation de l’Université de Limoges en « Université de proximité » se cantonnant essentiellement à délivrer des licences. Cette loi rend les universités et les contenus des formations extrêmement dépendants du bassin économique régional. De surcroît, cette mise en concurrence intervient dans un contexte de délocalisation industrielle et de désengagement à venir de l’Etat dans le secteur de la santé (CHRU), de la justice et dans d’autres services publics.
II/ Pour un service public d’éducation de qualité
Pour faire fonctionner l’université, enseigner et étudier sereinement, personnels et étudiants doivent disposer de conditions de travail convenables.
Du côté des personnels, la LRU permet la multiplication des contrats de droit privé, c’est-à-dire la précarisation de l’ensemble des catégories de personnels. Un véritable service public d’éducation suppose au contraire la préservation des statuts de la fonction publique et du recrutement par concours pour l’ensemble des personnels. Il passe aussi par un encadrement strict du recours à la sous-traitance qui remet en cause la spécificité des métiers des personnels IATOS.
Pour les étudiants, la question des conditions matérielles est aussi essentielle. Nous exigeons l’amélioration des conditions de logement ainsi qu’une augmentation des bourses en qualité et quantité et leur versement régulier. En outre, la systématisation des stages empêche les étudiants salariés de financer leurs études. Elle offre de plus aux employeurs publics et privés une main-d’oeuvre gratuite (ou sous-payée) et corvéable à merci.
Un service public d’éducation de qualité passe par le maintien d’un financement public garanti par la fiscalité. La loi LRU encourage le financement par le mécénat et les dons d’entreprises privées soutenus par des réductions d’impôt. Derrière « l’autonomie financière » des universités se profile la menace d’une perte d’autonomie scientifique et pédagogique face à la logique utilitariste des investisseurs privés.
Le démantèlement du CNRS et des autres établissements publics de recherche ne palliera pas au désengagement de l’Etat et au sous-encadrement chronique des universités. Nous dénonçons la soumission des universités aux logiques de palmarès qui conduit inéluctablement à réduire la part des budgets consacrés à la recherche fondamentale.
III/ Contre la concentration des pouvoirs
La loi LRU instaure une hyper-présidentialisation des universités et confie au seul président des pouvoirs exorbitants en matière de recrutement et de rémunération des personnels notamment. Elle remet radicalement en cause la représentativité des personnels non enseignants, des enseignants-chercheurs et des étudiants au sein des instances délibératives existantes. Au niveau national, cette loi institue la Conférence des Présidents d’Université en instance de dialogue unique du ministère sur toute réforme à venir des universités.
Pour toutes ces raisons, les Assemblées générales demandent l’abrogation de la loi LRU.