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Université de Guyane : un vieux reste de colonisation s’en va - H. Ferrari, Slate.fr, 22 novembre 2013

dimanche 24 novembre 2013, par Mariannick

A l’heure où la fusion est à la mode, c’est bien à la scission de l’université Antilles-Guyane que l’on assiste. Mais dans le contexte des DOM, cette décision a tout son sens.

Ce n’est pas tous les jours que la France enterre un de ses vieux restes de colonisateur. Et ce n’est pas tous les jours non plus qu’on crée une nouvelle université. La scission de l’université Antilles-Guyane –aujourd’hui, elle réunit les pôles martiniquais, guadeloupéen et guyanais– et l’ouverture prévue en 2016 au plus tard de l’université de Guyane peut d’ailleurs surprendre.

Résultat au-delà des espérances des grévistes étudiants, professeurs et lycéens qui dénonçaient [1] le manque de maîtrise du pôle guyanais sur son propre fonctionnement et développement, l’accord signé le 11 novembre va contre la tendance générale, qui est plutôt à la fusion des universités. Mais dans le contexte des DOM, il prend tout son sens. L’histoire de l’enseignement dans ces régions est celle d’une marche progressive vers l’autonomie et la création de cette université de la Guyane s’inscrit dans ce processus de prise en main locale des instances de savoirs.

Jusqu’en 1946, ces zones sont sous le contrôle du ministère des Colonies, qui y gère aussi l’instruction publique. En Guyane, « les premières écoles publiques ne sont pas des écoles communales. Elles sont créées et entretenues par l’administration coloniale qui fournit une partie du matériel nécessaire », explique Yvette Farraudière dans son ouvrage École et société en Guyane française.

Quand ces colonies accèdent au statut de département en 1946, l’égalité avec la métropole est de mise. Mais dans les faits, l’enseignement ne s’y affranchit que progressivement de la tutelle hexagonale.

En 1947, le soin de l’instruction publique dans ces quatre départements d’outre-mer est confié à des vices-recteurs. Ces inspecteurs d’académie sont sous l’autorité d’un recteur d’académie se trouvant en métropole. L’académie de Bordeaux a ainsi en charge les Antilles et la Guyane ; la Réunion est placée, elle, sous le contrôle de l’académie d’Aix-Marseille.

Sous la tutelle de la Métropole

Il faut attendre 1973 pour que se crée l’académie Antilles-Guyane, 1984 pour celle de la Réunion. Des recteurs prennent alors leurs postes dans les nouveaux rectorats de Fort-de-France, puis de Saint-Denis.

Pour ce qui est de l’enseignement supérieur, les Centres d’enseignement supérieur scientifique de la Martinique et littéraire de la Guadeloupe, créés dans les années 1960, sont respectivement placés sous le contrôle des facultés des Sciences et des Lettres de Bordeaux. Ces centres sont transformés en Unités d’enseignement et de recherche, puis réunis en Centre universitaire des Antilles et de la Guyane en 1970 : l’enseignement supérieur de ces DOM accède à une autonomie financière et administrative. Mais il dépend toujours de la métropole : n’étant pas majeur pédagogiquement, ce centre universitaire doit signer des conventions avec des universités métropolitaines.

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[1Au départ, un grand imbroglio de par la variété de ses revendications (restauration et logements universitaires, postes de professeurs supplémentaires, transports adaptés, démission de l’équipe dirigeante du pôle guyanais, ouverture d’une licence professionnelle de protection de l’environnement)